Portée d’engagement (II)
Les arguments que j’ai soutenus lors su précédant post ont été battus en brèche par mes garçons : les règles spéciales sont cool pour les petites sections ! Il faut de petites sections !!! (Ce qu’ils ont !!! …en attendant d’acheter de nouvelles figurines. Ils changeront alors d’avis … )
« Heu … Ben va falloir travailler les règles de la V2 les gars !!! »
Les garçons comptaient bien jouer pendant que faisait l’arbitre. Ce qui impliquerait que ce serait à moi de retravailler les règles. (les coquins !!!))
Toutefois, ce n’est pas la seule raison qui les fait remettre en question ma réponse sur les règles de portées d’engagements à W40K. La question qui revient régulièrement est : « Oui, mais dans la réalité ? »
Dans la réalité … dans la réalité … Ils n’ont que ce mot à la bouche !
Avant de répondre, je me remémore mes séances de tir, mes exercices et mes lectures … et, ayant une grande bouche, je ne peux m’empêcher de faire le malin et d’étaler ensuite ma science.
Les caractéristiques de l’arme influent sur son utilisation. Mais, les distances de tir réelles varient surtout en fonction de la situation tactique.
Dans un combat d’infanterie (que je connais mal au demeurant … donc j’accepte toute remarque ou tout commentaire… si il est étayé) tirer de loin est un avantage certain. Mais ce n’est pas toujours possible. D’autres éléments interviennent et limitent l’utilisation des armes individuelles au maximum de leur portée.
Le milieu du combat est le premier et principal facteur qui donne la situation tactique. La portée maximum est plus facile à utiliser en milieu ouvert. Mais, les milieux ouverts sont relativement rares. Les milieux fermés sont plus nombreux. Ce sont des jungles, des forêts, des villes, des montagnes... On peut tirer de loin dans ces milieux, c’est vrai. Mais la portée lointaine est surtout l’affaire de spécialistes qui peuvent réellement en jouer : les snipers.
Ils sont équipés d’une arme précise. Toutefois, les snipers sont rares. Plus que l’arme, c’est la formation et du maintien de la compétence du tireur et leur coût qui se révèle hors de porté pour de nombreuses armées. Avoir un bon tireur, c’est facile. Avoir un bon tireur, qui sait se placer au bon endroit et y accéder nécessite une formation poussée et reste réservé à peu de militaires. Toutefois, comme l’a démontré la campagne de Russie lors de la seconde guerre mondiale, cet investissement peut se révéler particulièrement rentable.
La cadence de tir d’un sniper est limitée. On ne tire pas, une munition à longue portée comme on peut tirer une rafale sur une section entière. Si un sniper peut « allumer » une section entière. C’est à la seule condition d’être mobile entre chaque tir, tout en restant furtif … L’effet est principalement psychologique : « qui sera la prochaine victime dans la section ? » Cela implique qu’un sniper ne peut pas tenir le terrain. Le renforcement d’une section par un sniper est par contre possible. Mais cela implique que la section soit capable de gérer les limitations propres à un sniper. De telles coopérations nécessitent un minimum d’entrainement.
Au contraire des armes de sniper, les armes individuelles à longues portées autrefois utilisées par l’infanterie (plus d’un kilomètre) ont été abandonnée au profit d’armes ayant une portée plus courte.
Du XVIII au XIXe siècle, les fusils et mousquets, avec la baïonnette, deviennent les armes d’infanterie usuelles. Au XIXe siècle, grâce aux progrès de la métallurgie et de la chimie, les portées augmentent. Toutefois, la précision reste très relative. Cela, conjugué à la faible cadence de tir des armes de cette époque, conduit les armées à privilégier le tir salve en groupe. On tire au maximum de la portée par salve. L’effet de saturation est obtenu grâce à une discipline de fer. On ne vise pas l’individu, mais le groupe adverse. Les hécatombes de la guerre de Sécession, de la guerre Russo japonaise de 1905 et surtout de la première guerre mondiale montre à quel point cette tactique est inadaptée à l’apparition d’armes semi-automatiques et automatiques.
Ce sont les Allemands qui vont révolutionner l’armement individuel avec le premier fusil d’assaut, le Stg 44. Les Allemands constatent que la portée usuelle est limitée lors des combats. Ils décident d’en profiter pour avoir à la fois une bonne cadence de tir et une bonne maniabilité. Les ingénieurs allemands limitent la charge de poudre de la munition afin de limiter le recul. Malgré l’opposition de Hitler qui ne veut pas disperser la production de munition. L’arme est discrètement testée sur le front Est. En quelques mois, tous les régiments veulent en être dotés. Hitler, d’abord surpris, est finalement convaincu. La production en masse du Stg 44 est lancée. La portée devient alors une caractéristique technique moins importante que la cadence de tir. L’abandon des M16 « canon long » pour des « canons courts », par les marines US après la 2e campagne d’Irak procède encore de cette constatation.