Le Bossu - Chapitre 7
Chap 7 - Inventaires
Ils sont à l’intérieur de l’épave du cargo. Une fois le sas fermé, les deux hommes contrôlent l’atmosphère du vaisseau. Elle est respirable et, cerise sur le gâteau, elle est à plus 7,2% Celsius. Une température plus que supportable. Comme ils l’ont supposé, les orks ont rétabli l’atmosphère et un minimum d’énergie dans le vaisseau pour le piller plus facilement. Les orks ne font pas de cas des procédures de sécurité. Mais ils sont pragmatiques. Par contre, il n’y a plus de gravité artificielle. Une telle installation implique une dépense énergétique conséquente que des réserves de secours du cargo sont incapables d’assurer. Toutefois, ce n’est pas important pour les deux hommes de l’Aurore. Très rapidement, les deux compagnons s’orientent et se dirigent en flottant vers la passerelle. Les traces du pillage sont évidentes. Les orks ont récupéré tout ce qui les intéressait. Les propulseurs, les générateurs principaux, la nourriture, les armes et les équipements divers... Mais ils n’ont pas du s’attarder trop longtemps, seuls les équipements les plus visibles ou les plus facilement transportables ont été pillés. La proie a du être considérée comme inintéressante. Car les orks n’ont pas fouillé à fond. En passant devant un sas de sauvetage. Ils observent que la capsule de sauvetage est toujours à poste. Non seulement, le module est opérationnel, mais ses réserves énergétiques, de nourriture, d’atmosphère et d’eau sont encore intactes. Ils décident de s’y réfugier histoire de s’y réchauffer et s’y restaurer. Une fois, dans le module, les deux hommes en prennent le contrôle. Ils commencent par remettre en état leurs tenues étanches. Une fois que le plein en air de leur tenue étanche assuré, ils se posent enfin. La température leur permet de s’y réchauffer et de s’y restaurer. Sans même sans rendre compte, les deux hommes se mettent à dormir. Ils sont épuisés.
Le mékano vient de rendre compte à Hagork de l’état du vaisseau. C’est surprenant, mais il n’a pratiquement rien ! Du moins pas beaucoup plus de dégâts qu’avant. C’est la station qui a absorbé la part la plus importante de l’énergie cinétique du vaisseau lors de l’abordage. Ce résultat incroyable est suivit d’approbations élogieuses de la part des boyz présents. Hagork est vraiment le roi de la baston ! En temps normal, le boss aurait apprécié les flatteries. Mais là, ils ont du boulot ! Hagork donne l’ordre de mettre en place un champ de force. Il veut explorer les ruines du chantier naval. Ces mékanos devrait pouvoir récupérer suffisamment de matos et de débris pour réparer le vaisseau. De plus, ils pourraient même recruter les survivants du chantier spatial. D’avance, Hagork salive à l’idée d’augmenter ainsi sa bande ! Il va vraiment devenir un grand big boss. Peut être même plus puissant encore. Il va falloir trouver un terme rien que pour lui ! Mieux, Hagork espère bien piller la réserve de dents de Tongork. Ses boyz sont enthousiastes lorsque le big boss expose ses projets. Machinalement, ils font des moulinets avec leur kikoup tout en écoutant avec extase leur chef. Par un miracle encore inexpliqué, personne ne se blesse. Tous espèrent vaguement, que les boyz de Tongork vont essayer de résister. Pour un ork, rien ne vaut une bonne baston !
Après trois heures de repos, les deux hommes émergent du sommeil. Cela fait si longtemps qu’ils sont en alerte qu’ils sont encore épuisés. Ils se forcent à agir car ils n’ont pas réellement le temps de se reposer. Sans même à avoir à se concerter, ils revérifient leur matériel et leur position. Puis, ils sortent du module et reprennent la direction de la passerelle. Celle ci est bloquée par une porte étanche verrouillée. Une brève vérification leur montre que la passerelle est tellement endommagée, que son atmosphère n’existe plus. Comme, il s’agit d’un vaisseau marchand, il n’y a pas de passerelle de secours comme on peut les trouver sur un vaisseau de combat humain. Un tel rôle est assuré dans la zone des machines en même temps que les fonctions de sécurité. Comme les propulseurs ont été arrachés par les orks de manière brutale. Ils vont se retrouver bloquer devant une autre porte étanche. Les deux hommes se mettent d’accord pour aller vers la chambre du commandant. Ces chambres sont dotées des manifestes du bord, de systèmes de communication et de liaisons synchronisées avec tous les systèmes du bord. Les commandant d’un navire doivent être capable de s’informer sur la position et l’état d’un navire. Ils doivent pouvoir prendre contact avec tous les membres du bord à toute heure du jour. C’est par cette chambre qu’il faut commencer l’exploration du cargo. Après avoir cherché quelques minutes, ils finissent par la trouver.
Les orks sont déjà passé par-là. La chambre du commandant est totalement en désordre. Toutefois, la console près du lit semble intacte. Éteinte, mais intacte. Son redémarrage implique un minimum de travail. Les deux hommes doivent chercher une batterie de secours dans un des modules pour la réalimenter suffisamment en énergie. La connexion est difficile, mais après une heure d’effort, ils parviennent enfin à se connecter à l’ordinateur du bord. Par chance, ce dernier est intact et fonctionne. L’inventaire du vaisseau est rapidement fait. Il y a à bord huit modules de sauvetages. Si les cuisines ont été pillées. Les rations de réserves n’ont pas été forcées. Les réserves d’eau et d’air sont intactes. Il est peu probable qu’ils se soient donnés la peine de les chercher. Les orks ne faisant pas de réserves en cas d’incident, ils n’ont pas pensé que les humains en faisaient à bord de leur vaisseau. Les robots de maintenances présents dans la machine sont détruits ou hors de contrôle depuis l’ordinateur central. Mais il en reste plusieurs en bon état de fonctionnement dans les sas techniques près de passages techniques de la coque et des accès secondaires aux soutes. Il y a aussi les robots de manutention des soutes qui fonctionnent encore. Ce qui est une excellente nouvelle pour les deux hommes.
« Et en plus, on nous fournit les ouvriers de l’arsenal !!! » Plaisante Le Tellier. Lagardère est aussi ravi que lui. Ils ne peuvent pas espérer renflouer un vaisseau sans une assistance robotisée. Et si ceux qu’ils viennent de trouver dans le cargo abandonné seront à peine suffisant pour le début des travaux, cela signifie qu’ils devraient en trouver d’autres dans les épaves de vaisseaux humains qui dérivent tout autour d’eux.
« Qu’y a t’il dans la soute ? Les orks ont peu être laissé quelque chose ? » Demande Le Tellier. Lagardère hoche la tête. Il cherche et trouve les données sur les soutes sur les manifestes du bord. Les soutes les plus proches contiennent des tiges de supraconducteurs pour des centrales énergétiques de forte puissance ainsi que des rails et les chariots de fixation pour propulseurs latéraux de cuirassé.
« Des rails ??? » Demande Le Tellier, surpris.
« On ne fixe pas les propulseurs directement sur la structure d’un vaisseau. Les rails absorbent les à coups et les vibrations tout en fixant les propulseurs à la coque grâce aux chariots de fixation. Visiblement, il s’agit d’un transport à destination d’un chantier naval impérial. Pas étonnant que les soutes soient intactes, ce matériel est difficile à sortir d’une coque et je doute que les orks soient intéressés par un matériel aussi spécifique... » Répond Lagardère.
« La formation du chauve a drôlement servi dit donc !!! » Répond Le Tellier.
« Oui... Les soutes inférieures. On à des pièces de propulseur pour navettes, des composants mécaniques variés, des plaques, une batterie latérale pour cuirassé et ses... »
« Une quoi ? » Demande Le Tellier. L’artilleur qui sommeille en lui s’est réveillé. Si les Arcadiens produisent des pièces d’artillerie navales, les plus puissantes sont des modèles pour croiseur. Le Tellier n’a jamais vu une pièce navale pour cuirassé et sa curiosité le pousse à avoir encore plus de précisions.
« Tu veux aller voir ? » Demande Lagardère en constatant la curiosité de son artilleur d’ami.
« Et comment ! Et puis, le manifeste de cargaison ne nous dit pas si les soutes ont été forcées et pillées... » Demande Le Tellier, inquiet. Lagardère sourit, heureux de voir son ami si joyeux.
« Non, on pas cette information. Il faut aller vérifier nous même. Bah, il y a suffisamment d’air pour que l’on reste plusieurs jours ici. On peut bien y faire un tour... » Répond Lagardère.
« Oh merci Pacha !!! Vous êtes trop gentil Pacha !!! Vous être grand et fort Pacha !!! Vous ... » Lagardère éclate de rire devant le cinéma que fait l’artilleur.
« On y va ou pas dans ces soutes ? » Demande t’il un peu gêné malgré tout.
Hagork est vaguement déçu par le compte rendu du mékano. Son vaisseau ne pourra pas être immédiatement réparé. Il faut absolument le matériel de manutention du chantier spatial pour refaire la coque à hauteur de la passerelle. Pour cela il faut que le dock du chantier spatial soit d’abord remis en état. Et là, il y a encore plus de boulôt. L’impact a été dévastateur. Toutefois, si l’assemblage qui compose le chantier est fortement endommagé, les épaves qui constituent ce chantier spatial sont individuellement en bon état. La reconstruction du chantier est donc possible. Résultat qui n’interesse absolument pas le boss. Il faut aussi des mékanos, des boyz et aussi des gretchins. Malheureusement, les rares survivants de la bande du gros mek Tongork ont été massacré dans des combats avec son groupe de débarquement. Le mékano suggère alors très respectueusement de stopper la baston. Résistant à l’envie de sanctionner un résultat aussi médriocre et une demande aussi saugrenue, Hagork se console en pensant à la réserve de dents de Tongork. Pour se rattraper, et éviter une bonne baffe, le mékano promet d’équiper rapidement la bande de plusieurs vaisseaux dont au moins un kroiseur dès que le chantier sera opérationnel. Le Big boss devient soudainement plus attentif. Y aura t’il avec de quoi faire avec tout cela un bon bourre pif à terre en plus de faire une flotte ? Pour le big boss, comme pour tout les orks, Le combat spatial n’est pas la forme d’expression la plus évidente. La violence à distance à un on ne sait quoi d’incomplet. Rien ne vaut une bonne bagarre au corps à corps. Mais pour cela, il faut des vaisseaux, pour aller sur les planètes. Un kroiseur est le strict minimum pour passer les défenses orbitales de la majorité des colonies humaines, ses proies préférées. Mais si il débarque, il lui aussi des véhicules... et surtout des boyz. L’humeur de Hagork se modifie immédiatement, il n’est déjà plus un pirate. Il est maintenant un big boss. Cette certitude se fait immédiatement dans son esprit et active alors dans son organisme des cellules mémorielles. Des données et de nouveaux schéma de pensées tactiques, stratégiques et dans une moindre mesure logistiques s’imposent comme de nouveaux schémas de pensés dans l’esprit du big boss. Tout cela a été génétiquement programmées lorsque les orks ont été artificiellement conçus comme arme de guerre il y a plusieurs milliers d’années. Suivant la même programmation, l’organisme de Hagork se met à fabriquer du muscle, adaptant sa morphologie à son nouveau rôle de chef de guerre. Dans le même temps, ses capacités psychiques latente annoncent son nouveau statut à tout les orks à proximité. Dans toute la zone, les orks sont avertis par télépathie de la création de cette nouvelle bande, de leur nouvelle bande en fait. En l’absence de tout concurrent potentiel, les combats cessent. Pour tous les orks, Gork et Mork ont fait leur choix.
Les deux hommes s’enfoncent dans les soutes du cargo. Les premières soutes ont été explorées par les orks. Des déchets, et des objets orks jonchent les sols. Comme le manifeste l’annonçait, il s’agit de rails de fixation de propulseurs et d’autres pièces mécaniques de très grandes tailles. Des pièces sans aucun intérêt pour les orks. Ils préfèrent fixer directement à la coque leurs propulseurs. Une solution simple, mais qui impose une usure beaucoup plus importante à la coque comme aux propulseurs. De plus, ces pièces sont difficiles à extraire des soutes sans matériel adapté. Enfin, il y a déjà tant de ferrailles dans le coin que les orks n’ont pas poussé leur exploration plus loin. Au contraire, les deux arcadiens poursuivent leur exploration des soutes. Au fur et à mesures, les objets orks sont de moins en moins nombreux à flotter. Le Tellier arrivent devant le sas d’un pont étanche. Grâce aux codes collectés dans le manifeste du commandant, l’ouverture se fait rapidement. Machinalement, ils se présentent devant les pièces emballées. Les bordereaux indiquent qu’il s’agit de divers composant nécessaire à la réparation d’une batterie de cuirassé impérial de type « Obéron ». Même à l’échelle de temps de l’Impérium, il s’agit d’un type particulièrement ancien de vaisseau. Le Tellier est enthousiaste.
« On a tout ce qu’il faut ici pour installer une pièce d’artillerie !!! Tu te rends compte ? » Le Tellier a les yeux qui brillent. Lagardère est amusé et ne peut s’empêcher d’embêter son ami.
« Seul les orks installeraient une pièce d’artillerie de cette puissance sur un vaisseau de la taille du Prométhé... »
« Et si c’était eux qui avaient raison ! Tu ne vas pas me dire qu’une telle puissance de feu est inutile ? »
« Non, mais le recul déformeraient au premier tir la coque d’un vaisseau de la taille d’un escorteur. Il faudrait reconcevoir entièrement la structure de la coque... Et franchement, nous ne savons même pas dans quel état est la coque du Prométhé... et encore moins dans quel état sont les propulseurs. » Répond, réaliste, Lagardère.
« Bah !!! Tu va bien nous dégotter quelques propulseurs dans le coin. Ce ne sont pas les morceaux qui manquent dans ce trou paumé de l’espace, non ? » Rétorque l’artilleur qui dévore des yeux le matériel présent dans la soute.
« C’est vrai, mais il n’y a pas de trace de munition dans le manifeste. Une telle pièce ne nous servirait à rien. Par contre, les composants peuvent nous être utiles pour d’autres réparations... » Poursuit Largardère tout en tenant à jour son inventaire. Déçu, Le Tellier insiste quand même pour voir la pièce dans la soute inférieure. Lagardère accepte tout en continuant son recensement. Les deux hommes passent devant des outillages de fortes dimensions. Il y a dans la soute tout le matériel pour faire des réparations sur de l’armement naval. Les deux hommes sont satisfaits. Un tel équipement peut facilement être détourner pour modifier des éléments de coques ou même pour les refaire. Ils se présentent devant le dernier sas. Une fois celui ci ouvert, Le Tellier se précipite dans la soute. Il se fige devant une formidable pièce d’artillerie. Il s’agit d’une pièce énorme, mais dotée d’un canon plutôt court pour sa taille. En examinant, le devant du fut, Lagardère en déduit qu’une seconde partie du tube doit le compléter ultérieurement. Toutefois, il suppose qu’en théorie, un tel ensemble doit déjà pourvoir être utilisé tel quel. La portée moindre engendrait un moindre recul. En examinant l’intérieur de l’immense tube, il remarque que la lumière se réfléchit à l’intérieur.
« Un tube en diamant synthétique composite... Une technique que nous ne maîtrisons pas sur Arcadie. Cette arme est exceptionnelle. » Largardère se tourne vers un Le Tellier bien silencieux. Son ami flotte devant l’énorme pièce d’artillerie. Il la regarde en silence
« Oh !!! Tu es là ? Y’a un problème ? Répond ! » Lagardère parvient à s’accrocher à une paroi. Puis il se propulse vers Le Tellier. C’est la première fois que son ami est silencieux. Les deux hommes se percutent. Ils s’accrochent et foncent vers la paroi opposée. Lagardère parvient à s’accrocher à une paroi et secoue Le Tellier en criant :
« Répond ! Répond quelque chose par tous les vents de l’espace !!! » Le Tellier semble enfin sortir d’une sorte de long sommeil. Il a un large sourire.
« Pacha, Je suis prêt à faire n’importe quoi. Mais cette pièce. Cette pièce d’artillerie là ! Je la veux !!! »