Uchronie : Roumanie 1944 - Une zone de Conflit spéciale. Année 1943
Ouverture d’une conférence à Anfa réunissant Churchill, Roosevelt et Reynaud. L’absence de représentant de L’URSS se fait sentir : le débarquement en Norvège est définitivement abandonné. Toutefois, les alliés ne parviennent pas à se mettre d’accord. Les Américains et les Anglais s’opposent sur les choix à faire. Les instances choisissent d’attaquer partout en méditerranée. Les Américains débarqueront en Italie. Les Anglais débarqueront en Grèce. Les Français n’ont pas les moyens de débarquer sur le sol métropolitain. Toutefois, ils choisissent d’attaquer en Sardaigne et en Corse. Ce qui leur permet de soutenir les Américains et d’agir pour le territoire métropolitain. La légende veut qu’en apprenant ce compromis très politique, De Gaulle impose à Paul Reynaud un cours d’histoire militaire et de stratégie qui durera plus d’une journée.
Pour garder intact le lien franco-britannique, De Gaulle promet le soutien de la marine nationale et un corps expéditionnaire aux anglais pour les opérations en Grèce. De la même façon, une brigade de la légion étrangère débarquera avec les Américains lors des opérations en Italie. Dans l’esprit de tous, il s’agit avant tout de présences symboliques. Après mure réflexion, Roosevelt impose à son état major de faire comme les Français… au grand soulagement des armées françaises et anglaises (1).
Singapour tombe aux mains des Japonais en février. Piètre consolation, le Surcouf à juste le temps d’évacuer un dernier groupe d’enfant dans des conditions dantesques. Fatigué par autant d’opération le sous-marin doit être admis en grand carénage à Pearl Harbor.
Mac Arthur impose une série d’opérations afin de libérer au plus vite les Philippines alors que la Marine et l’aviation US cherchent à frapper directement le Japon. Si les capacités industrielles et démographiques américaines sont suffisantes pour cette stratégie en plus des opérations en Europe. Elles permettent aux japonais d’intervenir en nombre à tour de rôle dans les deux théâtres d’opération. Si le pétrole hollandais lui permet d’intervenir ainsi. Le Japon n’a pas les moyens de combattre dans le Pacifique et de protéger son commerce maritime. Les sous-marins américains et français coulent une part de plus en plus importante du tonnage civil Nippon. Privé de ces navires, la marine japonaise doit abandonner les garnisons les plus éloignées. Les Américains décident de contourner ces derniers plutôt que tenter de couteux débarquements. Le dernier soldat japonais de ces garnisons abandonnées ne se rendra qu'en 1974 (2). Malgré son courage, les Japonais sont peu à peu repoussés par une flotte américaine qui prend de plus en plus d’importance. L’arrivée en nombre des navires et avions américains finit par rendre négligeable l’assistance navale française. Toutefois, la flotte française continue de profiter des facilités US dans le Pacifique.
La Thaïlande se retire du Cambodge sous la pression des britanniques et des groupes Viet Minh. Ho Chi Minh commence à négocier avec L’amiral Decoux l’après conflit. Ce dernier ne veut rien céder, mais accepte d’envoyer une représentation vietnamienne auprès du gouvernement français en Algérie. C’est le début de la décolonisation.
En France, Giraud qui s’était échappé de sa prison, prend le commandement des FFI. Sous son commandement, les FFI disputent le contrôle de tout le sud de la France aux Allemands. Les forces de gendarmerie, puis de police passent discrètement sous son contrôle sur le territoire métropolitain. Les Allemands tentent de créer des unités de volontaires français pour contrer les FFI. Puis, ils montent des unités d’auxiliaires composés de prisonniers russes sous commandement allemand. Le grand nombre de prisonniers leur permet d’assurer une meilleure présence sur tout le territoire. Toutefois, ces troupes sont peu motivées et les désertions sont nombreuses. Au final, les FFI intègrent de nombreux ex-prisonniers russes dans leurs rangs.
Les Russes achèvent leur offensive d’Hiver. Malgré des pertes monstrueuses, ils avancent en Ukraine. Les ressources alimentaires et surtout pétrolières de cette zone lui donnent un intérêt stratégique primordial. Les Soviétiques, comme les Allemands se renforcent sur ce théâtre d’opération. Les groupes armés deTito secouent la Yougoslavie, privant les forces de l’axe du soutien de cet état. Seul le contrôle politique et policier nazi en Roumanie et en Hongrie maintient les pays d’Europe centrale dans l’Axe.
En avril, les Américains débarquent en Italie, les Français en Sardaigne et les Anglais en Grèce. Ces opérations simultanées surprennent le haut commandement allemand qui met un certain temps à réagir. Discrédité, ses meilleures troupes étant en Russie ou en Grèce, Le Duce est écarté du gouvernement par le Roi. Cela permet aux Français et aux Américains de débarquer et d’avancer sans avoir à combattre.
Régulièrement ravitaillé par le sous-marin Casablanca depuis le début du conflit. Les FFI de Corse se soulèvent. Peu motivées, les troupes italiennes se replient en bon ordre et abandonnent l’île (3).
Les Anglais par contre se heurtent à des troupes germano-Italiennes entrainées et tenaces. Grâce à l’appui de la population grecque et la forte mobilité du corps expéditionnaire français, l’avancée anglaise est lente mais continue (4). La progression alliée dans cette zone remonte en direction de la Roumanie est considérée avec méfiance par Staline. Pour ce dernier l’Europe centrale fait parti de la future sphère d’influence soviétique. Il ordonne aux alliés de stopper aux frontières grecques (5). Alors que les Français et les Américains hésitent, Churchill décide de passer outre (6).
Le débarquement en Italie est initialement un triomphe pour les Américains. Le Duce est mis en prison, et le gouvernement italien demande un Armistice. L’avancée des troupes italiennes se fait en profondeur sans opposition. Mais les Allemands libèrent Mussolini lors d’un raid de commando (7), et les troupes allemandes et les fascistes italiens commandés par Rommel (8) bousculent les Américains. L’offensive allemande oblige les Américains à exécuter une retraite proche de la débâcle et à envisager de rembarquer. Seule l’action de la légion freine les Allemands et les Italiens avec de nombreux combats retardateurs. Ces actions permettent aux américains de se regrouper et de se réorganiser (9). N’ayant ni supériorité aérienne, si moyens logistiques suffisants, Rommel réorganise les troupes allemandes et les fait replier sur la zone des monts Cassin. Là, il laisse quelques troupes de montagne et les parachutistes pour « bloquer » les alliées. Le reste des moyens disponibles est dirigé sur le front russe, grecque et le renforcement du front français (10). Les besoins du front italien vont absorber la majorité des moyens US en Europe sans grands résultats. Profitant des actions américaines en Italie, les Français bénéficient d’une relative accalmie sur leurs zones d’opération. Ils réorganisent leurs forces maritimes et aériennes pour utiliser la Corse et la Sardaigne comme tête de pont pour un débarquement dans le sud de la France. Les Allemands se heurtent aux FFI. Manquant de moyens lourds, ces derniers sont repoussés dans le massif central. Par contre Franco assure les alliés de sa parfaite neutralité. Ce qui sécurise un potentiel flanc Est dans cette zone.
L’Axe engage plusieurs offensives d’étés en Ukraine. Mais la supériorité numérique des russes les bloque avant des les obliger à quitter ce front. À l’automne, les Soviétiques, enfonce le front ukrainien et arrivent en Roumanie (11) à l’automne.
Les alliés percent le front grec à la même période (12). La jonction entre les forces soviétiques, anglaises et américains (la présence française est symbolique) se font en décembre face à une armée allemande encore redoutable. Cette présence agace considérablement Staline. Il pose alors un Ultimatum aux alliés : Ils doivent quitter cette zone de combat sinon ils seront considérés par les forces soviétiques comme des envahisseurs et attaqué (13).
Au début 1944, la Roumanie devient alors une zone de conflit spéciale où les Allemands, les Soviétiques et les anglo-américains sont tous les trois ennemis.
(1) Historiquement, le pentagone US aborde la seconde guerre mondiale avec une suffisance extraordinaire lors de la seconde guerre mondiale. Ignorant, pour le plus grand malheur des militaires US sur le front, de tenir compte de l’expérience alliée. Il s’obstinera à n’en faire qu’à sa tête sur terre (Afrique du Nord) sur mer (début de la bataille de l’Atlantique) ou dans les airs (raids de bombardier lourd de jour de la 8th force).
Toutefois, les USA ont les moyens de leur démesure : lors de la seconde guerre mondiale. Ils appliqueront les plans de Mac Arthur ET de la Navy pour lutter contre le Japon tout en choisissant de combattre l’Allemagne nazie et en soutenant l’URSS, la Grande Bretagne et la France en leur fournissant l’armement suffisant. L’option US de l’uchronie est donc logique.
Le choix britannique dans l’uchronie est basé sur l’absolue nécessité pour les Britanniques de maintenir ouverte la route entre le Royaume Uni et le reste de l’Empire. Le contournement de l’Afrique est une solution de repli, mais elle est trop couteuse en combustible, en temps, en moyens humains et matériels.
Quand au choix français, il s’explique par des raisons de politique intérieure (libérer le territoire national), mais aussi de politique extérieure. Participer aux actions anglaises et américaines, c’est un moyen de se garantir une place de choix lors du règlement du conflit. Toutefois, les armées françaises sont alors en plein rééquipement en ne pourraient envoyer autre chose que des corps expéditionnaires.
(2) Historique.
(3) Historique. Le Casablanca commandé par L’Herminier, n’a pas coulé un seul navire lors de cette épopée, mais c’est le seul sous-marin crédité de la libération d’un territoire !
(4) Historiquement, Montgomery est un tacticien moyen, mais c’est stratège correct et surtout un excellent logisticien (ses batailles en Afrique du Nord et en Sicile le prouvent). Les armées anglaises bénéficient d’une couverture aérienne continue et d’un soutien logistique constant. Au contraire, un corps expéditionnaire français disposerait d’une forte mobilité surtout en zone montagneuse comme l’a prouvé les campagnes en Tunisie et en Italie. Dans l’Uchronie, il faut ajouter la connaissance du terrain des grecs et l’appui de la population. La couverture navale au départ, puis aérienne à partir de bases avancées donnent un avantage certain aux alliés.
L’appui américain est réel dans les domaines logistiques et le soutien aérien. Toutefois, au sol les Américains manquent d’expérience, dispose d’un matériel inadapté et surtout agissent avec des doctrines inadaptées. Historiquement, l’armée américaine en serait à l’opération Torch. Les premiers combats contre l’Afrika Korps à Kasserine montre à quel point sans soutien allié les troupes US sont vulnérables.
Malgré une résistance opiniâtre des troupes allemandes et Italiennes, ne peuvent pas s’y opposer. Ce fait est d’autant plus important que la pression russe en Ukraine, puis en Roumanie rend ce théâtre d’opération secondaire. Les moyens aériens et logistiques de l’Axe seraient détournés au profit du front russe.
(5) L’hypothèse de la sphère d’influence soviétique repose sur plusieurs repère historique. Tout d’abord la volonté russe d’accéder à la méditerranée. C’est un désir qui remonte au Tsar. Et qui sera le motif de l’intervention Franco-anglaise au côté des Ottomans au XIXe siècle. Malgré la défaite, l’activisme Pan Slave des tsars, sera repris par les communistes. Le contrôle de cette zone géographique permettrait à ce projet d’aboutir. Historiquement, « l’adhésion » des pays d’Europe centrale au communisme et l’activisme communiste en Grèce après la seconde guerre mondiale soutient cette possibilité.
(6) Historiquement cette action a eu lieu plus tard.
(6) Tout l’activisme anglais depuis la fin des guerres napoléoniennes vise à contrôler les flux maritimes dans cette zone. La guerre de Crimée, la prise de contrôle du canal de Suez, les opérations des Dardanelles montre une constante politique, économique et militaire des anglais. L’histoire montre que Churchill a le caractère suffisant fort pour défier Staline. La France aurait d’autres priorités, quand aux État Unis, ils n’avaient pas encore compris à l’époque que leur prochain adversaire serait l’URSS et la politique US issue de la doctrine Monroe tendent à laisser le contrôle de ces zones à la charge des États européens à partir du moment où les flux maritimes sont laissés libres.
(7) Dans l’Uchronie, l’Axe n’a pas eu à soutenir les opérations en Afrique du Nord et au Moyen Orient. Les moyens économisés par les Allemands et les Italiens permettraient de soutenir des opérations dans les Balkans (qui ont eu lieu historiquement), en Italie et sur l’ensemble du front russe.
(7) Historiquement, Les Nords coréens ont réussi cela avec beaucoup moins de moyens. L’action de la légion française se base aussi sur les combats de Bir Hakem en Afrique du Nord et aussi sur ceux du détachement français lors de la guerre de Corée.
(9) Si Rommel est un fonceur comme le prouve ses combats de la première et de la seconde guerre mondiale. C’est aussi un homme qui a été formé dans la guerre des tranchés. Il connaît la valeur des fortifications et sait combattre en montagne. Historiquement, c’est lui qui a organisé le mur de l’Atlantique. L’organisation des forces pour verrouiller l’Italie est donc tout à fait dans ses « cordes ».
La majorité des ressources industrielles et économiques Italiennes se trouvant dans le nord, il vaut mieux pour les fascistes se replier pour contrôler cette zone et laisser la « charge » du reste de l’Italie (qui est en guerre depuis les années 30 (Ethiopie… ) aux alliés. Historiquement c’est ce qui se passe en 1944.
(10) Dans l’Uchronie l’Axe bénéficie des moyens non utilisés historiquement en Afrique. Par contre, les Soviétiques bénéficient en masse des équipements fournis par les anglo-américains par les convois de Mourmansk. La supériorité navale alliée, limite l’action des sous-marins allemands de manière considérable. Cette limitation des pertes en tonnage civil conduit à des livraisons plus importantes aux forces françaises et anglaises. Elles limitent les coûts pour leur économie. Quand au surplus de capacités industrielles, cela permet des livraisons de matériels plus importantes pour les Soviétiques. Cela joue peu pour les blindés, mais est primordial pour le matériel logistique (Camions, jeep) et aériens. Les Russes ont à la fois plus d’hommes, de blindés et d’avions que les Allemands. Mais surtout, ils ont les moyens de les déplacer à leur convenance.
Ces livraisons d’armes sont d’autant plus importantes que les Allemands n’ont pas les moyens de les intercepter. Malgré l’apparition de nouveaux blindés (Tigre, Elephant, Panther…), les Allemands n’ont pas les moyens de s’y opposer. Ceci sans compter les problèmes qui ne manqueraient pas d’apparaître en Yougoslavie, en Pologne et dans les autres pays d’Europe centrale. Tout cela limite considérablement les possibilités des forces de l’Axe.
Il est amusant de constater que dans un tel contexte les Allemands gagnerait logiquement la bataille de Koursk (décidée par Hitler) et réussirait à réduire la ligne de front sur cette zone. Mais dans cette Uchronie, cette zone de combat devient secondaire par rapport au flanc sud. Si Staline réoriente l’armée rouge, vers le sud, les Allemands n’ont pas les moyens logistiques de redéployer suffisamment de forces pour s’y opposer. Si, les Allemands avaient réorienté leurs forces vers le sud, du fait des liaisons ferroviaires, les armées sud (Gudérian) n’auraient été renforcées qu’au compte goutte et auraient du reculer pour garder leur cohésion. L’hypothèse d’un second « Stalingrad » où les troupes allemandes se réfugient dans une ville ou dans une zone pour stopper les Russes est hautement improbable.
(11) Le terrain sur le front grec est favorable à la défensive. Les zones montagneuses limitent les avantages liés à la supériorité aérienne et numérique des anglo-américains. Toutefois, la proximité des zones maritimes permet au rouleau logistique allié de s’exprimer pleinement. L’impact sur la direction des offensives alliés oblige à rester à proximité de la mer et à se diriger vers la Roumanie.
Les forces aériennes Italiennes et surtout allemandes capables de contester la présence navale sont limités en nombre. Leur action en plus serait contestée par les porte-avions de « poche » et leurs chasseurs et surtout par les croiseurs anti aériens. Historiquement, de tels navires feront leur preuve lors de l’évacuation de la Grèce par les Anglais et la bataille de Crête. Disposant en plus d’un soutien aérien limité et surtout d’un soutien logistique en munition conséquent. Quand à la France, la modification de caboteur par l’adjonction de pièces automatique de calibre moyens (au pire les « pompom » dont la Navy se débarrasse à l’époque), donnerait à la flotte française de nombreux navires anti-aériens rustiques, peu couteux et surtout sacrifiables !
La force aérienne anti navire italienne ne peut que s’user face à un tel adversaire dans l’Uchronie.
Pour les Allemands, leurs meilleurs aéronefs anti-navire sont les JU87. Mais les Stuka sont leurs meilleurs avions d’attaque au sol. La priorité au front Est limiterait leur présence en méditerranée.
(12) L’antagonisme entre les anglo-américains (avec les Français) est les Soviétiques est basé sur plusieurs faits historiques. Tout d’abord l’action de la diplomatie soviétique a toujours visé à recouvrer les possessions de l’Empire des Tsars. Ce qui explique les accords entre les nazi et les Soviétiques avant l’affaire de Pologne en 1939. L’intervention alliée serait donc vue d’un très mauvais œil.
Lors de l’insurrection de Varsovie. Les Soviétiques ont laissé les Allemands massacrer les Polonais, leurs troupes stoppant leur offensive. Pire, les avions et la DCA soviétique tentèrent d’abattre les avions anglais qui essayaient de ravitailler les Polonais. L’assaut soviétique ne fut donner qu’une fois Varsovie « nettoyée ». Un tel comportement, apporte un argument de poids à l’Uchronie.
Du côté allié, il ne faut pas oublier qu’historiquement en 1945, Patton avait l’intention de lancer ses divisions au-delà de Berlin… contre les Russes. Sa mort, qui arrêta la préparation de l’opération, reste encore très mystérieuse. Mais de nombreux historiens parle du soutien des alliés à des unités allemandes encore opérationnelles en Europe centrale et en Russie qui menait un combat d’arrière garde alors que l’armistice avait été signé. De plus, l’utilisation des bombes atomiques au Japon en 1945, s’inscrit contre un débarquement au Japon, mais aussi au moment où les Soviétiques lancent un assaut contre l’Empire du soleil levant. Delà à dire, que l’opération servait à la fois d’avertissement aux russes, il y a un pas que franchissent quelques historiens.