Robots contre Pilotes, une question primordiale pour l’US Air Force
Depuis 2015, le programme de chasseur de 6ᵉ génération (NGAD ) doit permettre à l’US Air Force de maintenir sa supériorité technologique sur tous ses concurrents. Pour les industriels US, qui se gavent déjà avec le F35, ce programme est vital. Mais voilà… depuis, le F35 n’est toujours pas complètement au point malgré les milliards de dollars injectés. Mais, les militaires n’ont plus le temps d’attendre des décennies un nouvel avion de combat.
La première raison est simple : les pilotes apparaissent maintenant comme le point faible des forces aériennes occidentales. Les combats en Ukraine montrent que si un avion se remplace (relativement) facilement. Les pilotes sont difficiles à recruter, à former et à entraîner. Il faut des mois pour qu’un homme ou une femme soit capable de faire voler un avion. Ensuite, il faut des années d’entraînement pour en faire un pilote de combat expérimenté. La Luftwaffe va perdre tous ses cadres à partir de 1943 et par manque de pilotes expérimentés ne pourra plus défendre correctement son espace aérien. Une situation que va subir L’US Air Force et la Navy durant la guerre du Vietnam et qu’elle ne veut plus subir en cas de combat pour Taïwan. Et pour les USA, la situation est déjà difficile. Certains affirment qu’il manque actuellement 1200 pilotes aux forces US (Air, Navy, Army et Marines ) pour maintenir leur supériorité. Des décennies de déploiements, des salaires très inférieurs à ceux du civil jouent contres les armées US. Même si les appareils pilotés restent très supérieurs aux drones militaires, les drones ont un avantage : ils n’ont pas besoin de pilotes !
La seconde raison est le coût financier des avions pilotés actuels. Le programme F35 est un véritable gouffre financier, alors que l’appareil reste selon les américains eux-mêmes très imparfaits. Ses seuls véritables atouts : la connectivité de son système d’arme. Mais les autres avions en sont progressivement dotés (à moindre coût) et la furtivité… qui est de moins en moins efficace.
En face, les drones ont plein d’avantages : Le pilotage exige bien un pilote (à distance). Mais un seul pilote peut faire voler toute une escadrille. Contrairement à un engin piloté, on peut se contenter de performances moindres, d’où un coût et un temps de production limité. Et puis, emmener un pilote implique des contraintes fortes. Outre le poids (corps et système de survie) et les limitations du corps humain (face à l’accélération principalement). Il faut ajouter des systèmes de commande et contrôle qui sont déportés sur les commandes à distance avec des systèmes robotisés. De ce fait, la conception d’un avion de combat est forcement plus difficile et surtout plus coûteuse.
C’est ce dernier point qui est primordial aux yeux des militaires US. Face à la Chine qui produit des avions et des navires de combat en grand nombre, les drones permettent d’avoir rapidement et à moindre coût suffisamment de moyens de combat pour garder l’avantage.
Car si actuellement, les armées US sont les plus puissantes du monde, cette position est déjà menacée. Car les armées US sont répartis sur toute la surface du globe, pas les armées Chinoise. Ce qui leur donne ponctuellement un avantage numérique. Enfin, la supériorité technologique occidentale n’est plus. Les Chinois ont appris et proposent des équipements comparables, voire supérieurs… à moindre coût. Pire, les Chinois produisent de nouveaux équipements tous les 10 ou 15 ans alors que les USA utilisent toujours des systèmes d’armes conçus durant la guerre froide ! Enfin, les combats en Ukraine montre que la supériorité technologique n’est pas tout. L’armement le plus puissant ne peut faire face sur tout les fronts. Il vaut parfois des équipements moins performants mais disponibles en nombre suffisants.
Le constat est sans appel, la façon actuelle de préparer et de produire des armes en occident et aux USA est un handicap. On ne peut plus produire d’armes conçues pour durer près de 50 ans ! Il faut des armes simples pour avoir des délais de conception et de production courts. Il faut qu’elles soient disponibles en grand nombre pour obtenir de la « masse ». Et dans ce cadre précis, les drones apparaissent comme la meilleure option pour les militaires US.
Maintenant, abandonner la production de programmes de chasseurs de 6e génération au profit de drone ne va pas être facile. Les industriels US ont besoin de ces programmes budgetivores pour maintenir leurs marges. Et ils peuvent facilement faire pression (et ils ne s’en privent pas!) auprès des sénateurs. Enfin, il faut aussi avouer que, quoi qu’en en disent, les drones restent encore inférieurs aux engins pilotés. De plus, les liaisons dont ils dépendent sont autant de failles dont ne souffrent pas les engins pilotés.
En Europe, de tels question se posent autour du programme SCAF. Il faut toutefois noter que les programmes Rafale 5, Neuron et les drones Airbus sont autant de réponses à court terme qui actent la prise en compte de l’apparition des drones de combat pour la force aérienne française. Il reste toutefois à faire autre chose que des prototypes, certes réussis… mais sans production utiles pour nos forces !