Basil Zaharoff, le faiseur de guerre des mondes steam punk
Si il existe bien une figurine monstrueuse de l’ère Steam Punk, C’est Basil Zaharoff. Sa réputation de trafiquant d’arme et de faiseur de guerre est telle qu’il sera même repris comme tel dans un Tintin. Sans aucun état d’âme, faisant basculer des pays entiers dans la guerre pour augmenter ses profits… il n’inspire que haine et dégout. Malgré cela son histoire est l’une des plus fascinantes du XIXe siècle.
Il vient d’une famille grecque de Constantinople. Maquereau et escroc, c’est un jeune délinquant qui survit dans un monde particulièrement dur et dangereux. C’est à Londres qu’il se fait remarquer véritablement. Remarqué pour son éloquence lors d’un de ses procès, il est embauché par Nordenfelt, un fabriquant d’armes. A cette époque, les Balkans sont déjà une poudrière. Ce qui va permettre à Basil Zaharoff, de se faire une réputation. Il vend au Grec un sous-marin Nordenfelt. Puis, il avertit les Turcs et leur vend deux sous-marins du même type pour qu’ils contrent les Grecs. Prenant prétexte des tensions locales, il va avertir les Russes des ventes aux Grecs et aux Turcs pour vendre encore deux autres sous-marins à la marine impériale du Tsar… Le pire étant sans doute que les sous-marins Nordenfelt sont ratés et dangereux et ils ne seront jamais utilisés au combat !
Après cet épisode, après 1886, Basil Zaharoff, s’intéresse aux mitrailleuses. Nordenfelt est alors en concurrence avec Maxim et sa célèbre mitrailleuse. A chaque fois que les deux produits sont en concurrence, la mitrailleuse Maxim tombe en panne… ou des informations fausses sont fournies auprès des chefs d’état major. Ce qui permet à Basil Zaharoff, de toucher les juteuses commissions pour la vente des mitrailleuses Nordenfelt ! Mais Basil Zaharoff, est conscient de la supériorité des armes inventées par Maxim. Il change d’employeur… et après quelques opérations boursières annonce à Maxim lui-même que d’employé, il est actionnaire de même poids que lui. Maxim finira par quitter l’entreprise… que Basil Zaharoff, va vendre en 1890 avec d’énormes profits à Vickers !
A ce moment, utilisant la même méthode que pour la vente des sous-marins, il va vendre des mitrailleuses Maxim, produits par Vickers, à la Russie, à l’Allemagne et à l’Angleterre… La France choisira de produire ses propres mitrailleuses… informations transmise au Reich du Kaiser qui va acheter la licence Maxim pour le plus grand profit de Basil Zaharoff.
Avant le début de la première guerre mondiale, la réputation de Basil Zaharoff, le faiseur de guerre, est établie. Pourtant, il n’est qu’un simple marchand qui va exploiter habilement des tensions qui existent avant lui et qui exploseront sans lui. Si sa réputation de « requin » à la limite de l’escroquerie est méritée, sa réputation de monstre paraît très exagérée et cache la responsabilité des dirigeants de nombreux pays à cette période l’histoire.
Avant la première guerre mondiale, il s’installe en France où il s’intéresse aux banques françaises… pour financer l’industrie lourde et aux journaux… pour mettre en avant les industries de l’armement sur lesquels il investit. Mais en même temps, et c’est moins connu, il finance une chaire d’aérodynamisme à l’université de Paris, une maison de retraite pour les marins français et l’institut Pasteur…
Lors de la première guerre mondiale, il coordonne avec succès l’industrie de l’armement au profit de la triple entente et œuvre avec succès pour faire basculer la Grèce dans le camp français. De bien des façons, français et anglais doivent beaucoup à cet homme.
Après la première guerre mondiale, se rappelant ses origines, il manœuvre pour que les Grecs attaquent l’Empire Ottoman. Malgré les victoires initiales, la défaite grècque est lourde, et la réputation de faiseur de guerre de Basil Zaharoff devient alors établie.
En 1924, il participe à la fondation de British Pétroleum. Mais après guerre sa grande affaire est de prendre le contrôle de Monaco … pour l’offrir à sa femme. C’est lui qui assure auprès de la France l’autonomie du « Rocher » après la première guerre mondiale, c’est lui qui renfloue les finances de Monaco… Ce qui va provoquer un affrontement avec le prince de Monaco Louis II… affrontement qui va cesser à la mort de la femme de Basil Zaharoff : Maria.
Là, le « monstre sans âme » est anéanti… c’est finalement Louis II de Monaco qui va l’héberger jusqu’à sa mort en 1936… pour tenter de capter son immense fortune...
Au final, Basil Zaharoff apparaît comme un homme dur et sans scrupule, mais c’est aussi un financier et un industriel de génie. Avec des intuitions géniales, mais aussi sa part d’échec.
Si l’implication de Zaharoff au profit de la France et de la triple entente lors de la première guerre mondiale n’a pas été gratuite, il n’en reste pas moins que nous lui devons beaucoup. Suffisamment en tout cas pour tenter de rapporter son histoire… qui est très différente de sa légende.