Les missions militaires des drones de l’US Navy évoluent au contact de la réalité…

La robotique militaire semble s’orienter actuellement vers deux tendances. Tout d’abord on peut observer une explosion de l’offre de drone « suicide ». Comme en Arménie, ces derniers sont là pour saturer les défenses adverses et provoquer une rupture du front dans le laps de temps le plus court. Si cette option semble remporter un énorme succès. Elle montre également combien l’armement « classique » est primordial. Les drones suicides sont utilisés au profit d’unités « humaines » très ordinaires et non d’unités robotisés annoncés par les journalistes … et les industriels. Même si les unités de robots vont devenir de plus en plus fréquentes, elles restent cantonnées à des tâches de soutiens des unités militaires habituelles.

Il y a encore quelques années, les drones étaient censés remplacer les combattants humains. Il n’en est rien bien au contraire. Les drones aériens, largement utilisés en l’absence d’opposition aérienne pilotés, ne sont plus vus comme le seul avenir des forces militaires. Les drones vont permettre de faire « masse » en soutenant les militaires. Ils peuvent porter, et tirer sous contrôle humain, de l’armement. Mais dédier le combat en première ligne à des robots n’est plus à l’ordre du jour.

Les robots militaires sont maintenant utilisés pour les attaques de saturation. A ce titre, ce ne sont rien d’autre que des munitions dotées d’une certaine autonomie. Ils sont là pour soutenir les unités humaines. Ils peuvent servir de planton radar, de transport de munition ou de carburant.

Dans ce dernier point le drone MQ-25 de Boeing est emblématique. Il y a une dizaine d’année, ce drone devait combattre à la pointe des forces aéronavales de l’US Navy. Malgré quelques démonstrations en laboratoire. L’expérience a démontré à l’US Navy que les drones restent très inférieurs aux avions pilotés. Si les drones de cette catégorie ne coûtaient pas si cher, l’expérience aurait un certain intérêt. Mais non seulement les drones de cette catégorie coûtent aussi (voire plus) cher qu’un avion piloté, mais en plus leurs liaisons satellites peuvent être coupées, voire piratées. Doté d’un budget considérable, mais limité, les décideurs de l’US Navy ont décidé de faire transformer le drone de Boeing en système de ravitaillement aérien. Là l’engin apporte une réelle plus value. Il permet d’utiliser des pilotes sur des missions de combat et non sur du soutien, tout en étant protégés par les appareils qu’il ravitaille.

Ce drone qui est opéré depuis un porte-avion garde encore son ADN guerrier. Il peut être doté de pylônes d’emport pour embarquer bombes et missiles. Mais si la capacité demeure, les besoins en ravitailleurs aériens sont tellement importants que le MQ-25 sera rarement utilisé pour cette mission.

Il faut noter que les marines qui utilisent les drones pour des missions d’attaque au sol (Comme la Turquie) sont celles qui n’ont pas les moyens d’avoir un soutien aérien piloté. Il ne s’agit alors pas d’une stratégie innovante, mais de palier à un réel manque de moyen aérien.

Le MQ-25 de Boeing a été testé en condition pour le ravitaillement des F18 et EA18 (la version guerre électronique du F18), mais aussi des avions de guet E2 D (les awacs de l’US Navy). Normalement le système devrait être totalement opérationnel pour la mi-2024.