Puissance de feu … et réalité…
Il y a quelque temps, mon ainé avait réalisé une sorte de pièce d’artillerie légère à partir de rabiots. L’ensemble était sympa et il en était très fier à juste titre.
Il fallait les statistiques de l’engin. Utilisant le tube de l’autocanon d’un Prédator space marine, Ce scratch pouvait être une pièce automatisée de défense. L’autocanon est une arme polyvalente … mais mon garçon souhaitait avoir des statistiques toujours plus impressionnantes… pour un coût en point négligeable. Un souhait contraire aux règles du jeu, mais qui est aussi incompatible avec ce que je nommerais le « principe de réalité ».
A W40K chaque capacité à un coût en point. Plus une figurine a de capacités (blindage, armement, vitesse …), plus elle coûte cher en points. Les possesseurs d’armées dotées de figurines puissantes ont peu de figurines. Ce qui permet aux autres (possesseurs d’armées différentes) d’avoir des chances relativement équilibrées de gagner. L’éternelle question de la quantité contre la qualité se repose à chaque partie. A ce titre « l’arme de la mort ultime qui tue » souhaitée par mon garçon à l’époque est impossible.
Il y a à W40K une sorte de principe de réalisme. Dans ce jeu, toute capacité (viseur amélioré…), armement, armures doit être clairement visible et identifiable sur la figurine. Le joueur adverse doit pouvoir voir à qui il a affaire dès que les figurines sont posées sur la table. Lors d’une partie, on ferme parfois les yeux entre amis pour une ou deux figurines. Souvent la figurine souhaitée existe dans le codex (le livre qui représente toutes les troupes et équipement d’une armée); mais elle n’est pas encore en vente ou elle n’est plus disponible. Alors, on fait comme si…
Il y a aussi les approximations (parfois hasardeuses) de certains maquettistes du dimanche (dont je fais partie … même si je maquette rarement le dimanche !).
Il y a également le plaisir de jouer. Les gens n’ont en général rien contre si l’on propose des règles alternatives mais seulement si elles sont crédibles et équilibrées
Souvent, histoire d’appuyer mes propos (et de ramener ma fraise) je propose un exemple (non, pas la peine de rêver, vous n’y couperez pas !!!). Celui du FAMAS me vient immédiatement à l’esprit. A la fin des années 60, l’armée française souhaite remplacer le fusil standard (MAS 36), le pistolet mitrailleur (MAT 49) et le fusil mitrailleur (MAC 29) par une seule et même arme qui doit en plus être capable de tirer des grenades !
Les ingénieurs vont réussir le tour de force de remplir tous les éléments du cahier des charges. L’architecture Bullpup alliée avec une grande cadence de tir permet FAMAS de remplacer un pistolet mitrailleur. Cette même architecture lui permet d’avoir un canon relativement long, donc suffisamment précis (la précision est même améliorée par la présence d’un bipied lors d’un tir couché) pour remplacer un fusil. Ce canon long, avec la cadence de feu possible, lui permet de remplacer (en théorie) un fusil mitrailleur. Enfin, il peut tirer des grenades (AC58 et APAV40) avec des munitions spéciales (dispositif compliqué avantageusement remplacé par des lances grenades M203 fixé sous le canon maintenant). L’arme personnelle « ultime » était donc disponible. Sauf, que l’arme est très complexe et surtout couteuse! Son coût est si prohibitif que la version G2 (qui mettait l’arme aux dernières normes OTAN (nouvelles munitions et compatibilité des chargeurs)) n’a équipé que la Marine Nationale. L’équipement de l’armée de terre était trop coûteux pour les finances françaises. À cause de ce coût unitaire, le FAMAS ne fut jamais exporté malgré ses réelles qualités.
Comme pour le canon de mon ainé, le FAMAS peut faire plein de chose … mais à un coût beaucoup trop prohibitif. Il y a un principe de réalité dont il faut absolument tenir compte. C’est ce dernier qui fait de W40K un jeu aussi intéressant.
Quant à l’œuvre de mon grand, il a écumé les champs de bataille de W40K en figurant un canon Thunderfire avec un techmarine. Il figurait une figurine officielle et utilisait des statistiques officielles… ce qui a pleinement satisfait mon fils, ses adversaires et … le principe de réalité.