Paris, une ville typiquement Steam Punk (1)

En se replongeant dans les littératures du XIXe siècle, on peut observer combien cette période est riche, mais aussi combien elle est cruelle. Cette époque qualifiée de Victorienne, qui correspond au second empire et au début de la IIIe république en France, est marquée par une richesse insolente qui côtoie la misère la plus sordide. On pense à la très riche Angleterre et au miséreux quartier de Whitechapel. La simple lecture de Sir Doyle suffit pour le rappeler.
A bien des égards, le Paris du second Empire, en concentrant tous les travers de l’époque, mais aussi ses progrès et ses métamorphoses, est LA ville emblématique du Steam Punk.
Avant la prise de pouvoir de Napoléon III … tout d’abord élu en tant que président de la république, Paris est à la fois une ville de science, avec ses universités et ses centres de recherches, une ville industrielle avec ses usines et aussi (on l’oublie) une ville agricole. En effet, On élève du bétail pour la viande, le lait et aussi pour la gestion des déchets. Les dernières fermes intra-muros ne seront fermées qu’après la seconde guerre mondiale. Paris concentre une importante population ouvrière. Non par choix, mais par besoin, l’agriculture se modernise, et les besoins en personnels sont moindres pour des rendements déjà plus importants. De ce fait, une part importante de la population parisienne est au chômage et vie d’expédients. Un problème qui existe déjà sous l’ancien régime. Mais Paris est aussi une ville moyenâgeuse. Les rues sont étroites, les détritus et les ordures ne sont pas évacués et l’alimentation en eau … est le seul fait d’une Seine déjà bien polluée. D’ailleurs ce qui choque et scandalise les plus riches parisiens, c’est que les riches sont aussi malades que les pauvres ! Paris est d’ailleurs l’objet de bien des moqueries de la part des Anglais et des londoniens en particulier.
Le futur Napoléon III, lors de ses années d’exils, va vivre à Londres, il mesure combien la citée anglaise est en avance de bien des façons. Gestion des déchets, urbanisme moderne… tout le fascine. Mais moderniser Paris est difficile. Les maisons et immeubles parisiens sont des propriétés privées. A l’époque l’état n’a pas le pouvoir d’exproprier. Et surtout la population parisienne est prompte à s’enflammer...
Lorsque Napoléon III prend le pouvoir après son élection, il se dote d’un instrument d’un pouvoir sans précédent : « l’expropriation pour utilité publique ». Cet instrument, mis entre les mains du préfet Haussmann, va permettre de transformer Paris. Les immeubles et maisons sont abattues. Cela permet d’ouvrir des boulevards rectilignes et larges, de refaire des immeubles … et de permettre au second empire d’achever le Grand Œuvre d’Henri IV : Achever le palais du Louvre.
Haussmann fait de Paris le principal nœud de communication français. Les gares sont reliées entre elles. Les routes sont dégagées, les halles de Paris, le ventre de Paris de Zola, sont créés avec des moyens de communications propre. Des immeubles, selon des normes qu’ils imposent sont créés à la place des habitations insalubres. Mais ce n’est pas tout. Pour lutter contre le choléra, endémique, il crée un approvisionnement en eau et un réseau d’égout qui est toujours fonctionnel. Des espaces verts sont aménagés et même l’ancien Montfaucon, le lieu des pendaisons de l’ancien régime, devient un parc.
Pour tous ces travaux, et c’est un ordre de Napoléon III, la population au chômage de Paris est largement employée. De fait, la rénovation de Paris, financé par le partenariat public privé et stimule la croissance française qui devient insolente. Les frères Pereire vont financer les travaux, et se lancer dans la spéculation foncière en revendant les immeubles nouvellement construits. Les besoins et les travaux sont tellement importants que l’industrie française est stimulée. Les travaux parisiens vont aider à transformer la France en une nation industrielle.
Transport, hygiène, habitat, confort… la transformation de Paris est radicale et en fait une capitale moderne à la mode. C’est à cette époque, que Paris devient la ville lumière symbole de progrès social. Une ville qui pourtant garde encore la trace de son passé grâce à ses monuments qui deviennent des points de repères.