Canon Gatling, arme du futur ou arme du passé ?
Avant toute chose, il faut définir ce qu’est un canon Gatling. Le Gatling est une architecture. Ce sont des canons qui tournent autour d’un axe. Chaque « tube » possède sa chambre et son mécanisme de percussion.
De ce fait, les canons d’assaut des space marines (ceux des terminator par exemple …) ne sont pas des Gatling, Il n’y a qu’une seule chambre et qu’un seul mécanisme de percussion pour plusieurs tubes. Dans un Gatling chaque opération de tir (chargement, verrouillage, percussion puis extraction et éjection de la douille) se fait simultanément pour chaque tube. Si pour un tube, l’opération est « relativement » lente, l’ensemble a une cadence de tir infernale.
Cette architecture est très sure. Elle permet de contrôler la température de l’ensemble en répartissant les frottements sur les tubes et en imposant un mouvement rotatif qui contribue à limiter la montée en température. De plus un incident de tir sur un tube ne bloque pas l’ensemble de l’arme. Dans la majorité des cas, la munition défectueuse est tout simplement éjectée.
Le canon Gatling a pour intérêt sa très grande cadence de tir. Ce qui implique de fortes réserves de munition pour l’utiliser. Mais aussi, et contrairement à ce que l’on croit, une grande précision de tir. L’architecture peut être facilement adapté aux petites munitions (5,56mm Otan jusqu’au 30mm). Mais il a existé des canons semi-automatiques pour la défense des navires utilisant le 37mm jusqu’au 50mm. Ces derniers, conçus en France en 1873 seront utilisés jusqu’à la fin de la première guerre mondiale.
De fait le Gatling est une arme ancienne. Conçu par Gatling (si!), un médecin voulant limiter le nombre de soldat sur les champs de bataille. Elles dotent l’armée US en 1865. Contrairement à ce que véhicule les « western spaghetti », la Gatling est très peu utilisée. Il y en a peu. Elle consomme énormement de munitions (qu’il faut apporter)… c’est une arme qui ne sera presque pas utilisée lors de la guerre de secession.
Comme le canon à balle de 13mm acheté en nombre par Napoléon, les officiers ne savent pas comment l’utiliser. Son affut n’est pas adapté et bloque son arc de tir, rendant son utilisation laborieuse. Bref, c’est un échec.
Ce sera la guerre de Cuba qui va montrer les capacités de cette arme. « Teddy » Roosevelt n’en voulant pas, il donne cet équipement aux mitrailleurs chargés de défendre la Havane. Là, elles sont modifiées par la troupe et mise en batterie dans des tranchées. Si leur cadence, n’est plus aussi impressionnante qu’autrefois, les mitrailleuses Gatling sont robustes et fiables. La Gatling acquiert à ce moment une excellente réputation.
Ce sont dans les guerres de colonisations avant la première guerre mondiale que les Gatling vont être utilisées avec succès. Robuste et fiables, elles sont parfaites pour défendre des avant-postes, des canonnières ou des trains face à des bandes armées sans artillerie. Mais la mitrailleuse Maxim, plus moderne, plus maniable et tout aussi efficace va prendre sa place. La Gatling est petit à petit oubliée.
Son principe est redécouvert avec intérêt après la seconde guerre mondiale. Les combats aériens, ou la défense anti-aérienne nécessite une énorme cadence de tir. Cadence de tir que ne peuvent plus offrir les canons automatiques mono-tube. Par contre, l’architecture Gatling, modernisée et motorisée par un moteur électrique, permet cette cadence de tir… Les USA vont sortir le Vulcan, et surtout le mythique GAU-8 Avenger pour le A10. Les Russes utilisent la même architecture pour le 23mm de DCA naval.
Les modernes Gatling ont une telle cadence de tir, que chaque tir utilisant des balles traçantes donnent l’impression de voir un « rayon de la mort ». Très vite, le cinéma s’en empare et le Gatling devient l’arme de soutien absolu. On peut voir un Gatling en action utilisé par un fantassin dans « Prédator ».
Repris dans les western, les manga, les dessins animés et les jeux vidéo, les canons gatling deviennent l’arme futuriste par excellence.
Et pourtant, sa forte cadence de tir impose son usage dans des véhicules qui peuvent emporter un énorme stock de munition à l’exclusion de tout autre chose (A10, M113 vulcan, navire … ). Avec le ZSU 23, les russes démontrent que l’on peut obtenir avec un jumelage un système d’arme tout aussi valable, mais bien plus simple à mettre au point. De fait, l’architecture Gatling prend une place et à un poids important. Si les nano technologie permettent la production de canon supportant mieux les fortes pressions et les fortes températures, ce sont les Gatling qui vont se retrouver dépassées. De même, si les canons électromagnétiques sont (enfin) mis au point, la portée limitée des Gatling va se révéler être un véritable handicap...
De fait, la technologie militaire est train de se modifier en profondeur. L’utilisation de l’électricité à la place de la poudre devrait permettre une véritable révolution militaire. Cette dernière aurait autant d’impact que la transition des armes mécaniques (arc, arbalète, trébuchet…) aux armes à poudre (pistolet, mousquet, canons… ). Et dans cette transition, le Gatling risque fort d’être tout aussi dépassé que les autres armes à poudre.