Portrait-robot de l’informatique Steam Punk
Il y a peu de temps, on m'a reparlé des débuts l'informatique. Leur acte de naissance date d'après la seconde guerre mondiale. Ce qui est réel. Mais déjà, avant la première guerre mondiale, en pleine ère "Steam Punk", ont voit apparaître des prémices de cette technologie.
Baddage et Lovace ont été des précurseurs en matière d’informatique. Les ordinateurs mécaniques, voire électromécaniques sont techniquement possibles. Un prototype de la machine de Baddage a réellement fonctionné. De la même manière, des calculateurs de tir électromécaniques ont été utilisé par la marine allemande lors de la seconde guerre mondiale. Une informatique « Steam punk » est donc possible, mais elle peut évoluer avec des raffinements technologiques importants même à long terme.
Mais au-delà de la possibilité de produire une informatique fonctionnelle, que pourrait-on en faire ? Un traitement mécanique de l’information sera limité par les caractéristiques mécaniques de ses composants. La caractéristique la plus problématique étant sans doute l’inertie. Cette caractéristique liant fortement le temps de traitement d’une information au nombre d’opérations que subit cette information. Des systèmes massivement parallèles peuvent améliorer les délais pour les opérations les plus lourdes comme l’exploitation d’un recensement de population. Mais une limitation apparaîtrait rapidement avec la taille et la… fiabilité d’ordinateurs mécaniques utilisant des milliers de composants. Une autre évolution consiste à répartir les traitements informatiques sur plusieurs sites. Cette proposition est sous-jacente dans l’excellente Uchronie « 1899 » que j'ai créée il y a plusieurs années (Si je ne me fais pas compliments, qui m’en fera ?). Les liaisons entre les sites étant assurées par les liaisons télégraphiques.
Ces dernières n’ont pas un débit extraordinaire. Mais le morse est déjà en soit un codage de l’information élémentaire. De là à l’utiliser pour remplir des données et des programmes, il n’y a qu’un pas à franchir… qui a été utilisé par les états juste avant le XXe siècle dans le cadre des opérations de recensement de population.
L’informatique « Steam punk » aurait donc été composée de gros centre de traitements de données. Ces centres de traitements pourraient être reliés entre eux par des liaisons télégraphiques. Si ces centres sont capables de traiter énormément de données, le délai de traitement l’est tout autant. A bien des égards l’informatique « Steam punk » ressemble à l’informatique qui a suivi la seconde guerre mondiale.
Cette informatique est principalement utilisée par les administrations et les banques. Les besoins en capacité de calcul pour les industriels, les universitaires et les militaires ne sont pas forcément évident à une ère « Steam punk ». Tout d’abord, des ordinateurs mécaniques, voire électromécaniques, couteraient extrêmement cher. Mais surtout les calculatrices historiques existantes à la fin du XIXe siècle semblent suffirent à satisfaire les besoins. Le personnel pour utiliser ces machines, utiliser les résultats serait très nombreux… mais la main d’oeuvre ne coûte pas cher à l’époque. Toutefois, dans un contexte uchronique, la majorité des besoins en calcul des militaires et des industriels pourraient être assurés par des machines plus spécialisés et mis chères : les calculateurs.
Un calculateur est un système de traitement de données spécialisé qui ne peut pas être reprogrammé. Il a été conçu pour un traitement précis, qui peut être particulièrement complexe, il ne peut faire autre chose, même d’approchant. Par exemple un calculateur de tir pour des canons de 305mm peuvent prévoir automatiquement l’angle de tir selon la distance de la cible, voire commander directement à des effecteurs l’inclinaison de cette pièce. Mais ils ne peuvent rien faire d’autre. Même avec une pièce de 294mm (305 et 294 sont des calibres utilisés par de nombreuses marines au début du XXe siècle), le calculateur ne servirait à rien.
Malgré cette spécialisation à outrance, les calculateurs sont séduisants à plus d’un titre. Tout d’abord, ils sont très simples à utiliser. On entre les données initiales, on lance la procédure de traitement et on reçoit les données finales, où c’est même le calculateur qui assume la fonction finale. Cette simplicité permet l’utilisation compatible avec le niveau de compétence technique de la majorité des personnels de l’époque. L’autre grand avantage des calculateurs est leur taille. Comparativement aux ordinateurs mécaniques, qui prennent la place d’une ou deux pièces. Les calculateurs prennent la place d’un meuble. Un point primordial pour les marines qui vont en équiper tous leurs navires au cours du XXe siècle. Mais ce qui explique le considérable développement des calculateurs, dans un univers « Steam punk » comme dans l’histoire réelle, c’est le coût individuel de tels dispositifs. Certes, il faut développer et produire unitairement chaque calculateur en fonction de son utilisation précise. Mais les fonctions assurées par les calculateurs se regroupent en familles suffisamment nombreuses pour qu’à partir d’un modèle initial, on puisse adapter et produire en fonction de chaque besoin. Il faut bien se rappeler qu’un univers « Steam punk » se déroule bien avant Ford et Taylor. L’industrie est encore très proche de l’artisanat. La production de calculateur correspond parfaitement aux capacités de recherches et de production mais aussi et surtout à la mentalité de l’époque.
Les premiers utilisateurs logiques, mais aussi historiques, des calculateurs sont les marins, les militaires. Pouvoir pointer rapidement, mais aussi avec la meilleure précision possible, apporte un avantage décisif dans un engagement naval. Très logiquement, les artilleurs vont utiliser des dispositifs portables. Les industriels qui équipent les militaires, peuvent rapidement équiper leurs outils de production, mais aussi leurs outils de développement (Contrôle qualité, tests métaux…). De là, les calculateurs devraient logiquement se répandre chez les autres acteurs économiques.
Dans la majorité des cas, les calculateurs ne remplacent pas les opérateurs humains. Par contre, ils simplifient considérablement leur travail tout en améliorant la précision et la vitesse d’exécution.