Furtivité dans l’espace
Habituellement, les discussions avec mes garçons inspirent mes posts surtout lorsqu’il s’agit de technologie. Mais cette fois, c’est la lecture d’un excellent site : « atomic rocket ». Hélas, ce site est rédigé dans la langue de chaquespire, shakespeare … heu … dans la langue de Byron !
Ce site parle de SF, de fusée, de détecteurs, de propulsion … mais aussi de langage et de commerce dans un futur plus ou moins proche tout en faisant le lien avec la science et la technologie actuelle. La personne qui a écrit ce lien a de solides connaissances en physique. Outre quelques compétences en anglais (mon anglais est très très mauvais), il faut pour apprécier ce site quelques connaissances en math et en physique (heureusement pour moi !!!). Dans l’ensemble les idées énoncées sont bien documentées, expliquées et appuyées par de nombreuses illustrations et équations (on est pas obligé d’apprécier les deux !!!).
C’est un site difficile à apprécier mais que je conseille vivement !!! J’en commence à peine la lecture, mais une chose m’a toutefois surpris, pour l’auteur « IL N’Y A PAS DE FURTIVITE DANS L’ESPACE ». Cette considération est appuyée de démonstrations mathématiques et physiques cohérentes. Malheureusement totalement déconnectées de la réalité. Je ne conteste pas les considérations physiques et techniques … ce que je conteste, c’est l’application de la furtivité a la chose militaire !!!!.
La furtivité n’est plus le « nec plus ultra » de la technologie militaire. Depuis les années 1990, les senseurs ont fait d’énormes progrès. On peut détecter de plus en plus loin des objets de plus en plus petit. De nouvelles technologies sont apparues rendant la furtivité moins déterminante qu’il à encore dix ans. De plus, il faut constater qu’il y a peu d’objet dans l’espace. Certes les distances sont importantes rendant les angles de discrimination très faibles (en français : plus l’objet à détecter est loin, plus il paraît petit, donc, plus il est difficilement repérable). A cela il faut ajouter l’augmentation du risque de perturbation des moyens de détection lié au milieu (émission électromagnétique des corps stellaires… ) ainsi que des différences entre la position détectée et la position réelle de l’objet (dus aux délais de détection et de traitement durant lesquels l’objet bouge … ) rendent une détection plus difficile.
En contre partie, les senseurs et les systèmes de traitement qui sont associés font énormément de progrès. Les systèmes de détections couplant plusieurs sources (optiques, radio… ) sont très efficaces. Mais surtout l’espace est très vaste. Il y très peu d’endroit pour se cacher… A priori, les « techniciens » d’atomic rocket ont donc raison : « il n’y a pas de furtivité dans l’espace »
Les militaires ont un grand respect pour la chose scientifique et technique. Malheureusement, les scientifiques et les techniciens n’ont aucune considérations pour les militaires, sauf lorsqu’ils s’agit de pomper des budgets. Et pourtant … de nombreuses innovations technologiques sont issues de du monde militaire. Ces derniers ont une conception très terre à terre de la technologie et encore plus de la façon de l’utiliser. C’est un concept propre à faire à faire hurler le moindre ingénieur. Ce que j’ai pu constater de mes propres yeux. (C’est très rigolo !!! … ).
Pour un militaire, la furtivité c’est quoi ?. C’est une technique qui permet d’être moins facilement repérable afin de pouvoir s’approcher suffisamment près d’un adversaire pour remplir sa mission. Le camouflage est une technique de furtivité. C’est la plus ancienne. Elle est rapide, disponible … et contrairement à certains gadgets actuels, toujours efficace. Si les marines militaires s’obstinent à peindre en gris sale les navires de combats à l’ère du radar … ce n’est pas pour faire le bonheur des marchands de peinture… De la même façon, si les équipages de char s’obstinent à recouvrir leurs véhicules de boue et de branches … ce n’est pas pour le plaisir de salir leurs véhicules.
La furtivité, peut être renforcée en détournant l’attention de l’ennemi ailleurs. C’est le rôle de la diversion. On utilise des leurres. On peut aussi saturer les senseurs adverses d’objectifs de façon à ce qu’ils ne puissent plus distinguer le bon du mauvais. Souvent, c’est un panachage de toutes ces techniques qui sont utilisées.
Ces techniques se font contre les senseurs adverses. Historiquement, contre des senseurs humains (visuels, sonores, odeurs …) et maintenant des senseurs électroniques (ondes électromagnétiques, chaleur …) J’ignore quels seront les senseurs utilisés dans l’espace (gravitationnel ??) … Mais tant qu’il faudra que des hommes se battent, ils tenteront de se camoufler, d’être furtifs. Le but n’est pas d’être indétectable (quoique si on pouvait …), mais simplement de gagner quelques secondes, quelques mètres. C’est peu, mais cela fait la différence entre une mort héroïque, mais inutile et une mission réussie et surtout le retour à la maison vivant du militaire.
Les notions exposées dans « atomic rocket » sont des notions actuelles. Elles ne tiennent pas compte des avancées actuelles ou à venir. La furtivité peut s’obtenir de manière active ; un hologramme camouflant un vaisseau en astéroïde par exemple. Des émissions radio électriques annulant les signaux actifs des senseurs adverses ou reproduisant le bruit électromagnétique qui l’entoure…
La furtivité peut aussi être passive : peinture imitant le fond de l’espace et limitant les réflexions sur la coque. Si certains appareils anglais de reconnaissances ont été peints en rose pale lors de la seconde guerre mondiale, ce n’est pas à cause des orientations sexuelles de leurs pilotes. Cette teinte leur permettait d’être plus difficilement détectables par les pilotes adverses le matin lorsqu’ils rentrait à leur base. Ils n’étaient pas indétectable, ils étaient plus furtifs …
La furtivité ne se réduit pas aux seules techniques et technologies actuelles. Elle n’est que l’un des éléments de travail des militaires durant leur mission. Pour terminer il faut prendre en compte cette dernière considération : les militaires vont s’adapter à leur milieu et développer une nouvelle façon de l’appréhender, comme ce fut le cas pour le milieu naval, aérien … de nouveaux senseurs vont se développer, mais de la même façon, les militaires trouveront des techniques, des technologies pour s’y soustraire. Dire que la furtivité n’existe pas dans l’espace c’est raisonner à technologie constante … sans tenir compte de l’imagination humaine…