Automatisation, robotisation, Intelligence artificielle : Danger pour l’emploi salarié ou opportunité économique ?
Nombreux sont ceux qui estiment que la robotique va détruire l’emploi salarié en Europe. De fait, en 2019, le cabinet McKinsey estimait que l’automatisation (robotique et intelligence artificiel ) pouvait détruire 51 millions d’emplois en Europe !
Si les chiffres sont impressionnants, le constat n’est pas aussi tranché qu’il n’y paraît. Tout d’abord l’automatisation et la robotisation en limitant les coûts humains, peuvent permettre de faire revenir des unités de production en Europe. Si il y aura peu d’emplois directs créés, les emplois indirects et induits devraient être suffisants pour en faire un enjeu économique majeur de l’Union Européenne et de la France. Les usines chinoises sont nombreuses, mais utilisent une main d’œuvre pléthorique dont le coût ne peut qu’augmenter avec le niveau de vie. De ce fait, leur avantage comparatif va être limité par le coût d’investissement… et le traitement d’un chômage de masse et d’une population de plus en plus âgée.
L’automatisation en Europe peut avoir un impact positif considérable. Si les salariés sont correctement formés et orientés, l’Europe peut même se trouver en déficit de 6 millions de travailleurs ! Pour être honnête cette projection est très, trop optimiste.
Tout d’abord, rien ne garantit que les besoins actuels continuent à augmenter au même rythme. Rien ne garantit non plus que les populations de l’Union Européenne gardent les mêmes capacités financières de consommation. Même sans le COVID, la concentration des capacités financières dans un nombre toujours plus réduit de la population suffit à prouver que la population européenne aura des moyens financiers de plus en plus limités. Mais c’est surtout que la majorité de la population européenne n’est pas formée aux emplois que permet l’automatisation. Elle est formée aux emplois créés par l’industrialisation des années 60 et 70. Même les services, le fer de lance de l’économie française vont être transformés par l’automatisation.
Les principales compétences à acquérir sont les sciences, les technologies, les mathématiques, l’ingénierie… et les compétences cognitives, sociales… tout ce qui est lié à l’humain.
Car si des millions d’emplois vont être transformés, il faut accompagner et gérer cette transformation. Cela doit se faire vis à vis des administrations, des entreprises, du personnel et de la population. Si des robots existent déjà pour simplifier l’automatisation auprès du personnel de l’entreprise (Les Cobots de la société Universal Robots par exemple), ils ne remplacent pas les humains, bien au contraire. Les besoins en formateurs explosent alors que les formations en lignes restent cantonnées à des domaines très limités. Les techniciens et les ouvriers de demain ont besoin d’être formé sans cesse tout au long de leur carrière.
L’automatisation va détruire de nouveaux emplois. Ce fait est avéré et ne peut pas être contesté. Par contre l’automatisation peut en créer d’autres. Pour qu’ils soient intéressants, non comme ceux des plate-formes de livraison qui tiennent plus de l’exploitation à outrance de leur personnel, il faut que ce personnel soit formé et évoluent au long de sa carrière.
Dans ce domaine, la formation initiale est primordiale. Un domaine où la France vient d’être pointée du doigt ! Mais cela implique aussi, qu’il faut protéger nos marchés pour permettre à nos entreprises de lutter dans cette guerre économique à armes égales. Sinon, ce seront les entreprises US ou chinoises qui pourront se transformer et non les nôtres. Ce qui revient à admettre que les totems économiques sur la libre circulation et sur la dérégulation économique sont faux. Ce n’est pas parce qu’un Nobel de l’économie à sanctionné cette théorie, qu’elle est vrai dans le monde réel. De fait, les grands gagnant de cette politique économie (la Chine et les USA)… sont ceux qui ne la suivent pas et protègent leurs marchés, subventionnent leurs entreprises et jouent avec les réglementations juridiques internationales.
L’automatisation recèle des opportunités réelles. Mais aussi de nombreux dangers et écueils. Elles vont exiger de nos entreprises et de nos administrations de nombreux investissements et de nos populations de nombreux efforts… et soyons honnêtes ; sacrifices.