Le paradoxe de tout univers SteamPunk, l’énergie ayant le plus de potentiel est l’électricité et non la vapeur.

Pour tout amateur de SF Victorienne, le steam Punk est un monde où la vapeur, comme source d’énergie est omniprésente. Mais cela n’est pas tout à fait vrai. Même pour Jules Verne, qui est une référence incontournable de ce genre d’univers, la vapeur est importante, mais elle n’a pas le potentiel de l’électricité.
La première révolution industrielle est celle de la vapeur. Elle permet l’industrialisation de l’Europe occidentale, des USA et du Japon. C’est la source d’énergie des navires militaires et civils… même une part plus qu’importante utilisent encore la voile. Les mythiques clippers sont des navires à voiles, et les péniches qui représentent le plus important moyen de transport terrestre de fret de l’époque sont majoritairement à traction animale. Par contre, le transport de passager est assuré par des engins à vapeurs. Trains, Bus, paquebots sont à vapeur, même si les calèches à chevaux sont incontournables dans les grands centre urbains comme à la campagne. Les engins à vapeur sont fiables, le charbon est abondant et abordable… il ne semble pas y avoir de concurrence possible… et pourtant…
L’électricité est connue depuis Thales (600 av JC). Il s’agit de l’observation de phénomènes statiques. C’est en 1799 que Volta invente la pile électrique. Le XIXe siècle voit l’éclosion de l’électricité comme objet de recherche, puis comme objet industriel. Avec Edison et la production de lampe électrique, se pose la question de la production et du transport de l’électricité. En France, la première ligne électrique date de 1883. Les industries se dotent de plus en plus d’appareils électriques de toutes sortes. Télégraphe puis Téléphone deviennent incontournables. Grâce à Tesla, la création d’infrastructures électriques opérationnelles permet de rendre accessible à tous l’usage d’appareils électrique. Ce que l’on appelle la seconde révolution industrielle commence.
Comme on le voit le « SteamPunk », pourrait aussi se nommer le « punk électrique » ou « l’électrique punk ». Jules Verne, j’y reviens, a dans ces ouvrages de nombreux mode de transport à vapeur (la maison à vapeur, Une île flottante), mais les engins électriques sont tout aussi nombreux et peu être plus important comme le Nautilus. De fait, c’est la propulsion électrique, avec la vapeur, puis le diesel, qui permet la création des premiers submersibles modernes. Ils feront des ravages dès la première guerre mondiale. Renard et Krebs, en 1884 font avec le dirigeable « France » le premier vol propulsé en circuit fermé avec la distance record, pour l’époque, de 8 km. Le moteur de ce dirigeable est électrique.
Même les voitures électriques, dont on nous rabat les oreilles avec leurs batteries ultra modernes et malheureusement ultra polluantes, datent du XIXe siècle. En 1930, l’écossais Anderson imagine la première voiture électrique. Mais la batterie n’est pas rechargeable. C’est le physicien français (hé oui) Gaston Planté qui invente la batterie rechargeable en 1859. Après moult péripéties, la technologie électrique est fiable. Le 18 décembre 1898, la « DUC » imaginée par Mr Jeantaud établit un record de vitesse (63km/h). Le bolide est piloté par le célèbre coureur automobile de l’époque Chasseloup-Laubat. Un an plus tard, le belge Jenatzy au volant de sa voiture « la jamais contente » est le premier véhicule à dépasser les cent kilomètre/heure (105,88 km/h). Les voiture électriques de l’époque ne sont pas que des engins de records, ce sont des engins fonctionnels. En 1901, les PTT françaises utilisent un véhicule électrique conçu par Charles Mildé.
Ce sera la première guerre mondiale, qui sonnera le glas de la propulsion électrique et imposera les moteurs à explosion. Ces derniers sont lourds, capricieux, mais leur coût logistique est plus compatible avec celui des opérations militaires. L’électricité ne sera plus utilisée pour les transports durant le XXe siècle.
Comme on le voit, le XIXe siècle et le début du XXe siècle ne sont pas l’ère de la Vapeur. Celle-ci est prédominante. Elle a permis l’industrialisation de l’occident. Mais, déjà, elle est considérée comme dépassée. L’énergie qui semble prometteuse, l’énergie de l’avenir est déjà l’électricité…