Percival Lowell, l’homme de Mars.

Camille-Flammarion n’est pas le seul à s’être trompé sur Mars. D’autres ont fait la même erreur et ont cru non seulement que la planète abritait une vie. Mais qu’en plus des civilisations techniquement avancées y vivaient. Parmi ceux ci, Percival Lowell est l’un des plus attachants. Passionné et enthousiasme, il va consacrer une grande partie de sa vie à cette chimère. Il va aussi travailler à la découverte d’une nouvelle planète dans notre système solaire… et échouer par pure malchance.

Percival Lowell voit le jour à Boston en 1955. C’est au départ un mathématicien qui va se révéler un redoutable homme d’affaires. Après avoir amassé une véritable fortune à 28 ans, il décide de passer à autre chose. Il lit et voyage. L’extrême orient l’attire. Il écrit plusieurs ouvrages sur ces pays… et devient conseiller et secrétaire aux affaires étrangères de la mission américaine en Corée !

Il lit plusieurs ouvrages de Camille-Flammarion. Les hypothèses sur Mars en particulier le passionnent. Il décide alors de consacrer sa vie à la planète Mars. Suivant l’exemple de Camille-Flammarion, il décide d’avoir son propre observatoire.

Il achète en 1894 un terrain en altitude à Flagstaff et fait construire son propre observatoire. Avec application et sérieux il observe Mars. Il repère le réseau de canaux extraterrestre et le dessine. Il va défendre obstinément la théorie selon laquelle les habitants de Mars ont construit un système d’irrigation à l’échelle planétaire pour irriguer la planète.

Si cela paraît idiot maintenant, il faut se rappeler que les observations à l’époque se font avec des lunettes moins précises. Ensuite, les appareils photos ne permettent pas encore de garder des traces. Les temps d’exposition et la différenciation angulaire sont incompatibles avec une observation astronomique. Tout se fait à la main avec des relevés et des dessins ! Pire, ce qu’observe Lowell, et les autres, ne sont jamais que des mirages provoqués par les turbulences atmosphériques… augmentés par la fatigue virtuelle. L’inexistence des canaux martiens sera prouvé par l’astronome français d’Eugène Antoniadi et le comte de la Baume Pluvinel en 1909.

Si Lowell découvre l'astéroïde « Arizona » le 9 avril 1907, l’affaire de Mars est un rude coup pour lui. Il a publié trois ouvrages sur Mars et ses canaux : Mars (1895), Mars and Its Canals (1906) et Mars As the Abode of Life (1908). Mais il avait aussi établi une carte de Vénus (1896)… avec des canaux identiques à ceux qu’il avait relevé sur Mars. Aussi, sa réputation est considérablement entachée à la fin de sa vie.

Ne s’avouant pas vaincu. Lowell décide de traquer la neuvième planète du système solaire. Il pense que les aberrations des orbites des planètes du système prouvent l’existence d’une autre planète dont il cherche à calculer l’orbite. C’est par ce même moyen que Leverrier avait trouvé la planète Neptune en 1846. Lowell a déjà rassemblé une équipe sur ce sujet dès 1905. Mais dès 1908, William Peckering annonce avoir trouvé cette fameuse planète X (qui sera plus tard nommé Pluton, avant de perdre le statut de planète au début du XXIe siècle). Dégoûté, Lowell abandonne l’astronomie et meurt. Il laisse son immense fortune pour entretenir son observatoire.

Lowell là encore joue de malchance. Ses calculs s’appuient sur les masses estimées de Neptune et d’Uranus… qui sont fausses à l’époque. Lorsqu’on aura une meilleure estimation des masses en 1930, on trouvera Pluton !

Autodidacte passionné, Percival Lowell ne va cesser de jouer de malchance. Son travail, acharné, n’aboutira jamais. Ses publications, un temps célèbres se révèlent faussent et son travail est ignoré. Pourtant, Percival Lowell va laisser une emprunte profonde dans la culture populaire. Ce sont ses écrits qui servent de références aux auteurs de science fiction moderne. H.G. Wells se sert des idées de Lowell dans la guerre des mondes. La mythologie martienne va naitre des travaux de Lowell et du roman de Wells.