1891
L’officier de cavalerie Giovanni Agneli milite pour la création d’une véritable arme blindée Italienne. Avec l’aval de sa hiérarchie, il tente de regrouper autour de ce projet plusieurs industriels italiens. Après plusieurs échecs, il finit par vendre ses terrains argicole et fonder avec plusieurs aristocrates passionnés de mécanique la Fabbrica Italiana Automobili Torino (FIAT) à Turin. Le premier véhicule est un Tricyle de reconnaissance à vapeur. Si l’engin est refusé par l’armée italienne, il est acheté par de nombreux aristocrates italiens qui soutiennent ce projet. Ce succès commercial permet de lancer l’entreprise qui étudie alors des projets plus ambitieux.
L’alliance franco-russe est signée lors de la visite de la flotte française à Kronstadt. L’Angleterre l’apprend rapidement, elle commence alors à se rapprocher de l’Allemagne et de l’Autriche Hongrie qui sont informés de la nouvelle situation géopolitique. Albert Von Schlieffen devient chef de l’État-major en Allemagne, il élabore un plan d’attaque pour écraser la France en six semaines en passant par la Belgique avant de se retourner contre la Russie. L’Angleterre, garante de la neutralité belge est informée par les Allemands. D’abord hésitants, les Anglais finissent par imposer à la Belgique un accord secret de libre-passage pour les forces allemandes en cas de conflit avec la France. N’ayant pas le choix, le roi Belge accepte de signer, mais transmet secrètement une copie des accords à l’ambassadeur français.
Le gouvernement Français décide garder le secret sur cette information. Au contraire, la plus grande publicité est faite autour du plan « XVII », qui vise à la reconquête de l’Alsace et de la Lorraine. A la plus grande satisfaction de l’Etat Major Allemand.
Pour contrer le plan Schlieffen, l’Etat Major français décide de d’organiser une force de combat autour de la place forte de Sedan et des forces de cuirassés terrestre qui se constituent. Pour justifier les implantations militaires dans les Ardennes, des régiments, officiellement destinés aux hommes punis, y sont installés. Ces régiments pénitentiaires serviront à former, endurcir et entraîner les hommes les plus prometteurs. Ce personnel fera les meilleurs sous-officiers de l’armée française. Cette force disciplinaire, permet à l’armée française de disposer d’un personnel technique militaire très entraîné car l’ensemble des nouveaux matériels qui sortent des laboratoires y est alors testés.
Malgré son succès technique, mais aussi commercial, le Transsibérien utilisé par les Russes n’a pas la capacité de transport désiré par les autorités russes. Le coût de transport par tonne est beaucoup plus élevé avec le Transsibérien qu’avec un train classique. De nouvelles négociations entre l’empire russe, la république française et Schneider permettent de résoudre ce problème. Les russes gardent les transsibériens civils déjà livrés. Ils les utiliseront sur des liaisons secondaires en Sibérie. Une voie ferrée sera lancée sur les trajets déjà utilisés par l’actuel Transsibérien en utilisant des rails et des trains fabriqués par Schneider France. Les Transsibériens civils non encore livrés seront livrés à la France pour desservir la ligne du Transsaharien. Les Russes ne paieront pas ces engins. Par contre pour financer les nouveaux travaux, une société franco-russe sera créée à la Bourse Française. De nouveaux emprunts, garantis par le Tsar et la République Française seront émis. Le coût sera ainsi transparent pour l’Empire Russe. Tout cela concoure à injecter une nouvelle fois dans l’économie française l’argent des rentiers. L’économie française est encore stimulée et les entreprises se modernisent pour faire face aux nouvelles commandes. Elles n’entrent pas encore en concurrence avec les industries anglaises et allemandes. Mais les entreprises de ces deux pays voient d’un mauvais œil, la montée en puissance des Français.
La France annexe les confins algéro-marocains. Cela provoque une violente réaction en Grande-Bretagne. La brouille entre les deux nations devient de plus en vive. Sur l’ordre du gouvernement britannique, la royal navy commence à monter des opérations de « contrôle » sur navires faisait escales dans les ports français d’Afrique du Nord. Pendant que le gouvernement français proteste, l’escadre de Toulon sort pour protéger les routes maritimes françaises. Les diplomates français et anglais parviennent de justesse à un accord avant que les deux flottes se rencontrent. Dans les deux pays l'opinion publique prend conscience d'un risque de guerre en Europe.
Les campagnes de diffamation anglaises dans la presse Ottomane finissent par provoquer le rejet de tous les occidentaux. L’opinion publique est sensible aux revendications du clergé Chiites qui s’oppose à l’influence européenne. La porte est obligée de créer des contingents de cavalerie kurde pour le maintien de l’ordre en Anatolie. Les tensions entre les kurdes et les Arméniens qui passent pour des Européens vis-à-vis de la population vont en augmentant. De nombreux arméniens vendent leurs possessions et vont se réfugier dans les enclaves françaises. La Marine Nationale française détourne l’escadre de Toulon et monte une opération pour transférer les réfugiés en Algérie ou en dans le sud de la France. Les anglais perdent leur monopole sur le tabac dans l’Empire Ottoman. La Royal Navy est obligée de renforcer ses bases en Egypte et autour du canal de Suez. Les risques de coupure des liaisons entre les îles anglaises et l’Inde deviennent prioritaires. Les risques d’affrontement entre la Royal Navy et la Marine Nationale deviennent négligeables. Toutefois, les populations des deux pays ont été grandement échauffées.
Les essais à la mer du croiseur léger « Ville de Paris » commencent. Le programme de croiseur est un enjeu capital pour la marine nationale, car le renouvellement de la flotte est entièrement basé sur ces navires. Trois autres navires de ce type sont déjà à divers stades de construction et la construction d’un croiseur de 3500 t dérivé de ce type est lancée. La Marine Nationale s’inspire des modes de production britannique pour se doter de navires de combat tout en limitant les coûts. Mais si le « Paris » rate ses essais à la mer, le rééquipement de la flotte française serait compromis.
Dans le même temps, l’artillerie des navires anciens est modifiée lors des périodes d'entretien. Les anciens canons et leurs réserves de munitions sont mis en réserve. Durant ces travaux, les chaufferies à charbon sont remplacées par des chaufferies au pétrole raffiné sur les navires les plus récents. Ces modifications améliorent considérablement l’autonomie des navires français. Les États Majors navals Anglais et Allemands demandent l’étude de mesures semblables. Leurs gouvernements refusent car leurs réserves en charbon sont considérables alors qu’elle n’ont pas de ressources pétrolières. Par contre l’Italie, l’Autriche Hongrie et les USA commencent à étudier des chaufferies au pétrole pour leurs navires militaires. La Russie et la Grèce, qui commandent des navires aux chantiers français ne transforment pas leur ancienne flotte. Toutefois, les arsenaux français fournissent une aide technique pour transformer les ports militaires afin de les doter de réserves de pétrole. Si les Russes bénéficient du pétrole Ukrainien, les Grecs sont fournis en pétrole français provenant des enclaves du Levant. Ce pétrole et ces modifications sont fournies à bas prix contre la possibilité pour la marine nationale française de les utiliser lors d'escales. L’agitation dans l’Empire Ottoman a provoqué de vives inquiétudes en Grèce qui ne souhaite pas en subir le contre coup. L'ensemble de ces mesures permet de soutenir militairement les implantations françaises du Levant.
Octave Chanute ingénieur français naturalisé américain publie une série d’article sur l’aviation dans le ‘Railroad and Engineering Journal’. Ses articles lui valent une renommée mondiale et inspirent plusieurs modifications à Clément. Les versions modifiées du Clément Bayard améliorent considérablement leurs performances grâce à ces modifications.
L’armée commande alors deux prototypes. Un, rapide et maniable, est destiné à l’attaque de Zeppelins. L’autre doit privilégier l’autonomie et la capacité d’emport pour assurer des missions de reconnaissance et de bombardement.
Essais par l’armée britannique de la mitrailleuse « Maxim ». inventé par l’Américain Maxim (également inventeur du piège à souris), cette arme est fabriquée par Vickers. Elle donne à l’infanterie du Royaume-Uni une puissance de feu considérable. C’est une arme simple, robuste, mobile et relativement peu coûteuse. Le canon mitrailleur français, malgré sa puissance de feu supérieure n’a pas les qualités de cette nouvelle arme.
La marine Impériale allemande adopte à son tour la « Maxim » sous le nom de MG99. Elle est suivie par les armées Impériales Allemandes et Russes. L’adoption de la Maxim par les Russes est un rude coup pour les industriels français.
L’Etat Major français est lui aussi intéressé par la mitrailleuse « Maxim ». Mais, il est hors de question de se doter d’un matériel utilisé par les Anglais et les Allemands. De plus les industriels ont déjà investi dans l’outillage nécessaire pour produire les canons mitrailleurs pour l’armée française. Annuler les commandes risquerait de porter un coup fatal à un secteur économique en pleine expansion. Les commandes de canon mitrailleur sont donc étalées dans le temps pour maintenir les chaînes de production française. Pour rentabiliser l’outillage mis en place pour les canons de 8mm, on décide de mettre en fabrication des canons mitrailleur d’un calibre plus important. L’augmentation de calibre apportera en plus de la puissance de feu, une portée accrue pour contrebalancer la mobilité des mitrailleuses Maxim.
Pour doter l’infanterie française d’une puissance de feu mobile comparable. L’étude d’une mitrailleuse d’infanterie utilisant la cartouche de 8mm est lancée. L’armée française doit s’en équiper si elle veut prendre l’offensive contre les armées allemandes, quitte à produire une version « française » de la Maxim. Dans toutes les armées, de nombreux officiers prennent conscience de la puissance d’arrêt des nouvelles armes automatiques. Le besoin de protection de l’infanterie devient primordial. Lors des exercices qui ont lieu régulièrement dans toutes les armées, des officiers font creuser des tranchées pour abriter leur personnel du feu adverse.
S’inspirant de la transmission de Krebs utilisés par Schneider, la société Panhard et Levassor met au point un véhicule à quatre roues motrices. Le poids du nouveau véhicule est tel, que les moteurs à explosions, trop peu puissants et finalement peu fiables, sont abandonnés au profit d’un moteur à vapeur utilisant le pétrole raffiné. Un choix technique qui permet alors de blinder réellement le « PanPan » tout en lui assurant une réelle mobilité. Le capitaine Estienne définit plusieurs versions de cet engin chacune pouvant assurer des missions complémentaires. Les tests démontrent que si les « PanPan » sont moins puissants que les cuirassés terrestres, ils sont surtout plus faciles à mettre en œuvre, plus polyvalents, mobiles et surtout considérablement moins cher.s Les versions diu « Panpan » proposées par le capitaine Estienne sont examinées avec soin par l’Etat-Major de l’armée de terre. Mais seul le « Panpan » équipé d’un canon mitrailleur de 25mm actuellement à l’étude est retenue. En attendant, la mise au point de cette arme, les « PanPan » seront armés de canons revolver de 37mm ou de canons mitrailleurs de 8mm. Les premières dotations sont pour la Cavalerie de la zone militaire nord. Ces sections ont pour mission d’utiliser leur mobilité pour contrer tout débarquement anglais dans le nord de la France ou de soutenir les cuirassés terrestres lors d'incursions allemandes passant à travers la Belgique.
La dotation de la marine nationale en dirigeable semi-rigide de type « France » commence. Ce sont des engins dotés uniquement armés de bombes, de bombes planantes ou de mines. Malgré l'armement disponible, leur principale mission reste la reconnaissance. Pour cela, ils peuvent être dotés de poste de télégraphie sans fil. Pour garder cet équipement secret, ils ne sont pas encore montés à bord, et les opérateurs restent au sol, au secret.
Mais si les postes mobiles qui sont installés dans des versions spécialisées dans une version spécialisée des cuirassés terrestres, il apparaît rapidement qu’il est nécessaire de disposer d’un réseau de télégraphie fixe. Un tel réseau disposerait d'émetteurs à plus haut débit et à plus forte puissance pour compléter les rares postes de télégraphie sans fils mobiles. Il faut trouver le moyen d’envoyer et de recevoir plusieurs messages en même temps. C’est Branly qui utilisant les travaux de Hertz trouve la solution. Il réalise des postes de télégraphie à fréquence réglables et résous ainsi le problème. Ce système est également installé sur les systèmes de télégraphie classique. Sur une onde ou un fil conducteur, circule plusieurs messages simultanément, chacun ayant sa propre fréquence.
La constitution d’un réseau de télégraphie à fort débit est approuvé dans toute la France. Son financement et son fonctionnement sera civil. Toutefois, le fonctionnement sera assuré par l’administration des postes. Ce qui permettra de mobiliser les communications au profit de l’armée françaises. Les besoins en électricité de la télégraphie et de la télégraphie sans fil impliquent la constitution de réseaux électrique dans les principales villes de France. Y compris à Paris, l’abandon de l’éclairage à Gaz sera l’occasion d’un conflit juridique d’autant plus long, que les autorités françaises gardent secrètes les raisons réelles de cette politique énergétique.
Le LZ1, premier dirigeable rigide au monde fait son premier vol. Long de 128m et doté de 2 moteurs de 14 chevaux vapeur, il prend son envol depuis le hall flottant où il a été assemblé. Malgré un amerrissage forcé, le vol est un succès qui valide les idées du comte. Satisfaites la Marine et l’Armée impériale commandent une version améliorée : le LZ2.
Une fois le LZ1 réparé, un équipage militaire opérationnel est constitué. Il fournira le noyau opérationnel de la flotte aérienne allemande. Le LZ1 devient un aéronef d'entrainement.
Les britanniques lance un programme de dirigeable inspiré de leur « Percival » souple. Malgré les discours officiel, c’est un échec pour la marine anglaise. Les dirigeables souples ne semblent pas adaptés à un usage militaire et ses contraintes. Les anglais se tournent vers l’Allemagne et LZ pour constituer leur flotte aérienne.
Les Systèmes mécanographiques Peugeot sont achetés par les forces de police allemandes et Austro Hongroises. Elles sont suivies de près par de nombreuses entreprises, Wendel en particulier. En France, on prend conscience que l’augmentation du nombre de systèmes d’information mécanographiques (bancaire, industriel, universitaire et administratifs) risque de saturer le réseau télégraphique existant. Les modernisations en cours ne peuvent pas suffirent. Des protocoles d’utilisations et des normes de transfert d’informations sont édités. En parallèle, les autorités prennent conscience de l’importance de ces communications et de la nécessité de sécuriser celles-ci. Le Ministère des Postes et Télégraphes créé une division spéciale pour assurer cette mission. Les besoins en personnels formés dépassent les ressources humaines de la société Peugeot et de l’administration. La décision de fonder un centre universitaire spécialisé apparaît. Les nombreuses écoles supérieures parisiennes se battent alors pour assurer cette nouvelle mission et bloquent le projet.
L'Allemagne et l'Angleterre font pression auprès de tous les pays et en particulier de l'Italie pour que cesse leur participation au centre diplomatique international de Paris. Toutefois, les premiers accords signés sont de réels succès. Ils permettent la mise en place d'échanges commerciaux trop profitables pour être annulés. Mais le pire est à venir, l'Autriche-Hongrie envoie une délégation commune avec l'Italie à Paris. Pour l'Allemagne, c'est un choc durement ressenti. Les tensions qui apparaissent entre le Kaiser et l'Empereur François-Joseph sont telles que la Triple Alliance semble sur le point d'exploser.