Le Bossu - chapitre 15
Chap 15 - Abordage
Comme ils s’y attendaient, le vaisseau est vide. Malgré cela, les orks sont déçus, ils espéraient vaguement qu’il resterait au moins un ou deux adversaires à massaker. Les différentes équipes d’abordages ont exploré chaque pont, chaque compartiment. Il n’y a personne.
Pour les orks qui l’explore, il est évident qu’il s’agit d’un vaisseau des zoms. Un vaisseau « six villes » sans aucun doute. Un vaisseau non prévu pour le combat est un concept étrange qui leur donne mal à la tête. Pour les orks tout engin est un engin de combat. Toutefois, le vaisseau était en cours de rénovation pour en faire un engin « trop kool », un engin de combat. L’installation du canon géant à la proue en fait un engin particulièrement intéressant.
Durant l’exploration, les engins pilotés par les pirates se sont précipités à bord du vaisseau Blood Axes. Attirés par l’engin, tous les pirates souhaitent participer à l’exploration. Une participation qui est surveillée par les boyz et nob d’Hagork. Les tensions commencent à apparaitre entre les deux groupes. L’entente qui s’était fait face à un ennemi inconnu s’efface peu à peu avec sa disparition.
Les mékano commencent à envoyer des rapports. Le vaisseau est presque opérationnel. Mais, ils doivent reprogrammer les systèmes de commandes qu’ils ne contrôlent pas. Monter plus d’armes et des écrans de protection. Ils doivent blinder la coque et repeindre l’ensemble en rouge pour en tirer une vitesse maximum. Il s’agit de travaux légers et rapides pour les mékano orks. Il s’agit d’une prise excellente. Ces bonnes nouvelles renforcent la convoitise des deux boss orks, et leurs méfiances respectives.
Grace au « Telatepula », le téléporteur ork, Hagork rentre à bord du vaisseau Blood axes. Il ordonne de rentrer au chantier spatial en remorquant le vaisseau capturé. Un mince faisceau vert relie alors la coque du vaisseau Blood Axes au vaisseau inconnu. Le rayon trakteur relie physiquement les deux vaisseaux qui deviennent ainsi solidaires. Puis l’ensemble prend la route du chantier spatial.
« Nous sommes en route vers le chantier spatial. Temps nécessaire au trajet estimé à 4h20 à 14,6% près. Les orks ne nous ont pas repéré lorsqu’ils exploraient la coque. Nous gardons le contrôle du vaisseau » grâce aux commandes à distances. Les commandes locales sont toujours désactivées. » La voie de l’intelligence artificielle du Bossu rompt un silence qui s’éternisait. Après cette intervention, les deux arcadiens poussent un soupir de soulagement. Le premier à se reprendre est Le Tellier.
« Pacha, J’étais sur que ton plan marcherait !!! Ceci dit, c’est quand même rassurant de savoir que les orks ne nous ont pas repéré. » Lagardère se tait. Il est soulagé. Il avait imaginé ce plan et portait sur ses épaules la capture ou non de ses amis. Prenant l’absence de réponse de l’intelligence artificielle et du Pacha pour une confirmation, l’artilleur continue son discours.
« Bon, il ne nous reste plus qu’à attaquer et détruire le chantier, le vaisseau ork opérationnel, les chassa bomba et à se débarrasser de l’équipage d’abordage ork... Une paille ! » Lagardère est mi-amusé mi-agacé par l’attitude de son ami. Mais, maintenant qu’il le connait mieux, il sait que la bravade affichée de son ami dissimule un réel courage. Il sait aussi que Le Tellier a confiance en lui. Tout comme le Bossu qui à aussi accepter cette prise de risque. Lagardère aimerait avoir autant confiance en lui que ses amis en ont en lui.
« Merci de ta confiance artilleur. Mais, cela ne va pas être une partie de plaisir ! Merci à toi « Bossu ». Je te mets en danger ainsi que l’équipage confié à ta garde. Et cela sans garantie de succès. » L’intelligence répond au Pacha sans émotion apparente.
« Vous êtes la meilleure option pour ramener l’équipage à Arcadie. Plus j’attendais, plus les orks risquaient de me capturer. Vos options sont risquées, mais ce sont les seules qui présentent des possibilités de réussites. Il est donc logique que je vous soutienne. Au final, je ne prends pas beaucoup plus de risque que vous. Et tout comme moi, vous assumez également la responsabilité de mon équipage originel. » Lagardère se tait un moment avant de répondre.
« Mmmm... C’est vrai. En acceptant le commandement de ce vaisseau, j’ai accepté d’en assumer la responsabilité. Mais tellement de choses risquent de tourner mal... L’attente va être longue... »
Les deux vaisseaux arrivent enfin à proximité du chantier naval. Jambe de Fer est inquiet. S’il était à la place du big boss ork, il lancerait un assaut maintenant ! Peut être convient-il de prendre quelques précautions se dit soudain le boss pirate.
« Pirates ! kapturer mékano orks ! Vivant ! Pirate besoin boulôt de mékano ! Prendre fling’ Ork attaker, nous kasser ork alors ! » Joignant le geste à la parole, il balance un gigantesque coup de poing sur la tête du mékano le plus proche. Celui ci est projeté contre une paroi. Ce dernier tombe, évanoui. Prenant son automatik’, Jambe de Fer commence à regrouper ses hommes. D’habitude, c’est lui et ses boyz qui kapturent des vaisseau. Pour une fois, il doit repousser l’assaut. Il a bien quelques idées qu’il meure d’envie de mettre en pratique. Cette situation est inhabituelle, mais l’amuse profondément. Qui a dit que les orks n’avaient pas le sens de l’humour ?
Hagork ne cesse de penser au vaisseau qu’ils viennent de capturer. Maintenant qu’il n’y a plus d’ennemis à proximité de son chantier spatial, a t’il besoin réellement besoin de donner ce superbe engin aux pirates ?
« Boyz Hagork ! Tous Hagork vouloir ! Hagork abordage vaisseau Pirate ! Hagork prendre vaisseau Pirate ! Maintenant !!! » Sa décision est prise. Il va lancer l’ensemble de ses forces à l’abordage de ce vaisseau. La proximité du chantier spatial lui permet d’utiliser tous ces boyz pour aborder le vaisseau prise. Les pirates sont peu nombreux, pourquoi refuser une victoire facile ?
« Nous approchons du chantier. A ce rythme nous.... » L’intelligence artificielle s’interrompt soudainement. Lagardère et Le Tellier se regardent, étonnés de ce silence.
« Que se passe t’il ? » Demande t’ils en chœur.
« Les orks utilisent leurs téléporteurs pour passer à l’abordage du vaisseau ! Ils viennent de téléporter des troupes dans les passerelles. Mais il n’y a que des orks à bords. » Répond l’intelligence artificielle tout aussi surprises que les deux arcadiens.
Dans les passerelles du vaisseau tenues par les pirates, de brefs éclairs et des étincelles aveuglantes apparaissent soudainement. Ces dernières ne sont pas dissipées que des orks qui viennent d’apparaitre passent à l’assaut. Un assaut qui cesse immédiatement, les passerelles sont vides ! Il n’y a pas de pirates à charger. Surpris, les orks se figent. Une erreur dont profitent les pirates qui s’étaient mis derrière les portes. Celles ci s’ouvrent soudain sur une barricade. Derrière celle ci des gros fling’ récupérés sur les vaisseaux d’explorations des pirates ouvrent le feu. Les salves anéantissent les boyz d’Hagork avant qu’ils ne puissent se mettre à couvert. Le premier assaut ork est anéanti. Les équipements des passerelles sont aussi fortement endommagés. Jambe de Fer exulte et regroupe ses pirates boyz en équipes dans des endroits qu’ils ont fortifiés sur les différents ponts. Salivant à l’idée d’une bonne bagarre, il ne peut s’empêcher de tirer sur le plafond. C’est kool d’être un pirate !
De rage, Hagork tire une rafale sur le plafond de sa passerelle en apprenant le sort de sa première vague d’assaut. Le tir provoque de nombreuses étincelles et court-circuit. Mais surtout, il met en fuite les grots servants sur la passerelle du vaisseau Blood axes. Le big boss se lève et tout en ordonnant un deuxième assaut. Il se précipite vers le Telatepula. Il mènera lui-même l’assaut final !
« Les orks du vaisseau et du chantier mettent en fonction un grand nombre de téléporteurs. Estimation de 7 unités. Ils ont lancé un premier abordage qui a été détruits par les orks déjà présents sur le vaisseau. Il est probable que les orks du chantier spatial et du vaisseau ork lancent une deuxième vague d’assaut bientôt. » Les humains et le bossu sont perplexes. Ils avaient imaginé de nombreux scénarios, mais pas celui ci.
« Sommes-nous bientôt à portée du chantier ? » Demande Lagardère.
« Dans quelques minutes seulement. Dois je modifier la trajectoire ? » Demande l’intelligence artificielle ?
« Non, tu garde le contrôle des commandes. Les orks ne doivent pas savoir que le vaisseau est capable de se déplacer tout seul jusqu’à notre attaque. La manœuvre sera difficile, mais nous n’avons pas le choix. Artilleur ! Ou en est tu pour le canon de proue ? » Le Pacha n’a plus de doute. L’heure est bientôt à l’action.
« Les commandes sont basculées sur ma console. Comme le canon n’est pas dans un compartiment étanche et qu’il n’y a pas de champs de protection, il n’y a pas d’ork dans le compartiment. J’espère seulement que cela tiendra... » Répond Le Tellier qui revérifie encore son matériel.
« J’ai confiance en toi. On cappelle les tenues étanches et je veux un décompte avant de lancer les séquences d’attaque » Reprend le Pacha. Les deux hommes achèvent de s’équiper.
« Deux minutes quarante sept secondes. Deux minutes trente secondes... » Décompte dans le silence l’intelligence artificielle du Bossu.
Une nouvelle série d’éclair et d’étincelle se manifeste sur le Bossu. Les orks d’Hagork lancent un deuxième abordage. Mais contrairement à l’assaut précédent, les groupes d’assauts sont dispersés dans tout le bord. Les orks sont téléportés partout dans le vaisseau arcadien. Les orks qui ont la malchance de se matérialiser à proximité d’un point fortifié par les pirates sont hachés par les tirs des pirates. Quand aux autres, ils se regroupent et commencent à harceler les pirates. En quelques secondes, l’abordage dégénère en une série de combats individuels. Les tirs manqués ne cessent de provoquer des dégâts. Liaisons, systèmes d’aérations ou de secours sont atteints en de nombreux endroits. Seul le système principal de communication et de liaison avec l’intelligence artificielle, installé à part près de la coque, est sauvegardé. Mais les liaisons secondaires sont anéanties. En quelques minutes, l’intérieur du Bossu est transformé en zone de combat.
Par le plus grand des hasards, Hagork se matérialise avec ses nobs à proximité du groupe de pirate commandé par Jambe de Fer. Les deux chefs orks se mesurent du regard. Tout aussi surpris l’un que l’autre. Puis, ils foncent l’un sur l’autre à travers une coursive tout en actionnant en même temps leurs armes de tir. Malgré leur masses respectives, aucun des tirs n’atteint l’adversaire. Ils ne sont pas perdus pour tout le monde, les orks qui les accompagnent sont touchés et tombent à terre. Dans un hurlement dantesque, Jambe de Fer porte la première attaque. Un coup de kikoup frappe Hagork. L’armure de ce dernier arrête le coup, mais elle est détruite. Plus lent, mais plus puissant, Hagork frappe avec sa pince énergétique. Le coup aurait du décapiter le Pirate, mais celui ci a réussi à parer avec son arme de tir. Si l’automatik’ a stoppé l’attaque, il a été entièrement aplatit par la pince, faisant exploser les munitions, et surtout emprisonnant la main du chef des pirates. Ce qui ne l’empêche pas d’utiliser sa célèbre Jambe de Fer. Un méga coup de saton casse la jambe d’Hagork. Malgré la douleur, Le big boss s’accroche à son adversaire. Agrippés dans un corps à corps monstrueux, les deux boss orks se bloquent l’un et l’autre.
« Deux minutes... » Le Bossu continu son décompte.
« Arrêt de la gravité artificielle ! Déconnection des systèmes de sécurité passive ! Urgence combat ! Mise sous tension des propulseurs gravitiques ! » Ordonne Lagardère. Celui ci est angoissé. La destruction des réseaux secondaires intérieurs est un coup de malchance. Le Bossu, ex-Prométhé, est un vaisseau civil. Tous les systèmes de calcul, de communication et cognitifs qui permettent à l’intelligence artificielle de commander au navire et tout simplement d’exister sont construit selon des normes civiles. La destruction des réseaux secondaire signifie qu’ils n’ont plus de liaisons de secours. Proche de la coque, les systèmes du Bossu sont vulnérables à un tir touchant un nœud de communication. Cet abordage rend le Bossu particulièrement vulnérable. Presque malgré lui Lagardère ordonne.
« Je veux une sauvegarde de tes données personnelles. C’est un ordre ! » L’intelligence artificielle répond immédiatement. Sa réponse surprend Lagardère.
« Sauvegarde impossible, les archives sont pleines des données collectées lors de l’expérience et de deux cents ans d’observations spatiales » Conteste le Bossu.
« Écrase les archives ! Et c’est un ordre ! Je me moque de savoir combien il y a de lune autour d’une planète que je ne verrais sans doute jamais ! » Rétorque le Pacha.
« Une minute trente. Gravité stoppé, générateurs en chauffe. Les observations sont... »
« Moins importantes que toi ! Tu exécute les ordres du Pacha, un point c’est tout ! » La sortie de Le Tellier coupe Lagardère. Le Bossu répond avant que ce dernier confirme l’ordre de sauvegarde.
« Sauvegarde exécutée en tache de fond... Merci. Générateur à 75% » Pour la première fois, le ton du Bossu prend une inflexion presque humaine. Mais, à ce moment précis, les deux hommes sont alors trop occupés pour le remarquer.
La coupure de la gravité artificielle est soudaine. Trop pour que les orks qui sont occuper à se massacrer les uns les autres, le remarque immédiatement. Dès qu’ils se déplacent ou actionnent leurs armes, les orks commencent à flotter dans les coursives et les salles du vaisseau. Toutefois, l’absence de gravité, ne supprime pas l’inertie. Les orks continuent leurs mouvements et leurs trajectoires initiales. C’est pourquoi dans l’excitation des combats, ils ne remarquent encore rien.
« Une minute, sécurités passives mises hors service, générateur de gravité à 80%. Propulseurs de manœuvre prêts. Propulseurs principaux en charge. Sauvegarde personnelle en cours. » Énonce le Bossu.
« Bien ! Positions relatives et situation de l’armement principal et secondaire. » Lagardère dirige le vaisseau d’après les informations données par l’intelligence artificielle du bord. S’être caché dans la salle d’hibernation, après l’avoir camouflé, leur a permis d’échapper aux recherches exploratoires des orks. Mais en contrepartie, les deux hommes dépendent entièrement de l’intelligence artificielle du bord. Ils ne disposent pas des moyens de la passerelle pour mener autrement la bataille qui s’annonce.
« Nous dérivons, tracté sur l’arrière du vaisseau ork. Rayon tracteur en ligne de visée. Armement principal en fonction. Armement secondaire opérationnel, mais pas de cibles » Répond Le Tellier qui supervise l’armement et donc la partie tactique de l’opération qui s’annonce.
« Bien ! Il est temps de faire cesser cet abordage. Décompression de la coque ! » Ordonne le Pacha !
« Confirmation de l’arrêt des procédures de sécurités passives. Descellement des ouvertures de coques. Dépressurisation explosive des compartiments interne constaté » La majorité des ouvertures de coques du bossu s’ouvrent alors. Tout ce qui n’est pas solidement fixé est alors projeté dans l’espace. Malgré leur résistance naturelle, les orks subissent une décompression explosive qui les tue presque sur le coup. La décompression se propage à l’intérieur de tout le navire. Les dégâts à l’intérieur des coursives sont impressionnants. Les orks et le matériel sont aspiré par les mouvements de l’atmosphère du bord. Tout est propulsé vers les ouvertures de coque, vers l’espace. Quelques cloisons et sas sont obstrués par les débris. Des alimentations énergétiques sont détruites, provoquant des surchauffes locales. Mais, en l’absence de toute atmosphère, elles ne dégénèrent pas en incendie. En moins d’une minute, l’abordage du bossu est terminé faute de combattant.