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Système Arcadie, Secteur spatial de l'Impérium

Le Bossu - Chapitre 1

16 Octobre 2014 , Rédigé par Droopy Publié dans #Le Bossu - Nouvelle

Chap 1 - Remontée de bretelle

2 siècles plus tard - Flotte arcadienne - Frégate « Aurore »

Le capitaine de vaisseau Paul Feval considère les deux hommes devant lui. Il a franchement autre chose à faire que de ce s’occuper de ces deux gamins ! Son vaisseau, la corvette Aurore, patrouille actuellement dans un système contrôlé par les orks. Il devrait être à la passerelle au lieu de présider ce conseil de discipline. Ce dernier à été convoqué sur la demande de l’officier Energie-propulsion. Une demande motivée par une rancœur tenace, admet silencieusement le Lieutenant de vaisseau Feval. Il doit statuer sur les punitions à donner à deux de ses officiers mariniers. Ce sont les deux jeunes hommes qui se tiennent devant lui au garde-à-vous. Les conséquences disciplinaires pour eux seront légères. Mais, les implications sur la carrière des deux hommes seront particulièrement importantes. Ils risquent d’être bloqués à leur grade actuel pendant de nombreuses années. Bloquant ainsi toute possibilité d’évolution. En silence, le commandant de l’Aurore commence son inspection par le plus ancien en matricule. Le second maître le Tellier est un excellent élément. Artilleur bien noté et efficace, il finira par faire un excellent officier marinier supérieur. Du moins s’il perd son goût prononcé pour le bricolage. L’alambic qu’il a construit en cachette a fuit ; provoquant plusieurs courts circuits dans une des batteries d’arme du vaisseau. Le patron du pont, responsable de la discipline à bord, et lui-même, le commandant de la corvette, auraient bien fermé les yeux. La faute n’est pas si importante. Même si les dégâts se sont révélé plus importants que prévus initialement. L’officier énergie et propulsion, le Lieutenant de Frégate Maures a monté en épingle cet incident. Pour celui ci, c’était une occasion en or ; Il déteste le second prévenu. Le regard du commandant passe au second homme. Le second maître admissible Lagardère. Moins petit que Le Tellier, Lagardère n’est guère imposant. Pourtant, il a de nombreuses qualités intellectuelles. Féval, ne peut s’empêcher de relire son dossier. Diplômé de l’enseignement supérieur en technologie de calcul de communication et l’information, puis engagé volontaire dans la marine arcadienne. Bien noté durant l’ensemble de ses formations. Il pourrait prétendre à postuler à des postes d’officier technique. Il semblait promis à une évolution rapide... En fait, le Lieutenant de vaisseau Féval n’arrive pas à cerner ce personnage. Ce qui l’agace. Le service à bord de l’Aurore du second maître admissible Lagardère est correct. Si ce dernier n’avait pas la manie de reprendre ses supérieurs, il serait même parfait. Le fait que dans la majorité des cas ce soit Lagardère qui ait raison n’entre pas en ligne de compte. La discipline à bord d’un vaisseau arcadien est indispensable. Parfois inhumaine, elle ne peut être remise en cause sur un bâtiment de combat. L’officier énergie Maures a conçu une haine implacable envers le second maître admissible lorsque ce dernier l’a remit à sa place lors d’un exercice. Maures souhaitait stopper l’alimentation des calculateurs de navigation pour faire un exercice incendie. Si d’un point de vu technique, remettre les calculateurs en fonction est facile, d’un point de vue opérationnel, cela aurait été une catastrophe : l’Aurore aurait perdu ses points de références en zone adverse. Intérieurement, Féval convient que Lagardère a eu raison. L’Aurore aurait été obligé de s’arrêter en pleine zone adverse pour recalculer sa position. Cela aurait été désastreux pour son vaisseau. Mais, s’il avait raison, le sous officier n’a guère pris de gant pour faire annuler les ordres de l’officier. Ce qui a remit en cause son autorité et surtout l’égo de son officier technique. Lors de l’affaire de « l’alambique », Lagardère a tenté de couvrir Le Tellier. Un geste que n’attendait pas visiblement pas Féval. Au contraire, il aurait du dénoncer son camarade. Du moins selon le strict code de discipline. Un point douteux entre une réalité juridique et les besoins de cohésion indispensable dans l’équipage d’un vaisseau de guerre, surtout lorsqu’il est en mission de combat. Mais, averti, l’officier énergie a sauté sur l’occasion pour se venger. C’est pourquoi, Lagardère se trouve avec son camarade en conseil de discipline devant lui.

Quelque soit la raison, la discipline et la hiérarchie doivent être maintenues. Ce conseil de discipline est injuste, mais indispensable. Plus que cette situation pénible, ce qui gène le commandant de l’Aurore est l’attitude générale de Lagardère. C’est comme s’il n’était pas réellement ici, à bord. S’il ne se plaint pas, il ne brille pas par son enthousiasme. Il obéit sans hésiter, mais ne prend pas d’initiatives. Il ne se mêle pas à l’équipage et reste a part au mess. Mais, il n’hésite pas à venir en aide à l’un d’eux. C’est comme si Lagardère attendait. Attendait quoi ? Pour le Capitaine de Vaisseau Féval, Lagardère reste une énigme. Si il avait des prétentions littéraires, il pourrait même écrire un roman sur ce dernier.

Le Capitaine de Vaisseau Féval se reprend. La commission de discipline se tait, tout le monde l’attend. Le commandant Féval donne un signal au patron du pont qui se met à énumérer les chefs d’inculpation.

« Utilisation prohibée du matériel de la marine... » Féval essai de ne pas sourire, faire un alambic est presque une tradition pour les navires en patrouille en territoire ennemi. Mais par manque de chance, l’un des joints détourné par Le Tellier s’est révélé poreux. D’où cette fuite Tous les joints du lot de pièce de rechange se sont révélés défectueux. Quelque part, c’est presque une chance pour l’Aurore d’avoir détecté ce défaut. La pièce aurait put provoquer une en panne lors d’un combat avec des conséquences plus autrement plus importantes. Ces joints servent à garantir l’étanchéité du système de refroidissement des canons lasers du vaisseau. L’Aurore aurait put se trouver sans armement après quelques tirs. Rien qu’à cette hypothèse, Féval est terrifié. Le patron du pont continue sa litanie

« ...et enfin mensonge, désobéissance et manque de respect à un officier supérieur pour le second maître admissible Lagardère » Le commandant Féval est désolé. L’officier énergie et propulsion a pris Lagardère en grippe dès le premier exercice incendie lors de son arrivée à bord. Là, il se venge d’une offense imaginaire. Mais la discipline restant la discipline, Paul Féval, n’a pas plus de choix que le moins gradé de ses matelots. Il doit rendre son verdict. Il donne l’ordre du garde à vous.

« Pour l’ensemble des charges retenues, je donne 30 jours fermes. En dehors des quarts, des alertes et des instructions, les prévenus seront consignés en zone F, dans le hangar à navette. Le patron du pont fera préparer une zone de détention. Leur notation annuelle prendra en compte cet incident. La sanction sera consignée dans leur dossier. Rompez ! »

Les deux jeunes hommes se mettent au garde-à-vous et sortent du carré, escorté du patron du pont. Ils sont soulagés ; c’est la peine la moins lourde possible. L’officier énergie et propulsion est lui fou de rage. Ce dernier fixe avec rage le commandant du vaisseau.

« Gardez tout commentaire pour vous, Lieutenant de frégate Maures. Et estimez-vous heureux que cela se passe de cette façon. »

L’officier se contrôle avec difficulté et sort en silence du carré. Il est visiblement furieux. Le commandant de l’Aurore espérait calmer la situation en punissant les sous officiers. Il semble qu’il se soit trompé. Féval ne peut s’empêcher de penser qu’il vient de sacrifier deux bons éléments au profit d’un mauvais. Malheureusement, l’officier qui vient de sortir est le fils d’un dirigeant arcadien influent... et il ne pourrait être débarqué sans que l’amirauté lui demande des explications.

« Commandant !!! Nous détection une patrouille d’escorteur en limite de détection ! » La réalité se rappelle à lui de manière brutale. Féval oublie immédiatement la commission pour reprendre le commandement de son vaisseau.

« Restez en dehors de l’enveloppe de détection probable des vaisseaux adverses. Diminuer la propulsion à 25%. Et cessez tous senseurs actifs. J’arrive au CO »

« Vous vous en sortez bien les gars !!! » Le patron du pont est un sous officier particulièrement expérimenté. Son ancienneté et son rôle lui donnent un pouvoir informel réel à bord. Normalement, il ne devrait plus adresser la parole aux deux punis. Sauf pour leur donner des ordres, bien sur. Mais, s’il n’apprécie pas plus que cela Lagardère, il a un faible pour Le Tellier. Et puis quoiqu’en disent l’officier énergie, ces gamins ont sauvé son vaisseau. S’ils n’avaient pas détecté la panne... L’officier du pont a déjà participé à des batailles. Mais se retrouver dans un combat privé d’armement est une situation qui ‘horrifie.

« Pfff ! Patron, si ce « chauve » n’avait pas prit en grippe notre bleu-bite ; on aurait même put être félicité. » Le patron du pont sait que Le Tellier à raison. Le bleu bite, c’est Lagardère. L’Aurore est sa première affectation navigante. Les écoles ne comptent pas vraiment. Le patron du pont reprend.

« Je suis d’accord avec lui. Bleu bite, c’était sympa de part. Mais, c’est à cause de toi si Le Tellier est sur la « peau de bouc ». Ton insolence s’est retournée contre toi et aussi contre Le Telllier» Lagardère serre les dents. C’est bien ce qu’il craignait. Son geste s’est retourné contre lui. En fait, il l’a fait sans réfléchir, sans calcul. Tout comme il avait envoyé bouler l’officier énergie et propulsion la première fois. Cela lui semblait naturel, normal. Sa timidité, s’est retournée contre lui. Et maintenant, tout l’équipage va considérer qu’il est responsable pour Le Tellier. Décidemment cette patrouille va être particulièrement longue... Presque machinalement, il repense à la peau de bouc. C’est une expression particulièrement ancienne. Le langage utilisé provient de la « Nouvelle France ». La région d’Arcadie où il est né. Sa signification originelle est perdue depuis des millénaires. Mais sa signification dans le langage de la marine spatiale arcadienne correspond aux cahiers où sont notées les punitions...

« C’est pas la faute du bleu bite pour la remontée de bretelle patron. Et vous le savez bien ! » Le Tellier prend la défense de Lagardère.

« Pas d’accord. « L’électricien-pousseur » est un sale mec. C’est certain ! Mais si notre bleu bite avait pris la précaution d’y mettre les formes lorsqu’il l’a stoppé lors de cet exercice. Ce chauve ne serait pas en train d’essayer de le croquer ! » Répond le patron. Lagardère continue de penser aux expressions marines : Chauve, l’appelation d’un officier. Les casquettes finissent par rendre chauve ceux qui les portent. Donc, les officiers portant des casquettes sont des « chauves ». Une légende tenace et fausse car les sous officier de la marine arcadienne portent également des casquettes. « L’électricien-pousseur », un terme fleuri pour désigner l’officier responsable de la production d’énergie et de la propulsion... Un terme à peine poli pour désigner le Lieutenant de frégate Maures. Lagardère est résigné et dégouté à la fois. Se concentrer sur de tels propos lui offre un dérivatif à peine suffisant.

« Bleu bite, tu es là ? » Demande le patron, vaguement inquiet.

« Oui patron » Répond Lagardère qui le regarde alors droit dans les yeux.

« Baisse ton regard. Je ne suis pas ton ennemi. » Lagardère rougit. Il lui semble qu’il a perdu tout contrôle. En fait, il ne sait pas comment se comporter. Et il n’aura guère le temps d’apprendre.

« Bleu bite, tu es un sale con. Mais je dois avouer que tu sais te contrôler de façon exemplaire dans la merde. Pour moi, tu es suffisamment arrogant pour faire un officier. Parce que même si tu connais parfaitement ton boulot, tu feras toujours un très mauvais officier marinier » Lagardère est surpris. Le patron du pont est un ancien. Si son jugement est sévère, il reflète aussi des vérités profondes. Il ferait un mauvais officier marinier, mais un bon officier ??? Il ne comprend pas. Mais Lagardère garde ses questions pour lui. Il a déjà suffisamment de problèmes. Le patron le considère encore. Puis, il s’adresse à Le Tellier. « Ton quart va bientôt commencer. Va à ton poste. » Le Tellier acquiesce. Après un dernier regard à Lagardère, il part vers sa batterie. Le patron se retourne vers Lagardère.

« Toi, tu va préparer la soute. Le fourrier du bord va te délivrer des couchages et tout ce dont vous avez besoin. J’espère que cela va s’arranger pour toi, gamin » Lagardère fixe avec attention le patron du pont « Gamin ? » Il le croyait hostile. Il a néanmoins la sagesse d’attendre en silence. Le patron satisfait reprend.

« Pour les hommes du pont, cela se passera bien. Pour les machines, tu es maintenant une cible. Fait bien attention lors des exercices sécurités. Tu va en prendre plein la tronche. Tu comprends ce que j’essaye de te dire gamin ? » Lagardère hoche la tête en avalant sa salive. Dans un vaisseau, l’équipage est en réalité scindé en deux parties. Le pont rassemble les navigateurs, les transmissions, les servant d’armes et ceux qui servent à la maintenance du matériel dédié à la navigation et au combat. La machine rassemble tous les mécaniciens. La rivalité entre les deux groupes est réelle, mais reste amicale au sein d’un vaisseau. Il arrive que celle ci dégénère en hostilité. Une telle chose est terrible dans un navire. L’électricien pousseur a fait de lui un bouc émissaire. Lui, Lagardère, va subir la pression des hommes de la machine. Cette pression va se manifester lors des exercices quotidiens d’incendie et dépression atmosphérique. Car ce sont les hommes de la machines qui dirigent de tels exercices. Et dire qu’il se croyait dans les ennuis jusqu’au cou...

Le patron du pont le fixe. Satisfait de la réaction du puni, il lui ouvre l’accès au hangar navette. En passant Lagardère ouvre enfin la bouche.

« Merci patron » Lagardère est entré dans le hangar. Le patron du pont ferme la porte. Il est navré pour le bleu bite

« Qui a dit que la vie était juste ? » Se dit il. Fataliste, il reprend le chemin du CO ; il a du travail à faire.

Lagardère termine de faire les couchages. Il y jette un dernier coup d’œil. Ils sont correctement et surtout réglementairement installés. Il a réussi à trouver un espace à l’écart de la navette, du sas et des zones de stockage et d’approvisionnements. Leurs sacs de marin serviront d’armoires le temps de la punition. La porte du hangar s’ouvre. « L’électricien-pousseur » entre, suivit des responsables sécurités du bord. Ils inspectent en silence le couchage organisé par Lagardère. Le chauve à un sourire qui fait froid dans le dos à l’officier marinier. Ce dernier a compris que son calvaire ne fait que commencer. Résigné, il s’attend à un coup de pied dans le couchage suivit de l’ordre de le refaire. Un jeu qui peut durer longtemps.

« Vous allez trouver un autre endroit que celui ci. Cette zone est dangereuse et gênerait la sécurité en cas dommage » Cela commence. Le puni se doutait bien qu’il serait obligé de refaire les couchages. Mais, à la grande surprise de Lagardère, le chauve arrête de considérer le couchage.

« Je ne suis pas là pour cela. Malgré nos différents, j’estime que vous êtes quelqu’un de valeur » L’officier se tait. Lagardère considère l’officier avec stupeur. Il ne s’attendait à beaucoup de chose, mais surement pas à cela. Au bout d’un moment il comprend que l’officier attend sa réponse.

« Merci, capitaine »

« C’est vrai. Devant votre potentiel, je vous ai choisit pour que vous testiez une nouvelle procédure de formation à bord. Chaque section sous mes ordres vous formera sur votre temps libre. Vous étudierez le travail et aux procédures de chaque sections de la « machine ». Les connaissances que vous allez ainsi acquérir vous seront utiles tout au long de votre carrière. Qui sait, elles vous serviront peut être à postuler pour passer le concours officier » Lagardère pâlit. Ce qui est présenté comme une offre avantageuse est en fait un piège. Entre ses quarts, les exercices et les alertes. Il a déjà peut de temps pour se reposer. Mais, les cours supplémentaires vont non seulement réduire à néant ses heures de repos, mais vont le faire haïr du reste de la « machine » qui a autre chose à faire que de former dans l’urgence un bleu bite. Pire, cette formation qu’il va recevoir va l’empêcher de préparer le fameux concours officier. Elle est essentiellement pratique alors que le concours porte sur des matières théoriques extrêmement pointues. Lagardère serre les dents. S’il voulait le dégouter, l’électricien pousseur ne s’y prendrait pas autrement. Rageusement Lagardère parvient à formuler un remerciement.

« Merci capitaine » L’officier est visiblement ravi. Lagardère prend alors conscience, qu’en dehors de ses propres quarts, Maures à réussi à le placer sous son autorité. Même lorsque la période de consigne sera achevée, sa punition continuera de fait. La patrouille de L’Aurore va être interminable...

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