Retour d’expérience des mules robotiques dans l’armée française.

Dans un des articles de ce blog, j’explique pourquoi les robots militaires de type « mule » restent peu utilisés sur les champs de bataille. Ils permettent de soulager la charge des militaires et peuvent facilement être armés pour fournir une puissance de feux supplémentaire. Si on se tient à ce seul constat, on se demande pourquoi aucune armée n’en utilise de manière opérationnelle.

Le premier écueil est le coût de chaque machine. Avec une augmentation des zones de tensions y compris en Europe, les rares crédits disponibles servent d’abord à acheter munitions et armes.

Ensuite vient l’entretien de ces machines, il faut des techniciens, des pièces détachées et des zones de travail. Les techniciens disponibles ont été répartis dans les unités de combats électroniques et informatiques. Quand à la maintenance industrielle… elle n’est pas disponible sur le terrain. Et sur une zone de combat, il n’est tout simplement pas possible de distraire du personnel et des moyens pour un engin… qui est censé fournir une assistance.

La question de la logistique est au cœur des problèmes. La logistique coûte cher, n’a pas d’efficacité directe… mais elle est indispensable. Les événements en Ukraine le démontre. Si les robots de type « mule » offrent de réelles et nombreuses capacités. Elles en monopolisent d’autres qui sont rares. Les armements ont fait l’objet de trop nombreuses économies depuis les années 1990. Et les moyens les plus sacrifiés sont les moyens logistiques. Ce qui reste va d’abord servir aux moyens existant et non à des projets industriels.

Le dernier obstacle est l’énergie. Le matériel militaire actuel a des capacités incroyables. Mais cela se paye au niveau du poids, de l’encombrement et surtout des besoins énergétiques. Y ajouter des robots est tout simplement impossible pour les armées actuelles y compris les plus riches.

En 2021, le groupement tactique « Bison » a expérimenté des mules Robopex. Ces robots ont été expérimentés avant par les estoniens en soutien de la Barkhane. On s’attendait donc à un retour d’expérience plutôt positif... Ce qui n’est pas le cas.

En l’absence de publication de l’armée de Terre, le député François Cornut-Gentille a demandé un complément d’information. Les essais montrent que si les robots sont utiles sur le terrain, les besoins en moyen de transport supplémentaire, en énergie se révèlent un handicap majeur.

Pire : les temps de recharges indispensables sont des moments de grande vulnérabilité pour les robots, les hommes et ceux chargés de les soutenir. Et cela, personne ne l’avait anticipé.

Actuellement, les armées françaises investissent leurs rares crédits disponibles pour se fournir en moyens de combat moderne. Mais si actuellement, les robots se révèlent une gêne, ils offrent trop de potentiels pour les écarter définitivement. Ainsi, l’armée française a exigé que les futurs véhicules de combats puissent fournir de grandes quantités d’énergie électrique. Ce qui ferait de chaque véhicule un point de recharge pour les équipements … et les robots. Ensuite l’expérimentation a donné lieu à une série de recommandation pour faire évoluer les robots… et les moyens et doctrines de notre armée. Enfin, il faut signaler que les robots qui ont servi à cette expérimentation sont reversés à d’autres unités pour que les fantassins et les officiers se familiarisent avec cette technologie.