Le système de guerre français contre les mines navales ; un exemple de robotique militaire opérationnelle
Les mines représentent le moyen le plus simple pour empêcher une marine d’’accomplir ses missions. Même la toute puissante US Navy a dû plusieurs fois rebrousser chemin faute d’avoir des moyens de lutte contre les mines suffisamment performantes.
Car les mines, quelque-soit leur type, peuvent endommager ou couler tous les navires qui passent à portées. Presque invisibles (surtout les plus modernes), elles peuvent rester opérationnelles durant des dizaines d’années. Il faut donc non seulement pouvoir les repérer (pour les éviter), mais si possible les détruire même une fois le conflit achevé.
Notre propre marine, comme les marines belges et hollandaises a dû développer une réelle expertise après la seconde guerre mondiale. Tous les belligérants, à un moment ou à un autre, ont miné nos cotes. Même de nos jours, la marine nationale doit intervenir pour détruire ces reliques de la seconde guerre mondiale.
L’intervention est dangereuse. Conçues pour endommager les navires les plus résistants, les plongeurs prennent des risques incensés dans un milieu où toute intervention est compliquée et difficile. C’est pourquoi, la lutte contre les mines est le secteur ou la robotique militaire a trouvé ses premières applications.
La marine nationale met très vite en œuvre des « Poissons autopropulsés » ou « PAP » à partir de ses chasseurs de mines. Les PAP sont des robots filoguidés qui permettent d’intervenir à distance de sécurité des mines depuis des CMT ou chasseurs de mines Tripartites.
Ce système est mis en œuvre à partir des années 1980 et reste encore actuellement efficace. Ce seront les modestes CMT européens qui vont déminer les approches de l’Irak lors de la guerre du Golfe. L’US Navy ne s’est jamais intéressé aux mines. De fait, ses moyens sont et restent médiocres. La marine US compte sur les marines européennes de l’OTAN pour lui dégager le passage.
Si les PAP restent utiles, ils commencent à être à la peine face à des mines plus modernes comme les furtives mines Manta que l’Italie a vendue à de nombreux pays et qui sont maintenant répandues. En 2010, la France lance avec la marine britannique le système de lutte anti-mines du futur (SLAMF).
Le SLAMF est composé d’unités robotisées qui permettent aux équipages de rester à distance de sécurité sur un navire-base ou bateau mère. De là, ils peuvent piloter plusieurs drones qui vont accomplir dans la zone minés des missions spécifiques. Des navires-robots mettent en œuvre des sonar pour repérer mines et cartographier les fonds. Cette mission reste toujours à faire car les fonds marins se modifient en permanence. Des robots sous-marins vont inspecter les zones suspectes pour préciser le danger et avoir sa configuration. Ils sont mis en œuvre depuis les navires-robots. Au pire, la mine sera activée, ce qui détruira le robot, mais éliminera le danger. Une fois les données collectées, un robot spécialisé déposera une charge explosive. Cette charge en explosant, neutralisera la mine. On parle de « pétarder » la mine.
Sur le papier un tel dispositif est simple à expliquer. Dans les faits, il met en œuvre de nombreuses technologies de pointe en simultané.
Ce système représente le « Nec plus Ultra » de la robotique militaire navale appliquée à la guerre des mines. Projetable, opérant à 300 mètre de profondeur (contre 100 pour le PAP), ce système est conçu par Thales. A travers le monde, il n’a qu’un seul concurrent comparable… qui est aussi français ! N
aval Group et ECA vient de remporter l’appel d’offre néerlando-belge pour un nouveau système de guerre des mines qui est le pendant du SLAMF.