La création du premier complexe militaro-industriel lors de l’ère Steam punk : La puissance de feu
La puissance de feu résulte de trois facteurs qui s’additionnent. Le premier est la capacité de destruction de chaque arme, de chaque munition. Le second est lié à la cadence de tir de chaque arme, le troisième qui est souvent ignoré est la capacité à mettre en œuvre le nombre le plus important possible chaque arme. A ces facteurs, il faut en ajouter d’autres qui vont limiter, pondérer la puissance de feu. Par exemple, sans précision, une arme est beaucoup moins efficace, La facilité de mise en œuvre, la rusticité d’un matériel sont d’autres facteurs qui peuvent limiter l’intérêt d’une arme.
En pleine ère Steam Punk, les armes bénéficient de la construction de tubes en acier à haute résistance permet de tirer plus loin, des projectiles plus imposants. La rayure des tubes qui permettent la stabilisation gyroscopique des projectiles. La précision en est augmentée d’autant. L’étanchéité des culasses permet d’augmenter la cadence de tir. Mais l’évolution la plus importante est l’apparition des poudres colloïdales. Ces dernières permettent d’abandonner la poudre noire. On y gagne en production, en sécurité lors du stockage (même à long terme). D’un point de vue tactique, la poudre colloïdale est une révolution. Elle permet de tirer sans fumée. Ce qui évite de se faire repérer à chaque tir. Cette poudre est créée en 1884 par Mr Vieille. Il permet de créer une nouvelle génération de fusil à répétition avec magasin. En 1886, la France adopte le fusil Lebel qui équipera en 1914 les 3 580 000 hommes mobilisés.
En 1885, Maxim invente la première mitrailleuse moderne. Dans ce domaine, la France tatonne. C’est seulement en 1907 qu’est adopté la « Saint étienne ». Dotée d’une cadence de tir impressionnante, cette arme est peu fiable. Elle est remplacée par la « Hotchkiss ». Une arme moins performante, mais d’une robustesse à toute épreuve. Elle sera utilisée lors des deux guerres mondiales par de nombreuses armées.
Ces innovations ne concernent que les armes individuelles. L’artillerie y ajoute encore d’autres innovations.
La France augmente la puissance explosive de ces obus grace à la mélinite (inventée par Turpin) qui a un potentiel explosif multiplié par 25 par rapport à la poudre noire. En 1891, on crée les obus à balles à fusées à temps. L’obus explose avec un temps programmé à l’avance… juste au-dessus de l’unité visée pour le cribler de balle.
Toutefois, l’innovation la plus importante pour l’artillerie est le lien élastique. Chaque tir implique un recul du canon. Il faut donc repointer l’arme à chaque fois, ce qui prend du temps. Les cadences de tir sont limitées.
Le lien élastique permet d’absorber le recul à chaque tir. Ce qui permet d’augmenter la cadence de tir. L’exemple le plus célèbre est le fameux « canon de 75mm ». Lorsque les officiers de l’Empire du Kaiser en découvre l’existence (lors des 55 jours de Pékin), ils sont éffarés. Pour eux, le « 75 » français est un « canon mitrailleuse » ! Face à lui, l’artillerie de campagne allemande, qui vient d’être renouvelée, est dépassée. Les 77mm allemands doivent être tous modifiés à grands frais… ce qui se fera au dépend d’autres équipements. Avant même, la première guerre mondiale, le « 75mm » donne déjà l’avantage aux armées françaises et à ses alliés. Ce matériel développé entre 1891 et 1897 est l’œuvre de militaires : Le général Mathieu, le Lt Colonel Deport, le Commandant Sainte-claire Deville et le Lieutenant Rimailho. En 1914, la France dispose d’environ 5 000 pièces principalement produits entre 1897 et 1903. Toutefois, cet effort se fait au dépand de l’artillerie lourde. Certes, les technologies appliquées au « 75mm », le sont avec succès aux pièces les plus lourdes. Mais les pièces ainsi produites sont destinées à l’exportation. En 1914, la France ne possède que 104 canons de 155mm moderne !
L’artillerie navale profite également de ces évolutions techniques. En 1893, le 305mm qui équipe nos derniers cuirassés peut tirer un obus de 345 kg à la vitesse initiale de 795m/s avec une cadence d’un coup toutes les deux minutes. Si la performance est excellente, le débattement des tubes limite la portée à moins de 10 000m. Il faut dire, que nos systèmes de pointages ne peuvent plus être utilisés au-delà de cette distance. Mais la pièce, avec le débattement adapté aurait pu doubler la portée ! On considère qu’entre 1883 et 1913, la puissance de feu d’un cuirassé est multipliée par … 100 ! Les mines et les torpilles permettent eux d’augmenter la puissance de feu des petites unités.
D’u point de vue tactique et stratégique, l’état-major français ne comprend pas l’importance des armes dites « industrielles ». Il se prépare à une nouvelle version de la guerre de 1870. Mais, la préparation de l’outil industriel, aidé par l’utilisation des stocks produits et mis de côté (système De Bange), va permettre de mettre en place une artillerie lourde moderne qui petit à petit va faire pencher la balance au profit de la triple entente.