Le destin de l’Europe s’est il joué sur la marne ou en Italie en 1914 ?
En 1914, la flotte française est en tonnage la quatrième flotte de combat du monde après la Royal Navy, l’US Navy et la flotte impériale allemande. Face à l’Italie et l’Autriche Hongrie, la flotte française à pour tâche de contrôler la méditerranée, alors que la Royal Navy luttera face à la flotte impériale allemande. Si la flotte française reste impressionnante en tonnage, la conception de la majorité de ses bâtiments est dépassée. La majorité des flottes de combat dans le monde comprennent des cuirassés de type Dreadnought, voire super-Dreadnought. Mais la flotte française est restée fidèle aux croiseurs cuirassés. Ces derniers représentent une réelle innovation à la fin du XIXe siècle surtout face à la royal navy de l’époque… mais depuis, ces types de navires manquent d’autonomie, de puissance de feu et imposent une logistique disproportionnée par rapport à leur efficacité.
La répartition des colonies de l’Empire anglais et français imposent de contrôler les flux maritimes dans la « mare nostrum ». Mais la triple alliance (Empire allemand, Austro-hongrois et Italie) dispose de flottes plus petites (La flotte italienne est moitié moins importante que la flotte française en tonnage), mais aussi modernes. Mais surtout, c’est la position géographique de l’Italie qui démultiplie l’efficacité potentielle de la flotte italienne sur les convois anglais et français.
Au vu des résultats des corsaires allemands de la première guerre mondiale, l’impact d’une flotte italienne combattant les Français en méditerranée aurait pu être décisif. Ce d’autant plus que la flotte italienne aurait reçu le renfort de la petite, mais non négligeable flotte Austro-Hongroise.
Lorsque l’Italie rejoint les rangs alliés, les Austro-Hongrois sont obligés de soulager la pression sur l’armée Serbe, qui va pouvoir retraiter vers la Grèce. La flotte des Austro-Hongrois se retrouve bloquée dans ses ports. Même si la marine Italienne ne participe pas beaucoup de combat, ce résultat est déjà en soit une grande victoire stratégique. Mais surtout les convois apportant ravitaillement et troupes en France et au Royaume Unis passent sans beaucoup de pertes.
Que ce serait il passé si ….
Personne n’en sait rien. Mais cela peut ouvrir la voie à bien des Uchronies. Si l’impact sur les combats de 1914 est limité. Les renforts en troupes coloniales limitent considérablement les offensives désastreuses de 1915 pour les Français. Ce qui pourrait être positif à long terme. L’armée française en 1915 est en pleine mutation, et l’armée impériale allemande est tournée vers l’Est face aux offensives russes. Une position plus défensive de l’armée française permet d’intégrer et d’entraîner les nouvelles troupes et de les doter d’équipement plus modernes (mitrailleuses, canons lourds, premiers chars …) qui sortent déjà de nos usines. Si ce point est potentiellement positif, les errances du haut commandement français en 1915 et 1916 montre aussi que les doctrines françaises sont totalement ineptes. Le courage, réel, de nos « poilus » ne suffit pas face aux mitrailleuses retranchées dans des positions bien établies à l’avance des quelques troupes allemandes qui restent sur le front Ouest. Et les premiers chars sont de mauvaise qualité et surtout sont utilisé presque au hasard. C’est l’absence de doctrine éprouvé qui rends les pertes inévitables et malheureusement sans gain tactique et/ou stratégique. Là encore, il y a trop d’incertitudes pour avoir une idée de ce qui se serait passé sur le front Ouest si l’Italie n’avait pas changé de camps...Toutefois, l’impact d’une Italie dans le camps de l’Empire du Kaiser peut avoir aussi des implications plus directes sur le Front ouest surtout si l’on considère la zone méditerranéenne. Ce que le premier lord de l’amirauté anglaise, Churchill, appelle le « ventre mou de l’Europe ».
L’impact sur le front Est est limité. Dans notre histoire, l’empire Ottoman bloque les détroits et empêche le ravitaillement d’une armée russe courageuse … mais insuffisamment dotée en armement. Le maintien de l’Italie auprès de ses alliés n’aurait fait qu’avancer dans le temps ce blocus.
Par contre l’impact sur le ventre mou de l’Europe (Serbie, Grèce …) est lui immédiat. Ce qui libère des troupes Austro-hongrois et Italiennes qui peuvent se tourner contre la France (front alpin) et face à la Russie. De ce fait, malgré les Alpes, notre pays est obligé de libérer des troupes (Ce qui empêche les offensives de 1915) et surtout augmente considérablement la pression sur un Empire Russe courageux, mais sous équipés et sans soutien. A long terme tout aurait pu être chamboulé…
Le manque ravitaillement depuis les colonies implique un recours accru aux USA. Ce qui aurait des effets encore plus importants sur les finances françaises et anglaises… et un épuisement accru de la population. Toutefois, les Hussards noir de la IIIe république ont éduqué, mais aussi endoctriné l’ensemble de la population française depuis un demi-siècle. Ce point ne jouerai pas avant plusieurs années de conflit. Enfin, l’ensemble des flux logistiques provenant des colonies pouvaient être détournés sur l’Océan atlantique. Même en cas de défaite navale majeure de la flotte française, les flux logistiques auraient été retardés, auraient subi de lourdes pertes face aux sous-marin du Kaiser.
L’année 1914 est marquée par la victoire de la Marne … mais la victoire de la diplomatie française et anglaise en retournant l’Italie contre son camp est tout aussi importante, voire plus.