Le Bossu - chapitre 12bis

Chap 12 bis - Reconnaissances

« Ecoute Pacha ! Même si le chassa bomba à survécu au combat, c’est un grot qui devait occuper la tourelle arrière. C’est toujours comme ça sur les chassa bomba ork. Il est peu probable qu’un ork fasse attention aux délires d’un grot. Et je ne parle même pas du big boss ! Alors laisse tomber. Les orks ne savent pas que nous sommes là. Tu t’inquiète pour rien. » Le Tellier essai de raisonner Lagardère. L’action de diversion qu’il a planifié et exécuté est en soit une victoire. La rencontre avec l’escadrille de chassa bomba est un incident sans conséquence.

« Je confirme les suppositions de l’officier marinier Le Tellier, Pacha. J’ajouterais que même si les orks tiennent compte des observations de l’artilleur grot. Ils doivent garder leur unique vaisseau opérationnel pour garder le chantier. Ce dernier est actuellement sans défense. Ils ne peuvent donc pas mener d’exploration active du cimetière spatial. Étant donner les pertes ork en vaisseaux légers, la probabilité d’être découvert est infime. » Confirme l’Intelligence artificielle. Lagardère reste silencieux. Un silence qui se propage dans la pièce. Puis le « Pacha » parle. Il parle à voie basse, comme s’il réfléchissait tout seul.

« En matière de sécurité, on ne parle pas de probabilité, mais de possibilité. S’ils nous découvrent, nous n’avons pas de moyen de défense. Ils aborderont le vaisseau. Ensuite, ils le captureront... »

« Ben dit donc, tu es optimiste Pacha ! Les orks en baverons quand même. Mon canon est presque installé. Quand aux munitions, j’ai réussi à mettre au point le système chargement mais je dois tester la mise à feu. L’installation des senseurs sur la nouvelle proue est supervisée en ce moment par le « Bossu », mais c’est... »

Lagardère sursaute et coupe son ami.

« Par qui ? Qui supervise l’installation des senseurs ? »

Hagork fait les cents pas. L’observation du grot a provoqué la consternation parmi les orks. Il y a donc des « choses » qui trainent dans le cimetière spatial. Pire, après un bref interrogatoire de Jambe de Fer, le big boss a la confirmation que ce ne sont pas les pirates qui ont ouvert le feu en premier sur son chantier spatial. Il y a donc quelque chose qui provoque des bagarres inutiles. Il enverrait bien des vaisseaux ou des chassa pour repérer ces êtres qui rodent tout autour. Mais, comme il ignore quelles sont les forces adverses, il ne peut pas envoyer les maigres forces encore sous son contrôle effectuer des reconnaissances. Il risquerait de se trouver sans défenses valables.

« Pirate trouver choses!!! » Hagork s’arrête et pivote vers Jambe de fer. Celui ci a repris connaissance.

« Pirate plus vaisseau. Jambe de Fer plus chassa » Pour le big boss, les pirates sont hors jeu.

« Pirate prendre mini-vaisseau cible zoms, réparer, piloter, trouver choses. Pirate faire pour big boss Hagork » Le big boss fixe le boss pirate. Le plan de ce dernier est logique. Profiter des tout petits engins humains que l’on trouve sur tous leurs vaisseaux. Ce sont des modules de sauvetages, des navettes de liaison ou de transport qu’affectionnent les humains. Ces derniers ne pouvant pas être transformés en engin de combat, ils ne sont considérés que comme des cibles par les orks. Les « vaisseaux-cibles » sont systématiquement abandonnés par les orks lorsqu’ils prennent le contrôle d’un vaisseau humain. On doit donc en trouver qui dérivent tout autour du chantier. Une fois ces engins récupérés et remis en état, les pirates survivants piloteront de tels engins pour patrouiller et assurer les reconnaissances. Contrairement aux boyz d’ Hagork, les pirates sont tous de plus ou moins bons pilotes. Ils peuvent donc tous mettre en œuvre un engin de reconnaissance de ce type. Un plan simple, mais efficace qui permet à Hagork de garder ses moyens militaires pour protéger la station tout en effectuant les reconnaissances que souhaite Hagork.

« Pirate trouver choses pour dents ? » Un tel service ne peut pas être gratuit. Jambe de Fer a forcement besoin de quelque chose.

« Vaisseau pour Jambe de Fer ! » Hagork n’est pas surpris par la demande de Jambe de Fer. Un pirate sans vaisseau n’est rien. Repensant aux centaines d’épaves dérivants autour du chantier, Hagork accepte.

« Quand Hagork avoir chantier Quand Hagork avoir beaucoup vaisseaux, Mékano Hagork brikoler massakreur Jambe de Fer. » Jambe de Fer sursaute. Les « massakreurs » sont des escorteurs peu manœuvrables, mais doté d’une proue blindée permettant des attaques frontales et de nombreux fling’. Un vaisseau idéal pour un pirate. La promesse d’Hagork de lui faire fabriquer un tel engin est beaucoup plus qu’il l’espérait.

« Hagork big boss pirates Jambe de Fer » L’accord entre le big boss et le pirate est scellé.

Une semaine standard après, les premiers modules pirates sortent du chantier. Il s’agit principalement de modules de sauvetage qui ont été rapidement modifiés par les pirates orks. Repeints en rouge et dotés de primitifs émetteurs radio et de quelques gros fling’, voire de rokets pour certains. Ils ne présentent guère de danger pour un vaisseau de combat même léger. Mais, ils peuvent patrouiller dans de larges zones pendant de nombreuses heures. Bons marins, les pirates arrivent en quelques jours à organiser une exploration cohérente et systématique des abords du chantier. Mais, leurs manèges ne passent pas inaperçu. Plusieurs engins de ce type passent devant des senseurs d’épaves de vaisseau humains contrôlé par le « Bossu », l’ex-Prométhé. Les premiers passages n’attirent pas l’attention de l’intelligence artificielle du vaisseau qui continue pourtant à monter une garde vigilante. Mais cela ne dure guère. Les trajectoires enregistrées permettent rapidement d’extrapoler le mode opératoire des orks. L’opération d’exploration et ses moyens sont également rapidement estimés.

« Les orks ont modifié des modules de sauvetages pour explorer les alentours du chantier spatial. Estimation de la découverte de notre existence par les orks : 87,6%. Temps nécessaire pour qu’ils découvrent notre position : 4 semaines standards. Probabilité 76,1%. Temps minimum pour qu’ils découvrent notre position : 1 semaines et deux jours. Probabilité : 16,9%. » Lagardère et Le Tellier sont figés. Il leur faudrait au moins deux semaine pour que le Bossu soit complètement opérationnel. Conscient qu’ils n’avaient pas les moyens de lutter contre le kroiseur ork opérationnel. Ils avaient calculé une trajectoire pour contourner discrètement le chantier et fuir du système. Cette annonce est d’autant plus désespérante qu’ils voyaient enfin venir le moment où ils pourraient tous rentrer à Arcadie. Fidèle à sa nature, Le Tellier explose.

« Maudit soit Murphy et ses lois !!! Je vais équiper les robots de maintenance avec les armes que l’on a récupéré et on va faire sauter ces foutues saloperies ! » Lagardère se tait. La colère et la frustration de son ami ont un effet étrange sur lui. Cela le calme immédiatement. C’est le Bossu qui répond avant lui.

« Toute attaque sur les engins de reconnaissance ork, entrainera le soutien du vaisseau et des chassa bomba orks. Même si nous attaquons selon un angle divergent par rapport à l’axe « Bossu » - « Chantier », le temps gagné sera limité. Nous ne pourrons pas soutenir ce genre d’attaque sans envoyer d’autres robots. Or nous en avons besoin pour terminer les travaux sur le vaisseau. De plus, tout envoi de robot armé donnera des informations aux ork sur leur trajectoire. Les orks pourront estimer avec donc notre position. C’est donc une proposition qu’il faut écarter. »

« Et si nous utilisions les liaisons avec les autres épaves. Nous pourrions utiliser les armes de ces épaves qui fonctionnent encore » Demande Le Tellier, qui souhaite absolument faire sauter ces engins de reconnaissances. Alors que son ami ne cesse de faire des propositions, Lagardère se tait. Un silence qui finit par interpeller Le Tellier. Il observe avec plus d’attention son ami.

« Oh non Pacha ! J’ignore à quoi tu pense. Mais, je connais ce regard. D’office, je dis non et c’est mon dernier mot ! » Mais c’est le Bossu qui est le plus curieux.

« Pacha ? A quoi penser vous ? » Demande l’intelligence artificielle.

« Je me disais, que si notre vaisseau était capturé, nous pourrions approcher sans problème le chantier naval... » Le Tellier regarde interloqué son ami et se frappe le front avec sa paume avant de reprendre.

« C’est du suicide ! Tout d’abord nous aurions des dizaines d’ork sur les bras. Ils contrôleraient la passerelle, l’armement et la machine ! Nous ne pourrions rien faire. Ce sont des orks ! Ils sont dangereux. Ils sont stupides, mais ils ne sont pas fous ! » Le Tellier s’étouffe presque d’indignation.

« Nous n’avons pas l’armement adéquat pour détruire le kroiseur ork et encore moins le chantier spatial ork. » Fait remarquer l’Intelligence artificielle.

« Je me demande si nous n’avons pas au contraire tout ce qui est nécessaire pour cela. » Répond pensif Lagardère.

Cela fait trois semaines que les pirates patrouillent dans le cimetière spatial. Au fil des jours, de nouveaux « vaisseau-cibles » sont mis en fonction par les pirates. Dans le même temps des orks du chantier sont initiés à leur pilotage. Outre le fait que cela augmente le nombre de vols de reconnaissance, cela prépare ces pilotes à piloter les chassa bomba en cours de construction. A l’excitation du départ, répond maintenant une certaine lassitude de la part des pilotes orks ; il ne se passe rien. Heureusement, Jambe de Fer sait motiver ses hommes. Le premier qui râle se ramasse en général un turbo coup de pied dans les fesses. La prothèse du pirate se révèle particulièrement redoutable dans cet exercice. Durant ce temps, le chantier spatial a été réparé. Même le vaisseau d’Hagork commence à être transformé en kroiseur. Le tout à lieu sous la garde vigilante du vaisseau Blood Axes. Les nouvelles escadrilles de chassa bomba commencent à se former.

Les vaisseaux cibles ont confirmé l’absence d’ennemi dans les zones les plus proches du chantier. Un nouveau vol de reconnaissance de trois vaisseaux cibles est préparé pour explorer les parties les plus lointaines du cimetière spatial. Après des semaines de vols routiniers, les pirates orks ont considérablement relâché leur attention. Ils se contentent de dériver d’épaves de vaisseau en épave tout en sirotant une bouteille fortement alcoolisée au champignon. Ce manque d’attention est une erreur d’autant plus importante qu’ils approchent d’un assemblage étrange qui semble modifier sa trajectoire pour mieux les approcher. Vaguement intéressé, un pirate le détaille tout en continuant de déguster son breuvage. Il s’agit d’une espèce de propulseur de faible puissance prolongée d’une sphère. Celle ci doit contenir la réserve de carburant et d’énergie. Tout autour de cette sphère, sont soudés des tubes de faible diamètre. Tous sont reliés par des câbles blindés à une grosse caméra. Un senseur optique infrarouge vraisemblablement. Au milieu de tous ces débris, les engins pilotés par les orks sont les seuls autres engins qui dégagent de la chaleur. L’ordinateur de l’engin ainsi peut facilement suivre les vaisseaux-cibles orks et les attribuer aux missiles contenus dans les tubes. Ce sont des missiles antichars récupérés dans diverses épaves de vaisseaux humains. Ce ne sont pas les armes idéales pour détruire des engins rapide et mobile dans l’espace. Mais les engins pilotés par les orks ne sont pas rapides. Les pirates orks ne remarquant rien, ils continuent sur une trajectoire rectiligne. Soudain, trois missiles sont tirés. Un jet de gaz les éjecte de leur tube et lorsqu’ils sont suffisamment loin, leurs propulseurs sont mis en fonction. Le jet de gaz brulant est comme un éclair à ce moment précis. Il est particulièrement visible dans le noir de l’espace. L’un des orks le remarque et se pose des questions.

« Koi etre lumière ? Pirate boyz ! Toi voir ? » Demande ‘il à un autre pilote de vaisseau-cible. Sans atmosphère pour freiner son accélération, les missiles semblent bondir vers les orks. Grâce à leur remarquable vue, les orks comprennent alors à quoi ils ont affaire.

« Roket ! Roket ! Roc... » Mais il est trop tard. Les vaisseaux n’ont pas le temps ni suffisamment de réserve de puissance pour entamer une manœuvre évasive suffisante. Au contraire, l’allumage des propulseurs ajoute encore à leur signature infrarouge et permet aux missiles de mieux finaliser leur approche. A l’impact, les charges creuses prévues pour traverser des parois blindées vaporisent les fragiles engins. En moins d’une minute, le vol de reconnaissance à été anéanti.

« Pirate trouver choses dehors !!! » Jambe de Fer exulte. Son plan a marché ! Hagork qui finissait par perdre patience est soulagé. Ne pas savoir est effrayant, même pour un big boss aussi imposant qu’Hagork. Tout ce dont à besoin de savoir le big boss c’est où sont ces choses ! Une fois kassé, tuées et massacrées, cela ira forcement beaucoup mieux. Hagork n’aura plus de motif d’inquiétude.

« Chassa bomba ! Go Go Go Go !!! Kroiseur Blood axes! Moi venir dedans ! Bande de Nob Hagork venir aussi. Jambe de Fer venir aussi ! Pirate boyz venir aussi. Abordage ! Massakre ! Après. Rentrer Manger !!! » Tout les orks sur la passerelle sont impressionnés par le plan concocté par leur big boss. Surtout par la dernière partie. Hagork quitte sa passerelle en râlant ; il a faim !!!

« Système de défense avant mis en fonction. Trois engins de reconnaissance orks détruits. Vol de chassa bomba au départ de la station spatiale détecté. Route probable vers la zone de combat. Redéploiement des systèmes de défenses missiles » L’avertissement de l’intelligence artificielle surprend les deux hommes alors qu’ils dormaient. Un panneau récapitule les données. Le Tellier se tourne vers Lagardère.

« Heureusement que nous avons fini à temps » Lagardère baille et souri !

« Oui, quelques jours plus tôt nous étions perdus ! Je crois que nous n’avons plus le choix ! Il nous faut nous retirer et laisser le Bossu gérer tout cela » Répond t’il. Le Bossu reprend.

« Mise en fonction du plan d’action. Mise en fonction et modification du placement des systèmes pour ajustement aux derniers éléments du vol des chassa bomba. Vous disposer d’une heure pour gagner votre zone de repli. »

« Bon, à vos ordres !!! Et, bon courage ! » Les deux hommes se lèvent et quittent la partie de la passerelle qu’ils avaient aménagé en zone de repos.

Un vol de chassa bomba fonce vers la zone de combat. Bien armés, véloces et agiles, ces engins sont idéaux dans un tel environnement. Dans le même temps, les autres modules transformés par les pirates convergent vers le même point. Mais là, les pirates sont parfaitement éveillés. Les vaisseaux-cibles sont moins véloces et moins agiles que les chassa bomba. Mais, les pirates frôlent de suffisamment près les épaves avec des trajectoires très nerveuses pour faire de leurs fragiles engins des cibles très difficiles à viser. Parvenus les premiers à la précédente zone de combat, les chassa bomba orks repèrent l’engin de combat inconnu. Quatre missiles sont tirés par ce dernier. Fonçant vers l’engin tireur, les chassa bomba modifient leurs trajectoires foncent vers lui. En opérant cette manœuvre, ils masquent dans le même temps leurs propulseurs aux têtes infrarouges des missiles. Ces derniers manquent leurs cibles, tandis que les gros fling des chassa bomba font feu. Si le tir des orks est imprécis, il est largement compensé par le nombre de projectiles. Quelques-uns uns détruisent le senseur central, bloquant le tir des derniers missiles. D’autres projectiles traversent le réservoir d’ergol. L’engin explose alors en projetant de nombreux débris. Deux chassa bomba sont touchés, mais pas suffisamment pour être désemparés.

Hagork et jambe de Fer exultent. Les ‘choses’ sont là ! La première victoire de la journée est acclamée alors que le vaisseau Blood Axes gagne en vitesse et quitte son orbite autour du chantier spatial.