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Système Arcadie, Secteur spatial de l'Impérium

Le Bossu - Chapitre 8

29 Octobre 2014 , Rédigé par Droopy Publié dans #Le Bossu - Nouvelle

Chap 8 - Le Prométhé

Un bref jet de matière et l’un des robots quitte la coque de l’épave du cargo. Après s’être écarté de plusieurs centaines de mètres. Un autre jet de matière freine puis stoppe le robot. Celui ci reste à dériver de manière parallèle à celle du cargo. Ce robot a été considérablement modifié. Sur la coque blindée a été soudé des récepteurs et des capteurs optiques. Ainsi équipé, le robot est devenu un parfait engin de reconnaissance. De la même façon, l’homme qui monte le robot est n’est plus dans une simple tenue étanche de secours, mais dans un scaphandre spatial. Un modèle civil adapté au travail dans l’espace. Un modèle parfaitement adapté à un long séjour dans l’espace. Satisfait de son inspection, le robot prend le trajet inverse et stoppe à proximité de la coque. À l’abri de toute observation de la part des orks, une dizaine de robots et plusieurs modules de sauvetage flottent là. Une brève impulsion électromagnétique est émise par Lagardère. Puis, il part avec le robot. Quelques minutes après, Le Tellier le suit, montant lui aussi un robot et équipé du même type de scaphandre. Son robot est lui équipé d’un système de transmission qui assure le guidage de la petite flottille. Le convoi des deux hommes vers le Prométhé commence.

Tous les quarts d’heures, Lagardère stoppe et examine les environs. Puis, rassuré, repart en avant. Sans armes, il leur faut éviter toute rencontre avec les orks. D’où cette reconnaissance prudente sur tout le trajet. Heureusement, les orks sont visiblement occupés par la réparation de leur base. En dehors de cet endroit, il n’y a pas de dégagement électromagnétique ou énergétique qui seraient les premiers signes de leur présence. Les deux hommes sont seuls. Ce manège dure plusieurs heures. Par deux fois, Le robot de Lagardère doit être ravitaillé en propergol. Ces acrobaties et ces tours d’horizon sur tous les axes pour effectuer la reconnaissance en avant du convoi consomment énormément de carburant. Les tours de reconnaissances servent également à dresser une carte et un inventaire des épaves flottant dans ce coin de l’espace. Ces dernières sont des centaines. De toute taille et de tout type, les épaves dérivent autour de la station spatiale ork. Les légendes des bars de marins doivent dire vrai : il existe des courants dans l’espace. Selon eux, ces derniers rassemblent les épaves dans des cimetières spatiaux. Et ils sont dans l’un d’eux en ce moment. Malheureusement, les orks l’on trouvé en premier et s’y sont installés. Ils vont être capables de créer une flotte redoutable si on leur en laisse le temps. Arcadie et l’Impérium doivent être averti pour que cet endroit soit sous un contrôle humain ou soit anéanti. C’est dorénavant sa mission. Lui et Le Tellier doivent rallier une base humaine. En pensant à ce dernier, Lagardère ne peut retenir son amusement. Privé de son canon ; il boude ! Chassant ces idées, Lagardère se concentre sur sa manœuvre. Il doit faire attention. Ce serait stupide de se faire repérer alors qu’ils seront bientôt à portée visuelle du Prométhé. Le robot stoppe sa trajectoire et recommence à faire une lente pirouette sur lui-même...

Les senseurs thermiques repère rapidement le dégagement de jet servant à la propulsion d’un objet de petite taille. L’objet est rapidement identifié ; un robot. Mais sans aucune identification. L’objet n’est pas classifié. Sa fabrication humaine ne donne pas de certitude, de tels artéfact sont souvent réutilisés par d’autres races que les humains lorsqu’ils mettent la main dessus. La trajectoire du robot est étrange. Un senseur optique est activé. Il pivote et aligne le robot. Si le modèle du robot est inconnu, son type et sa fonction d’origine sont rapidement identifié. De la même façon, les différents « bricolages » effectués par les deux hommes sont identifiés et catalogués. L’existence d’un pilote humain est confirmée. Des ordres sont transmis à tous les points du vaisseau. En l’absence de toute information complémentaire, le vaisseau semble se réveiller. Les générateurs se mettant tous en fonction tout comme... l’armement du bord.

Le « tour d’horizon » étant terminé, le robot se réaligne avec la cible, le Prométhé. Soudain, Lagardère détecte quelque chose. Comme si quelque chose avait bougé sur la coque de ce vaisseau.

« Artilleur, je détecte quelque chose sur la cible. Met toi en attente ; je continue mes observations »

Le bref message radio est facilement capté par les senseurs électromagnétiques. Il est décodé d’autant plus facilement qu’il s’agit d’un dialecte arcadien. Une langue de son monde d’origine. Que ferait des arcadiens si loin de leur planète et aussi éloignés des voies spatiales habituelles ?

« Alors Pacha ? Tu ne vas pas me dire qu’il y a encore du monde en vie dans cette épave ? » Le Tellier commence à s’impatienter. Cela fait plusieurs jours qu’ils travaillent à cette expédition. La fatigue se fait sentir et joue sur son humeur. Stopper en vue de leur cible n’aide pas à calmer son humeur morose.

« Je ne sais pas, j’ai détecté plusieurs pulsations énergétiques, comme si divers dispositifs se mettaient en fonction. Mais, il n’y a pas de senseur actif, pas d’écran énergétique de protection ou de navigation et pas de propulseur... Donc, je ne suis pas visé par une arme, et il n’y a pas d’hostile en embuscade. Du moins je l’espère. Je zoome sur la cible » Commente Lagardère.

« Tu sais que s’il y a quoique ce soit dans le coin, on peut être sur que notre discussion radio finira par être détectée. » Riposte Le Tellier.

« Je sais. Je sais aussi qu’à cette distance on est rien d’autre que des cibles pour quelqu’un disposant d’un minimum de puissance de feu... Dis donc, la configuration de ce vaisseau est étrange. Il y à quatre pylônes dotés de sortes de... trucs plus ou moins oxydés. On dirait des senseurs actifs bizarres, mais ils sont déployés vers la proue... » Observe Lagardère.

« Comment peut-tu savoir qu’il s’agit de la proue ? » Demande, excédé mais curieux, Le Tellier.

« Il y a un petit propulseur à l’arrière. Dans un sale état d’ailleurs. Ce propulseur est drôlement petit par rapport à la taille du vaisseau. On dirait un dispositif de secours » Remarque Lagardère curieux.

« Tu me décrie le trident de Neptune là ! Que viendrait faire le dieu des espaces stellaires, de l’ébranleur des mondes dans ce coin paumé de l’espace ? »

« Bonne analogie avec ces antiques légendes terriennes... ce vaisseau y ressemble bigrement ! L’armement est défensif, uniquement des dispositifs de déf... Zut ! Mais, ils sont pointés sur moi !!! » Constate un Lagardère effaré.

« Dégage ! Vite ! Dégage Pacha ! » Hurle Le Tellier fou d’inquiétude.

Aux communications radio interceptées, il s’agit bien d’humains. Le dialecte est bien celui d’Arcadie, de la comté de Nouvelle France pour l’un et l’autre doit être originaire d’un Arsenal arcadien à l’accent. Toutefois, la langue, les accents surtout semblent avoir évolué par rapport à ceux qu’il connaissait. Cela fait si longtemps qu’il n’a pas entendu cette langue ? C’est si nouveau, si inattendu. Que vont bien faire ces deux hommes, maintenant qu’ils ont réalisé qu’ils étaient visés par son armement défensif ?

« ... Second maître admissible Lagardère ! Tu attends d’être descendu ou quoi ? On dégage TOUT DE SUITE » Lagardère a du mal à réaliser que son ami s’adresse à lui par son grade. Plus amusant, il se sert de leur position hiérarchique officielle pour lui donner un ordre. C’est bien la première fois. Toutefois, ce vaisseau l’intrigue. Si les occupants avaient voulu le tuer, ils auraient pu le faire depuis longtemps. Il n’est pas télépathe. Les tests qu’il a passé à son entrée dans la marine arcadienne sont sans appel. Mais d’après ces tests, il possède une certaine empathie. Une sorte de « télépathie du pauvre » s’il a bien compris. Il ne sait pas pourquoi, mais tout en lui l’appelle dans ce vaisseau. Maintenant, il comprend mieux la réaction de son ami devant la pièce d’artillerie. Lui aussi veut ce vaisseau.

« Si je devais être détruit, tu file vers un autre vaisseau. Je vais maintenant tenter de prendre contact avec le Prométhé. » Il précise ses intentions à destination de son ami. Mais aussi à destination du vaisseau qui pointe son armement sur lui. Lagardère est certain que leurs communications sont interceptées et décodées.

« Vaisseau Prométhé. Je suis le second maître admissible Lagardère de la marine arcadienne. Je suis suivi du second maître Le Tellier. Les autres objets qui dérivent sont programmés pour nous suivre et contiennent des réserves nécessaires à notre survie. Nous cherchons un moyen de fuir les orks présent dans cette zone. Nous voulons monter à bord. Pouvez vous nous répondre ? »...

Deux arcadiens, paumés. Certainement des survivants d’un naufrage...

« Dégage Pacha, Dégage... » Le Tellier ne cesse de s’inquiéter. Quand il pense que son ami l’a ignoré pour son canon alors que lui s’obstine à vouloir entrer dans cette épave bizarre. Il y en pourtant pleins d’autres des épaves ici !

« Les pièces de défenses se remettent en position de repos ! On peut rentrer ! On peut rentrer à bord ! » Lagardère est excité. Mais aussi soulagé. Personne n’aime être dans la ligne de mire d’un système de défense.

« Mouais... Toi d’abord... Je suis sur que l’on va se mettre dans les ennuis jusqu’au cou » Grommelle Le Tellier qui est tout aussi stupéfait que lui.

« Tu as raison ! Vaisseau Prométhé, je vais me poser sur votre coque. Mon ami va suivre. »

« Sur !!! J’ai seulement le choix ? » Continue à râler l’artilleur.

« Et si je te motivais en disant qu’on pourrait peut être installer ton foutu canon sur ce vaisseau... »

« Bien sur, à la place du propulseur peut être ? Ensuite on pourra toujours avancer à la rame !!! » Grogne Le Tellier. Il est excédé, son ami joue sur sa faiblesse. Le pire c’est que l’argument est plus que séduisant pour l’artilleur. Lagardère ne répond pas, il vient de lancer le robot qui lui sert de monture vers le Promethé.

Les systèmes sont actifs. Les systèmes de survie sont opérationnels. La gravité artificielle se remet en fonction. Mais maintenant, il doit prendre une décision. Une décision qu’il espère depuis si longtemps dont il ne se souvient même plus de l’époque où elle a été prise. Une décision qui le terrifie...

Les signalisations lumineuses du Prométhé s’affichent. Lagardère est tellement surpris qu’il manque de perdre le contrôle de son robot. Les affichages ne sont pas tous opérationnels. Lagardère en profite pour observer avec attention le Prométhé. La configuration générale du vaisseau est extraordinaire. C’est la première fois que Lagardère voie un engin avec cette configuration. La comparaison de Le Tellier avec l’arme de Neptune est particulièrement pertinente. Les excroissances à la proue semblent endommagées. Elles ne semblent pas avoir subi de choc ou d’impact, mais c’est comme si elles avaient été soumises à des forces incroyables qui les avaient secouées et tordues. Les senseurs devant les pylônes semblent arrachés de leur support. Ils ont subi des dégâts comparables.

La partie centrale semble intacte. Toutefois, les propulseurs latéraux ont du être utilisés à leur maximum. Le revêtement en partie cloqué autour prouve qu’ils ont été utilisés à leur maximum sans respect des normes de sécurités. Le propulseur arrière est également dans un sale état. Lui aussi semble avoir été arraché de son bâti. Tout comme la partie avant. Mais en plus, il a été utilisé lui aussi au-delà des normes prévues. Les revêtements et de nombreuses pièces mécaniques sont brulés à proximité des tuyères. Il va falloir trouver des propulseurs et les adapter à la coque. Pensant machinalement à la proposition de son ami. Lagardère se dit qu’ils pourraient armer ce vaisseau en retirant le propulseur détruit et en y adaptant le fut aux supports du propulseur. On obtiendrait alors un escorteur à la mode ork... mais sans propulseur.

« A quoi pouvait bien servir ce vaisseau ? » Se demande encore Lagardère.

« Je sais pas. Je ne sais pas non plus dans quoi tu nous mets, Pacha ! C’est la première fois que je vois un vaisseau de ce type. Même la configuration de la signalisation optique n’est plus correcte maintenant. Il y a au moins 100 années standards que ce vaisseau dérive...

Tiens ! On nous indique l’entrée ! » Remarque Le Tellier.

Lagardère se retourne. Un sas vient de s’ouvrir. Il est éclairé.

« Je me demande qui est à bord de ce vaisseau ? » Demande Lagardère. « Il n’a répond pas à nos transmissions radio. Pourtant il sait que nous sommes là. Il nous invite même à entrer »

« Je suis sur que c’est une espèce de monstre cannibale qui va nous sauter dessus dès que l’on sera à bord. Je te préviens que si on est bouffé tout cru, je te balance un coup de pied dans les parties génitales ! » Averti un Le Tellier très réticent.

« Accordé. On y va maintenant ? » Demande Lagardère.

« Mais je vous en laisse tout l’honneur Pacha... Après vous monsieur Lagardère.» Le Tellier fait alors une révérence. Un exploit pour une personne en équilibre précaire sur un robot bricolé et dans un scaphandre spatial. Lagardère a beau s’amuser des singeries de son ami. Il a peur. Il a peur de l’inconnu. Mais ayant encore plus peur de perdre l’estime de son ami, il se force à aller vers le sas. Il se pose et se dirige vers lui. Le Tellier le suit. Tout en priant pour ne pas tomber sur un monstre de l’espace, Lagardère observe le sas avant de prendre sa décision.

« Tu attends à l’extérieur, on ne sait jamais »

« Bien sur ! Pacha, tu n’es pas mon supérieur. C’est même plutôt le contraire en fait. Mais surtout, on est dans la même galère. Je viens avec toi et on va faire face ensemble. OK ? » Lagardère observe en silence son ami. Un ami, un vrai. Quelqu’un sur qui compter lorsque l’on est dans les ennuis. Quelque part, Lagardère est presque heureux de cette aventure ; il a trouvé quelque chose qui n’a pas de prix. Quelque chose qui lui a manqué toute sa vie sans qu’il s’en rende compte.

« Merci »

Ils entrent dans le sas.

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