Le Bossu - Chapitre 11
Chap 11 - Mise au point
Hagork est satisfait, deux de ses vaisseaux et une quinzaine de chassa bomba sont opérationnels. Il est donc largement capable de se défendre contre toute intrusion soudaine. Ce qui est d’autant plus important qu’un vaisseau pirate ork vient d’arriver dans le système. Ces pirates sont en infériorité numérique, ils ne seront pas tentés par une prise de contrôle de son chantier spatial. Au contraire, en échange de fling’ de munitions et de dents, le boss pirate s’est rallié à lui. Il s’agit d’un dénommé « Jambe de fer » ; un boss pirate qui semble particulièrement retors. Il a tout intérêt à tenir à l’œil... Il y a des orks qui sont vraiment capables de tout ! Hagork est bien tenté de capturer le vaisseau pirate. Mais, ses effectifs sont trop limités. Toute perte en ce moment, le mettrait irrémédiablement en position de faiblesse lorsque les prochains vaisseaux orks débarqueront dans le système. Avec un geste de dégout, Hagork se rend compte qu’il raisonne comme un de ces zoms tout roze que lui ont décrit les Blood axes de son vaisseau.
L’épave du cargo vient enfin de s’immobiliser à côté du Prométhé. Deux semaines ont passé depuis que les deux anciens officiers mariniers de l’Aurore ont réussi à s’emparer de l’épave du cargo. Les travaux sur le Prométhé ont particulièrement avancé durant ce temps. Les générateurs de gravité servant à la propulsion ont tous été démontés de leurs supports. Ceux ci attendaient les rails de fixation des propulseurs pour que les travaux sur la propulsion du vaisseau reprennent. De la même façon, les restes du propulseur arrière ont été extrait de la coque. La place est libérée pour installer le gigantesque canon découvert dans le cargo. Les rails de fixations ont été préparés par les deux hommes directement dans la soute durant la même période. Les parois du cargo ont été découpées pour récupérer les éléments stockés durant le temps du trajet. Dans le même temps, quatre propulseurs trouvés sur une épave de croiseur léger Dauntless ont été récupéré par les robots sous le contrôle de l’intelligence artificielle du Prométhé. La partie armement, repassé sous le contrôle de l’artilleur Le Tellier est également en bonne voie. Les systèmes de fixation, de pointage et de rechargement de son canon sont enfin définis. Il ne reste plus qu’à trouver des munitions...
L’arrivée du vaisseau pirate ork est détecté par le réseau de senseurs encore actifs auquel s’est relié le Prométhé. Elle interrompt la belle ordonnance des travaux sur le Prométhé.
« Un vaisseau ork est détecté en approche. D’après les premières vues de l’engin, il s’agit d’un engin indépendant que les orks nomment « Pirates ». Il s’agit vraisemblablement d’un ancien escorteur Eldar capturé et modifié. » Annonce l’Intelligence Artificielle alors que les deux hommes se restauraient. Un hologramme apparait devant les deux hommes. Il est complété de tableaux de données comparatives.
« Zut! Cela va singulièrement renforcer les patrouilles dans le cimetière d’épave où nous nous trouvons. » Constate avec dépit Le Tellier. Devant le silence de Lagardère, il continue.
« Y a t’il une chance pour qu’ils se battent avec les orks qui répare le chantier spatial ? »
« C’est possible, mais peu probable. Ce vaisseau a déjà été repéré dans ce système stellaire. Il n’y a objectivement pas de raison pour qu’un conflit entre les deux groupes commence. La probabilité d’une bataille est estimée à 7,26% seulement. Ce vaisseau est particulièrement rapide pour un engin ork. D’après les observations déjà rassemblées, il est plus rapide qu’un « Cobra », le torpilleur standard de l’Impérium » A ces mots, Le Tellier siffle d’admiration. Le « Cobra » est le type vaisseau humain standard le plus rapide. Mais, une fois ses torpilles tirées, il n’a pas la taille et la puissance de feu d’un escorteur. Or, d’après les affichages et le décompte des kanons sur les bordées, ce vaisseau à presque la puissance de feu d’un escorteur.
« Est il endommagé ? » Demande Lagardère, qui vient de remarquer des impacts sur la coque.
« Sur le côté observable, on recense deux impacts sérieux et sept plus légers. Les dommages ne correspondent pas aux armes recensées dans ma base de donnée. Réduction de la puissance de feu estimée à 57% sur la bordée observable de ce vaisseau. Écran de protection intact. Propulsion Intacte, mais manœuvrabilité estimée limitée à 84% du potentiel constaté lors des précédentes observations. Temps de réparation probable 12 jours terriens standards à plus ou moins 15%. Estimations calculées d’après les nombreux séjours d’entretien effectués par ce vaisseau dans le passé. » Alors que l’Intelligence artificielle du Prométhé énonce ses estimations, des données s’affichent à côté de l’hologramme.
« Est-ce que le temps de réparation tient compte de l’indisponibilité du chantier spatial ? » Demande Lagardère.
« Affirmatif, les réparations seront faites alors que vaisseau sera en mouillage forain à proximité du chantier spatial. Ce sont des dégâts légers qui ne nécessite pas d’installations lourdes. Par contre les besoins en main d’œuvre et pièces détachés ont imposé son retour dans ce système stellaire. » Répond le système informatique.
« Oh non Pacha ! Je connais ce regard ! Il est hors de question que l’on passe encore à l’attaque !!! On même pas de quoi faire sauter un chassa bomba ou la plus petite navette. Et il est hors de question que l’on recommence une attaque suicide avec un engin que l’on capturerait... On a déjà épuisé notre stock de chance de ce côté là ! » Se défend Le Tellier alors que son ami fixe l’hologramme.
« Tu as raison ! » Dit sourdement le Pacha.
« Hein ?! » Le Tellier est surprit. Rassuré, mais réellement surprit. Il s’attendait à devoir attaquer tout seul les vaisseaux orks !
« On ne peut pas passer à l’attaque sans avoir plus d’information sur ce vaisseau. Ce serait stupide et contre productif. Mais, il faut que l’on prépare notre propre défense. » Réfléchit tout haut Lagardère.
« Le seul armement opérationnel de notre vaisseau sont ses systèmes de défenses légers automatisés. C’est suffisant contre un ou deux chassa bomba, mais on ne pourra pas faire face à plus. On peut sans doute y ajouter des systèmes piqués sur d’autres vaisseaux humains. On aura des canons lasers et des autocanons... Mais cela ne suffira pas pour lutter contre quelque chose de plus gros qu’un torpilleur. Et encore un léger ! On a bien mon canon, mais on n'a pas de munitions... » Informe le maître artilleur.
« Et si on les fabriquait ? »
Hagork observe avec attention « Jambe de Fer » qui vient d’entrer dans la station. Le boss pirate est accompagné de quelques nobs. Ils sont gros, forts et équipés de kikoups imposants. Le boss pirate est grand, trapu et puissant. En un mot ; il est impressionant. Son visage est recouvert de squigs poilus qui lui servent de barbe. Une mode courante chez les pirates orks. Sur son épaule un petit squig volant. Hagork ne se fie pas à la petite taille du squig. Si il l’attaque au yeux, son maître pourra l’attaquer pendant qu’il le repousse. Un boss inspiré par Mork ! Le nom « Jambe de Fer » vient visiblement d’un bionik à la jambe. Ce qui le rend beaucoup plus dangereux que sa taille le laisse supposer d’abord. Le boss pirate porte aussi d’autres bionik. Son bras gauche à été remplacé par une pince énergétique de taille conséquente. Cela en fait un adversaire de taille. Un adversaire capable de vouloir lui contester le contrôle de cette station. Un challenge qui intéresse déjà Hagork. Mais un challenge qu’il va devoir repousser. Contrairement aux boyz, il ne suffit pas de massacrer le nob qui les dirige pour rallier des pirates boyz. Les pirates boyz sont beaucoup plus compliqués que cela. Hagork est donc obligé d’acheter « Jambe de Fer » pour pouvoir finir de réparer sa station et ses vaisseaux afin de recruter plus de personnel.
« Tongork ? Où ? » Jambe de Fer s’inquiète, il ne connait pas le boss devant lui. Et il est visible que le chantier à été le théâtre d’un bourre pif de qualité supérieure. Il y a dû avoir un changement d’équipe dirigeante auquel Tongork n’a pas survécu.
« Moi Hagork ! Big boss Ici ! Toi vouloir koi ?.” Précise Hagork. Jambe de Fer observe avec attention le big boss qui vient de lui préciser son statut. Il le jauge. Hagork observe la lueur rouge qui apparait dans les yeux du pirate. Lui aussi se ferait bien un petit bourre pif !!!
« Vaisseau Pirate kacé ! Réparation, mais pas Dents ! » Énonce le pirate. Une situation qui lui rappelle celle dans laquelle il était placé avec qu’il attaque la station.
« Pirate dire koi besoin opur vaisseau. Hagork donner. Pirates aidez Hagork. Besoin Gardien, Chassa, Bomba, Patrouilleur. Hagork donner dents, Pirate copain !!! » Jambe de Fer examine la proposition du boss. Celui ci doit réellement avoir besoin de boyz et de mékano pour faire une offre aussi généreuse. Les pirates vont avoir des pièces détachées. En échange, ils participent à la garde et à la réparation du chantier spatial et des vaisseaux du boss. Et en plus ils sont payés. Une situation dont il pourrait profiter plus tard.
« Pirate voir dents ! » La rapidité de la réponse de Jambe de Fer surprend Hagork. La situation du pirate doit vraiment être tangente. Il ne doit plus avoir suffisamment de dents pour s’assurer la fidélité de ses pirates boyz et faire ses réparations. Une situation dont il devrait pouvoir profiter. Mais plus tard. Il effectue un rapide geste à destination de ses boyz planqués dans un coin. Ils étaient chargés de lui tirer dessus en cas d’attaque surprise de la part des pirates. Il serait dommage de tuer par accident son partenaire après des négociations fructueuses, quoique particulièrement longues. En s’observant mutuellement, les deux boss imaginent déjà tous les coups bas qu’ils pourraient se faire l’un à l’autre.
Le Tellier est effaré. Il n’est pas le seul. Même l’Intelligence artificielle semble aussi septique que lui. « Un projectile pour utiliser ce type d’arme nécessite des ergols pour propulser la munition hors du tube vers la cible. Cette munition se définit en fonction des caractéristiques de l’arme et des ergols disponible. De plus, cette munition doit être suffisamment autonome pour affiner sa trajectoire, voire de pouvoir encore accélérer, afin de pouvoir être utilisé utilement en combat. Tout cela nécessite un outil industriel que nous n’avons tout simplement pas » Enonce l’ordinateur du bord.
« Ah, tu vois ! » Complète l’artilleur. Lagardère sourit. Et répond après un moment de silence.
« Et si on utilisait les ergols qui restent dans les réservoirs des épaves ? Quand aux munitions, on peut utiliser des débris divers dont on bourra le fut. On est limité en puissance de feu et en portée, mais on aura pas de problème de visée ! On peut même créer des munitions de ce type pour pouvoir utiliser plusieurs fois le canon» Le Tellier ouvre une bouche immense, mais se tait. Comme si cela lui donnait à réfléchir. L’Intelligence artificielle, elle, est plus curieuse.
« Les problèmes de mise à feu seront délicats à résoudre, mais cela reste possible si seulement on choisit des matériaux suffisamment mous pour ne pas endommager l’intérieur du tube. Néanmoins il s’agira d’une munition dont la portée sera extrêmement courte. Les senseurs peuvent être facilement fixés sur les renforts de coque externes qui sont en train d’être assemblés par les robots de maintenance. Reste à fixer l’arme sur le vaisseau. Vous avez éludez la question à ce propos jusqu’à maintenant, Pacha ! » La question aurait été ironique si elle avait été posée par un être vivant. Mais l’intelligence artificielle est d’origine artificielle. Lagardère en vient presque à se demander si l’officier qui s’est sacrifié pour les autres membres de l’équipage survivent n’a pas réussi son paris. S’il n’a pas sauvegardé sa personnalité dans l’ordinateur. Une hypothèse avec laquelle il ne peut pas s’empêcher de jongler avant de la repousser. Durant ce moment, un silence se fait. Lagardère le rompt.
« Pourquoi ne pas utiliser les systèmes de support pris dans l’épave du cargo ? Pour fixer le canon à la poupe du Prométhé. »
« C’est pour fixer des propulseurs, pas un canon ! » Répond dédaigneux Le Tellier.
« Au contraire, maître artilleur Le Tellier. Ces systèmes permettent de supporter des efforts continus résultant de la propulsion, mais les reculs transmis par les propulseurs lors des accélérations d’urgence, sont de même ordre que ceux fournis par un tir d’un canon de grande taille. C’est brillant Pacha !!! » Le Tellier regarde son ami. Lagardère se met à craindre un coup de colère, de frustration ou quoique ce soit qui pourrait ternir son amitié avec Le Tellier... et le vaisseau ? Soudain, Lagardère prend conscience que ce vaisseau à pris énormément d’importance pour lui. Il n’a pas le temps d’y réfléchir plus car la réponse de Le Tellier le surprend complètement.
« Tu as trouvé le moyen de fixer mon canon !!! Je vais vraiment avoir mon canon !!! Par la sainte barbe !!! Il faut que je mette au point le système de rechargement ! Pour cela il faut que ... » Le Tellier est comme fou, fou de joie. Lagardère, agréablement surpris, le remet néanmoins tout de suite sur terre.
« Avec les munitions dont nous avons parlés nous pourrons faire face aux patrouilleurs et aux vaisseaux plus légers si et seulement si nous pouvons nous approcher presque à bout portant. Il nous faut de l’armement plus lourd pour détruire au moins un kroiseur, l’idéal serait de pouvoir endommager le chantier spatial. Mais je doute que nous trouvions un moyen réaliste de lancer une attaque contre une cible aussi importante... » L’Intelligence artificielle renchérie.
« Il faut surtout trouver le moyen de lutter contre les chasseurs orks et retarder la mise en service d’autres vaisseaux de lignes orks. Hors le vaisseau ork pirate sera rapidement remis en service »
« Si seulement les orks du chantier et ceux du vaisseau pirate pouvaient se taper dessus... » complète Le Tellier maintenant calmé.
« Tu es un génie !!! » S’exclame Lagardère. Le Tellier ne peut s’empêcher de répondre.
« Ca je sais déjà ! Mais si seulement tu pouvais seulement m’expliquer dire pourquoi je suis un génie... »
Hagork vient de rentrer sur son vaisseau, dans sa passerelle de commandement. Tant que le chantier spatial ne sera pas opérationnel, il préfère rester à son bord. Hagork réfléchit en silence. Un silence pesant. Pas un des boyz n’oserait géner leur big boss dans un exercice aussi extraordinaire et difficile que la reflexion. Hagork sait qu’il ne peut pas avoir confiance dans les pirates boyz. Il lui faut donc se préparer à une attaque surprise. Mais, il faut le faire discretement. Si Jambe de Fer l’apprenait, il risquerait d’en prendre ombrage et de lancer une attaque surprise à titre préventif alors que lui n’est pas prèt. A voie basse, comme si le pirate pouvait l’entendre, Hagork commence à donner ses ordres.
Depuis la passerelle du vaisseau pirate, Jambe de Fer regarde les travaux sur le chantier spatial. Hagork est dangereux. Il n’a pas confiance en lui comme il avait confiance en Tongork. Si le big boss a été capable de prendre d’assaut le chantier et les vaisseaux qui le protégeait ; qui lui dit qu’Hagork ne tentera pas la même chose sur son vaisseau. Jambe de Fer se retourne et commence à hurler des ordres. Il a besoin des dents et des réparations, Il va donc envoyer des patrouilles et participer à la défence du chantier spatial comme convenu. Mais cela ne l’empêche pas de prendre quelques précautions. Juste au cas où...