Les régiments robotisés de l’US Army : Un programme pharaonique.
Il y a peine quelques jours, j’ai posté une page sur le parallèle entre les univers de fiction et la robotique militaire à venir. Depuis, il faut noter que plusieurs articles dans la presse spécialisée semble confirmer les évolutions des programmes qui se mettent en place.
L’US Army veut changer totalement son organisation en intégrant des régiments robotisés dans ses bataillons. Les forces de reconnaissances seraient basées sur des engins très faiblement blindés… et sacrifiables. Ces forces sont chargées d’assurer les missions de reconnaissances armées et d’éclairage classiques tout en conservant une certaine puissance de feu. C’est le terme de « sacrifiable », qui est officiel, qui surprend. Ces robots doivent donc être limités en coût et pouvoir être remplacé facilement. Ce qui implique de fortes contraintes logistiques. Mais là aussi, le programme US a été mûrement réfléchi : les contraintes de logistiques sont définis en fonction des moyens actuellement existants. Les programmes pharaoniques précédents (Zumwalt, F35 … ) qui ont fait la fortune des industriels semblent abandonnés au profit de programmes plus limités, mais pouvant s’intégrer facilement dans les forces actuelles. Ce qui renforce la crédibilité de ce projet. Il faut noter que ces robots qui semblent basés sur des véhicules robotisés sont moins performants dans les missions de reconnaissances que les troupes actuelles … sauf dans un cas : la permanence dans la durée, la reconnaissance électronique et le combat numérique. A ce titre, les robots actuels peuvent assurer des missions complémentaires et compléter utilement les moyens déjà existant.
Ces robots seront complétés par des robots plus lourds fortement blindés. Là aussi : nulle révolution. Il s’agit de robots dont la technologie est basée sur celle des engins blindés actuels. Ce sera des robots qui ne seront rien d’autre que des véhicules de combat blindés robotisés. Mais la grande différence par rapport aux prédictions des industriels est l’insertion de l’homme dans la boucle de commandement. Si les Intelligences artificielles seront là pour gérer les armes. La décision de tir appartiendra à des combattants formés et entraînés. Mais là aussi, les industriels sont mis de côté. Plus question de poste de commande à l’autre bout de la planète… dont les transmissions peuvent êtres compromises. Le programme actuel est basé sur des blindés de « commandement » qui vont gérer les robots de combat. A ces engins, vont s’ajouter les moyens de communications et de commandements classiques et des drones et des munitions vagabondes qui sont déjà en cours d’étude.
Au final, on trouve des unités de combats robotisées basées sur des technologies déjà existantes. Ce faible risque industriel et opérationnel permet de penser que leur production et leur déploiement sera rapide. Il faut noter que ces unités seront capables de combattre de manières autonomes ou de s’insérer dans des groupes de combat déjà existants. Dans ce cas, le plus probable, les robots offrent le moyen de s’insérer et de combattre dans le champ de bataille électronique et aussi numérique en même temps que sur les champs de bataille traditionnel.
Si les moyens mis en œuvres semblent limités, il faut noter que par rapport aux armées de l’US Army et à la mesure de leurs effectifs, les besoins se mesurent en milliers de robots ! Ce qui en fait un programme pharaonique.
Il est à noter que nos forces armées intègrent la gestion de la guerre électronique depuis des décennies. Déjà les F1 de l’armée de Terre sont dotés de moyens de combat électroniques qui en font des adversaires redoutés. Les Rafales sont de véritables engins de combat électroniques en plus d’être des engins de combat « classiques ». La marine nationale n’a jamais cherché à intégrer des moyens de lutte contre les missiles, car les moyens de luttes électroniques liés aux moyens de détection performants les rendaient inutiles, voire contre-productifs (détournement de la production électrique, difficulté d’intégration des armes et de leurs senseurs dans les systèmes de détection et de guerre électronique). Enfin l’armée de Terre se distingue par la qualité de ses moyens de communication. Le programme « Scorpion », de l’armée de Terre intègre déjà senseurs et moyens de communications numériques.
La France n’est pas en retard d’une guerre, bien au contraire ! Mais l’intégration de moyens de combat robotisés implique des moyens logistiques supplémentaires pour le déploiement et l’entretien de ses robots. Or nos moyens logistiques sont limités à la fois en termes de capacités (nombre de vecteurs véhicules, hélicoptères, avions et navires spécifiques) et de volumes (volumes pouvant être transportés par chaque type de vecteur). De ce fait, nos capacités à intégrer ces robots de combat semble actuellement particulièrement limitée.