Un robot mou… un concept pas si absurde
Les robots ont toujours été perçus comme des mécanismes métalliques dont les organes sont des pinces ou des membres métalliques. Par définition, les robots sont aussi durs que le métal qui les recouvre. Au-delà de cette perception populaire, le concept de robot « mou » fait actuellement peu à peu surface.
Depuis Vaucanson et son célèbre canard, la robotisation s’est toujours inspirée de la nature. Toutefois, pour des raisons pratiques, les robots ont toujours eu une « carapace », une peau rigide. La principale raison est liée à la protection des mécanismes internes. Ceux ci sont fragiles et couteux. Ils doivent être protégés contre les frottements, la poussière et de très nombreuses nuisances. Le métal, parce qu’il était disponible et facile à travailler, a longtemps été utilisé. C’est ainsi que c’est développé dès le début du XXe siècle l’assimilation des robots à des être métalliques dans la population… et ce bien avant l’apparition du seul terme « robot ».
L’apparition de la robotique industrielle n’a fait que renforcer cette image populaire. Si le plastique prend une place de plus en plus importante, l’aspect métallique, rigide, solide lié au métal devient l’aspect normal des robots pour le plus grand nombre.
Parce que la population japonaise vieillit, les scientifiques nippons se lancent dans l’étude de robots capables d’interagir avec les humains. Ces robots devront suppléer aux manques de personnel médical et social prévisible pour faire face aux besoins d'une population âgée. La création de robots capables d’interactions sociales va battre en brèche la représentation mentale du robot. Les Japonais cherche à copier et à ressembler à l’homme. Il doit comprendre les communications non verbales humaines et y répondre. Pour cela, il faut aux robots un visage humain. Ce concept qui va inspirer de nombreux auteurs. Le robot s’inspirant de plus en plus de l’homme va devenir son équivalent et s’intégrer dans la société humaine. La dernière série Galactica, mais aussi d’autres séries SF, montrent les problèmes juridiques, sociaux et aussi sentimentaux que posent l’apparition de robots spécifiquement conçus pour interagir avec les humains. Des concepts anciens. Ils étaient déjà mis en évidences dans plusieurs épisodes de la « 4e dimension »…
Le robot « mou » serait un nouveau type de robot. Un squelette interne rigide, sur lequel sont implantés des muscles synthétiques. Ces derniers ne sont pas protégés par une carapace ou une peau externe solide. L’objectif étant de faire un robot dont le contact serait comparable à celui d’un être vivant. L’intérêt peut sembler limité. Pourtant des robots médicaux ainsi conçus seraient une grande aide pour les infirmiers, ils apporteraient puissance et précision dans le geste, tout en limitant le stress ressenti par les blessés ou les malades. Les muscles synthétiques de ces robots, capables de se contracter comme leurs équivalents biologiques, seraient commandés par groupes d’électrodes internes.
Cette voie est aussi prometteuse pour la conception de prothèses. Contrairement aux prothèses actuelles, elles pourraient être plus facilement acceptées par leurs utilisateurs. Elles seraient comparables à des membres humains, non seulement par leur capacité, mais aussi par leur aspect visuel ou lorsqu’ils seraient touchés.
Les progrès sur les matières synthétiques permettent même d’envisager une certaine capacité d’auto réparation. Ce point est essentiel en l’absence de « coque de protection ». Cette capacité d’auto réparation se ferait par encapsulage de « colles » dans les muscles. Ce procédé est déjà en cours d’expérimentation. Toutefois, l’apparition en laboratoire de matériaux capable de se reformer après avoir été découpé laisse apparaître de nouvelles possibilités.
Au-delà des robots dans le seul domaine médical, l’apparition de robots mous ouvre de nombreuses possibilités. Des robots « vers » pour le contrôle et la réparation de conduites souterraines sont une des voies les plus évidentes. Les militaires sont aussi fascinés par les possibilités de muscles synthétiques. Les actionneurs existants sont mis hors services dès qu’ils sont touchés. Des muscles capables de se réparer permettent de gagner du poids sur le blindage, tout en offrant une meilleure résilience au combat et en simplifiant le maintien en condition opérationnelle. Des systèmes d’armes utilisant ces « muscles synthétiques » pourraient mettre en action des canons ou des missiles sur des navires ou des véhicules de combat terrestre.
Au final, le robot « mou » pourrait devenir la norme et rendre les robots dotés d’exosquelettes au rang de curiosités.