Bolt Action : Campagne Peenemunde : Historique (3)
16 janvier 1944
L’amiral Kouznezov est de très mauvaise humeur, considéré comme le spécialiste soviétique des assauts amphibies, il vient d’hériter d’une mission qu’il sait impossible. Et évidemment… juste avant d’avoir, enfin, le grade d’amiral de la Flotte !
Peenemunde ! Au cœur de la baltique prussienne ! Rien que cela ! Pour cela, il doit envoyer des navires qu’il n’a pas, devant une côte ennemie truffée de mines, la côte d’un pays pas si neutre que cela étant donné les nombreux échanges entre les nazi est les Suédois ! Tout cela sans avoir ni radar, ni équipement pour repérer les dispositifs ennemis…
Bien sur… il a l’entier soutien du Nkvd, du GRU et du parti… ce qui ne lui est d’aucune aide…
Aucune aide ? L’amiral se met à réfléchir. Prenant une tasse de thé, il se met à penser aux Anglais et aux Américains. Les premiers disposent d’excellents radars et des techniciens qui vont avec. Étant donné l’importance de la mission, ils peuvent bien fournir équipements et spécialistes… ce qui permettrait de mieux comprendre cette technologie. Les Américains sont d’excellents mécaniciens. Ils ont déjà transformé de vieux destroyers en transport d’assaut avant l’attaque japonaise… Ils pourraient fournir les pièces détachées pour transformer quelques vieux navires. Les « Novik » par exemple, sont sacrifiables… Il pourrait en sacrifier quelques-uns…
Maintenant, convaincre les Anglais et les Américains ne devraient pas poser de problème… Les fusées allemandes menacent aussi bien la mère patrie que les capitalistes… Après tout, si il a le soutien du parti…
Reste, la Finlande et la Suède. Paradoxalement, la Finlande sera facile à contourner. Sa marine n’existe plus. Mais sa force aérienne peut poser des soucis… Mais Kouznezov n’est pas qu’amiral, il est aussi commissaire du peuple. A ce titre, il a accès à des renseignements suffisant pour savoir qu’un accord entre la Finlande et la mère patrie ne sera pas un souci.
Quant à la Suède… L’amiral pose sa tasse. La Suède, et les relations avec les autres nations sont le souci du parti. Lui doit seulement mettre au point cette opération. Ce qui n’est pas rien !
27 janvier 1944
Juho Kusti Paasikivi est estomaqué. Il tente de négocier avec l’URSS depuis des semaines. Même si il a le soutien de son gouvernement, aux yeux de nombreux Finlandais, il passerait pour un traître. Mais, même avec l’aide de l’Allemagne, la Finlande n’a pas les moyens de lutter contre « l’ogre russe »… il faut trouver une issue avant qu’il soit trop tard pour son pays.
Mais la demande soviétique le laisse sans voix. La première partie est déjà dure à admettre. Laisser passer dans les eaux territoriales une force de combat dans un sens … et dans l’autre. La seconde est encore plus extravagante. Il doit convaincre les Suédois, de laisser eux aussi passer cette même force de combat… Comme si les Suédois allaient l’écouter…
Silencieux, les émissaires soviétiques attendent avec patiente qu’il prenne la parole. Après un moment de réflexion, il demande quelle contre-partie les Soviétiques sont prêts à accorder au Suédois et à également son pays. La réponse des Soviétiques sidère l’émissaire Finlandais.
3 février 1944
Le convoi RA 56 part de la péninsule de Kola à destination de la Grande-Bretagne. Les marins anglais ont remarqué que les « soviets » avaient envoyé une délégation d’officier plus importante que d’habitude. Mais cette délégation est particulière, elle comprend en plus des « huiles » de nombreux officiers et ingénieurs… dont le seul centre d’intérêt sont les radars et leurs capacités. Si les techniciens fournissent de nombreux détails, les soviets sont des alliés, les officiers du convoi ne savent pas quelle attitude adopter vis-à-vis d’eux.
Conscient du dilemme anglais, les Soviétiques assomment les états majors de réunions et de demande de renseignement, alors que leurs techniciens discutent autour de vodka avec leurs homologues anglais. Lorsque le convoi arrive le 11 février, les Soviétiques ont suffisamment d’informations sur les capacités estimées des systèmes allemands et les systèmes de contre-mesure anglo-américain. Les techniciens embarquent sans attendre à destination de Kola par le convoi JW57 le 20 février. La perte du destroyer Mahratta par un U-boot tuera les techniciens soviétiques à son bord. Mais, ceux présents sur le destroyer Keppel donneront à l’amiral Kouznezov, les renseignements dont il a besoin.
10 février 1944.
« Ivan Ivanovitch Ilyitchev, je suis ravi de savoir que les Finlandais et les Suédois vont laisser passer ma force de raid. Mais, sans vouloir vexer le GRU, le Nkvd et le parti, il s’agit d’un pays neutre et d’un adversaire. Adversaire coriace et obstiné. Comment pouvez vous en être certain »
L’officier général du Nkvd reste silencieux. Il observe l’amiral en silence. Le chef du GRU sirote sa vodka. L’amiral insiste.
« Vous pouvez parler tranquilement, je réponds des marins qui se trouvent dans les locaux voisins »
La réponse de l’officier du Nkvd lui fait froid dans le dos.
« Nous le savons, ils travaillent pour nous ! ». L’amiral manque de s’étrangler. C’est le chef du GRU qui reprend la discussion.
« Après cette expédition, nous allons signer un accord avec la Suède. Il stipulera que les échanges entre la Suède et l’Allemagne rentre bien dans le cadre des échanges commerciaux diplomatiquement admis entre un neutre et un pays en guerre. L’URSS ne demandera rien malgré les facilités accordées à l’Allemagne ces dernières années. »
« Bien, les Suédois ont du être ravis ! Mais les Finlandais ? »
« Nous commencerons les négociations pour la fin des combats sur la base des traités de 1940 dès le retour de la force de raid… voire avant… »
« Il n’y aura pas d’annexion comme pour les pays baltes? » Le ton est amer. Tous ont en souvenir, les monstrueuses pertes essuyées face à cette minuscule armée.
« Non, leur indépendance sera garantie… mais ils vont le payer cher ! »
19 février 1944
Le général Eisenhower est bien embêté. Monter une opération amphibie de première ampleur avec les Anglais, mais aussi, et surtout les inévitables français, est tout sauf une sinécure. Malgré tout le prestige du Suprème Headquarter Allied Expéditionnary Force (Shaef), son rôle consiste surtout à tenir à distance les politiques pour que les militaires puissent accomplir leur difficile mission avec le minimum d’interférence. Et maintenant, les Soviétiques s’invitent dans la partie...
« Qu’en pensez-vous ? »
Son second, le général Montgomery, est un tacticien moyen, un excellent logisticien, mais c’est surtout un animal politique de première importance. Son avis est donc toujours utile et pertinent si l’on tient compte que le principal objectif de cet homme est sa propre carrière.
« Ils n’ont rien demandé à Téhéran. Mais là, parce que l’on a raté cette fichue opération Cockdade, ils veulent nos spécialistes, du matériel et des informations… » Montgomery réfléchit longuement avant de reprendre.
« Ceci dit, si ils ont raisons, ces fichues fusées vont être un sacré problème. D’après les informations qu’ils nous ont fournies, nous pouvons lutter contre ces avions automatiques. Mais face à des fusées provenant de l’espace, nous sommes particulièrement vulnérables. ! Je ne parle mêmes pas de ces fusées capable de traverser les océans. Mais sur ces dernières… je suis sceptique »
« Donc, vous êtes d’accord ? »
« Certainement, nous devons leur fournir ce qu’ils demandent. Les informations les radars de la marine allemande : les Seetakt sont déjà disponibles dans tous les convois. Ils finiront par mettre la main dessus. De toute façon on peut être certain que le général Martini à déjà mis le docteur Hollmann sur une version améliorée. Quant aux commandos que nous enverrons, ils nous permettront de garder la main sur les Soviétiques et d’avoir un œil sur ce qui se passe sur cette satanée base. Le reste, les grues et même les tanks DD ne sont que de la ferraille... Quant aux raids aériens de diversion pour cette opération. « Harris le boucher » va hurler au loup, mais il mettra ses escadrilles de Mosquito et quelques bombardiers lourds à notre disposition… La Huitième Air Force fera de même je suppose... »
« Tout à fait. Nous sommes donc d’accord. De plus, je mets en alerte nos forces aériennes pour ces rampes de lancement d’avions automatiques. Quelques reconnaissances devraient nous confirmer tout cela »
« Les fameux résistants français auront sûrement des renseignements supplémentaires. »
« Oui, nous pourrions même en tirer profit dans le cadre de Fortitude... »
Dans l’heure qui suivait plusieurs messages partirent du Shaef. Les gouvernements US et Britanniques, sur l’avis donnèrent leur aval pour la mission sur Peenemünde. Les politiciens en découvrant l’existence d’armes nouvelles prenaient conscience que cette boucherie qu’est la guerre pouvait aussi les toucher personnellement. Ce qui les scandalisa. Pour ces mêmes politiques, les scientifiques et les techniciens allemands des fusées devenaient des cibles prioritaires. La prochaine guerre se préparait dès maintenant...