Le Bossu Epilogue
Epilogue
7 mois standards après - Dans le système d’Arcadie - Sur le Bossu
« Après l’effondrement du Vortex, nous avons réparé et doté le Bossu des capacités qui lui manquait pour entamer la route vers Arcadie. Nous avons utilisé des éléments pris sur les épaves alentours pour faire les travaux. Si nous avons pu remettre en état la majorité des systèmes, l’intelligence artificielle initiale n’a jamais pu être restaurée entièrement. Je la considère comme une perte au combat.
La navigation depuis le cimetière spatial jusqu’a Arcadie nous à pris presque 5 mois. » Lagardère termine son rapport oral devant la commission militaire. Le Tellier est à ses côtés, au garde à vous. Le retour a été long et épuisant. Et par une étrange coïncidence, c’est l’Aurore qui a été le premier vaisseau rencontré. A ce moment, les deux hommes ont appris qu’ils étaient déclarés morts depuis le combat sur l’Aurore, mais ils avaient été promus et décorés à titre posthume.
La commission qui les auditionne est composée du commandant de L’Aurore, de deux officiers supérieurs de la marine arcadienne, de l’amiral commandant la flotte d’intervention, d’un ingénieur naval des arsenaux arcadiens, d’un inquisiteur de l’ordo xénos et d’un maître de Forge des space marines arcadiens. La présence de l’inquisiteur de l’ordo xénos s’explique par les données collectées par le Bossu sur les capacités de construction et de réparation spatiale ork. La présence d’un space marine d’un rang aussi important est exceptionnelle pour une commission finalement anodine. La commission va juste statuer sur les actions fournies par les deux hommes. Un acte plus administratif qu’autre chose, puisque le journal de bord du Bossu ex-Prométhé confirme la majorité des actes racontés par les deux hommes. L’action des deux hommes est de l’avis général est digne de toutes éloges.
Le rengagement au service actif des deux hommes précédemment déclarés morts au combat est un acte purement administratif lui aussi. Les premières reconnaissances arcadiennes ont confirmé l’existence de plusieurs épaves récupérables dont au moins deux croiseurs. Une véritable aubaine pour la marine arcadienne. Le simple fait qu’ils soient civils obligeraient la marine arcadienne à reconnaitre des droits d’inventeurs sur le cimetière spatial qu’ils ont découvert et nettoyé. Alors que s’ils sont reconnus comme étant en service actif, la propriété de ces vaisseaux revient directement à la marine arcadienne. Les primes et arriérés de soldes à leur verser ne sont rien à côté de cela.
Les space marines fourniront quelques escouades pour fournir une force d’assaut pour l’exploration des épaves et surtout préempter certains vaisseaux. Mais, tout cela ne justifie pas la présence d’un maître de Forge. Surtout de ce maître de Forge ; le techmarine Dupuis de Lôme. C’est le dernier descendant direct du fondateur des arsenaux arcadien. Il est richissime et doté d’un palmarès militaire long de plus de deux siècles particulièrement impressionnant. C’est presque une légende aux yeux de chaque arcadien. Lagardère baisse les yeux lorsqu’il son regard croise celui du space marine. Quelque soit les exploits qu’on lui prête, il n’a pas oublié la « mort » de l’intelligence artificielle qu’il considérait comme son ami. L’amiral tousse. Lagardère rougit, tandis que Le Tellier pouffe de rire. Lagardère, perdu dans ses pensés, avait oublié la commission.
« Le journal de bord du Prométhé, que vous vous obstinez à nommer Bossu, confirme vos déclarations. Pour moi, votre conduite est exemplaire. Toutefois, le rapport de l’officier énergie de l’Aurore jette un doute sur votre capacité à vous intégrer à une chaine de commandement classique »
L’amiral regarde alors Lagardère. Ce dernier ne rougit plus, il est blanc de colère. C’est l’artilleur qui répond à sa place.
« Amiral, je confirme que le Pacha serait un piètre officier marinier. Par contre comme officier, il a toute les capacités requises. » Lagardère redevient rouge, et encore plus muet qu’avant. L’amiral à un sourire narquois et reprend.
« Je préfère que vous n’énumeriez pas ces qualités, artilleur Le Tellier. Vous avez raison. Mais les difficultés d’intégrations du second maître admissible Lagardère sont réelles. Elles ne peuvent pas être ignoré » L’amiral se tait alors. Lagardère ne répond toujours pas. Il vient d’abandonner ses rèves d’officier technique.
« Vous restez silencieux ? Au vu de votre palmarès, vous ne pouvez pas restez un simple officier marinier, même supérieur. En quelques jours de commandement, vous avez détruits plus de navires orks que la majorité des officiers de la flotte.
C’est pourquoi, je recommande que vous intégriez la flotte spéciale en tant qu’officier à l’issu de la formation théorique d’officier. Le Tellier est lui promu « Maitre principal artilleur » et suivra les formations idoines. Avez vous une requète particulière ? » L’offre surprend les deux hommes. Ils ne s’attendait pas à ce qu’elle soit si généreuse. Sans surprise, Le Tellier parle le premier.
« Je souhaite servir sous les ordres du Pacha lorsqu’il recevra le commandement du Bossu ». La requête surprend les membres de la commission. Seul le maître de forge ne cille pas. Il est visible que la demande n’est pas du goût des officiers et de l’ingénieur naval. Ce dernier est le premier à répondre.
« Le Prométhé est très endommagé, même s’il peut facilement être rénové et se faire passer pour un escorteur ork. Sa rénovation serait disproportionnée par rapport aux services qu’il pourrait rendre à la flotte spéciale. Je ne parle même pas de votre armement principal, dont il faudrait créer des munitions spécifiquement pour lui. En résumé, il est hors de question de financer la rénovation de ce vaisseau »
« Ce vaisseau et ces hommes vous apportent une flotte sur un plateau et votre seule réaction à la requête de ces hommes c’est la pingrerie ? Où se trouve votre reconnaissance ? Où se trouve votre honneur ? » C’est le maître de Forge qui parle. Tout le monde est surpris et se tourne vers lui. Le space marine observe chacun en silence. Puis il se lève et reprend.
« Si nécessaire, je financerais sur mes deniers personnels la rénovation du Bossu. Si nécessaire, je demanderais personnellement à mon maître de chapitre l’incorporation du Bossu dans la flotte des Templiers arcadiens. Étant donné que le vaisseau est déclaré perdu corps et bien depuis deux siècles, les droits de la marine arcadienne sur cette coque sont nuls. Bien entendu, Lagardère et Le Tellier, en assurerait le commandement. » Le ton est égal, mais la menace est sous jacente. Pour une raison inconnue, le space marine a décidé de s’impliquer personnellement. Et au vu des regards effarés. Personne n’était averti de cette décision. Le premier à se reprendre est l’amiral.
« Au vu des circonstances exceptionnelles, les arsenaux vont rénover le Prométhé. » Le regard de l’officier supérieur à destination de l’ingénieur confirme l’ordre. L’amiral vient de donner un ordre qui n’est pas à discuter. Cela étant clair pour chaque personne, l’amiral reprend.
« Le Bossu, ex-Prométhé, sera rénové par les arsenaux arcadiens. Au titre de son comportement au-dessus de toute éloge, et à titre exceptionnel, le lieutenant de corvette de seconde classe Lagardère en assurera le commandement dans la flotte spéciale. » Le message est clair, l’amiral ne veut pas d’interférence avec les space marines. Il accède à la requête du maître de Forge, mais garde le contrôle sur tous ses vaisseaux et ses équipages. Le silence se fait lourd. C’est l’inquisiteur qui rompt un silence pesant.
« Et l’équipage en hibernation de l’ex-Prométhé ? Que va t’il leur arriver ?» L’amiral relit machinalement ses notes et répond.
« La procédure de réveil sera longue, deux ou trois ans, mais tous seront sauvés. Y compris le médecin du bord qui attend un enfant. »
« Ce n’est pas le médecin qui a supervisé les procédures d’hibernation ? » Demande l’inquisiteur.
« Non, c’est l’ingénieur chargé des systèmes cognitifs du bord qui l’a fait. D’après les journaux personnels qui ont été récupérés sur le Prométhé. Il semble qu’il soit le père de cet enfant. D’où cette décision si peu conforme aux procédures standards. » Répond l’amiral.
« Cet enfant et cette femme seront pris en charge par ma famille. Maintenant que les problèmes sont réglés, je souhaiterais parler à ces deux hommes. » Si l'affirmation du maître de forge ne semble pas surprendre l’amiral, les autres membres de la commission sont interloqués. Mais, la demande est un ordre à peine voilé. Tous se lèvent, et quitte la pièce en silence. Lagardère et Le Tellier font face au maître de Forge. Même sans son armure énergétique, il reste un space marine particulièrement intimidant.
« Vous pensez réellement que l’ingénieur a réussi à sauver sa personnalité dans l’intelligence artificielle du bord ? »
« Oui, Maître de forge. Avec nos moyens technologiques, c’est normalement impossible. Mais cet homme semblait particulièrement doué. De plus, c’est une procédure possible dans des mondes plus avancés technologiquement qu’Arcadie.» Le maître de Forge réfléchi un long moment et reprend.
« Vous pensez qu’il est mort ? Que cette nouvelle intelligence n’existera plus ?» Le Tellier répond à la place du Pacha.
« Nous ne savons pas. Nous avons essayé de restaurer sa sauvegarde. Mais elle était incomplète. Nous espérons qu’il reste encore quelque chose de notre ami. Mais si les systèmes de données du Bossu sont démontés, tout espoir est perdu. Il ne restera plus rien de lui. »
« Bien. Je n’en espérais pas tant. Il parait que vous avez trouvez un dessin d’enfant à côté du cadavre de ce jeune homme ? Pourrais je le voir ? » Lagardère et Le Tellier se regardent en silence. Puis au bout de quelques secondes, Lagardère sort d’un dossier une petite feuille de papier. Elle est ancienne, cassante et jaunie par le temps. Au centre se trouve un dessin d’enfant. Lagardère reprend.
« C’est étrange, mais c’est ce dessin qui nous a inspiré pour transformer le Prométhé en notre Bossu. C’est devant ce que l’on pourrait appeler l’enthousiasme de l’intelligence artificielle sur ce projet, que j’ai commencé à me demander si l’ingénieur n’avait pas réussi à sauver sa personnalité dans les systèmes d’intelligence artificielle du bord avant de mourir» Répond Lagardère. L’immense space marine pleure. Des pleurs d’enfants qui coulent le long de joue d’un géant. Celui ci n’écoute déjà plus les deux marins et murmure à voie basse.
« Merci grand frère. Merci d’avoir tenu ta promesse. Ton cadeau est encore plus beau que je pouvais le rêver... »