La marine chinoise au moyen âge.
L'empire Song va développer réellement la marine chinoise à partir du Xe siècle. Outre la montée en puissance d'une flotte fluviale, d'une flotte commerciale et d'une flotte de guerre. Les connaissances sont compilées et développées. La boussole est mise au point également à cette époque.
La dynastie des Yuan (1271-1368) voit l'apogée des connaissances et techniques navales chinoises. La cartographie et la navigation à partir des astres bénéficient de l'invention de l'imprimerie. Les techniques chinoises sont très en avance sur celles du monde arabe et des pays européens.
Les Jonques chinoises créés au Ixe siècle, sont développées aux XIIe siècle et deviennent des navires pouvant dépasser les 100 m pour plus de 1200 tonneaux. On estime que les plus grandes peuvent embarquer plus de 1 000 passagers. Ces navires fascinent Nicolo Conti et Ibn battûta qui en donnent des descriptions précises. Les plus grands sont des navires dotés de 5 mats et de 5 voiles pouvant embarquer 600 marins et 400 soldats. Les chantiers de Quanzhou et de Canton sont alors cités. Mais si ces navires de haute mer restent encore particulièrement impressionnants. La puissance de la marine chinoise repose principalement sur des navires de combats spécialisés.
Les premiers (Xe siècle ) navires de guerres chinois sont principalement destinés au combat fluvial ou à la défense des abords des ports.
Le cuirassé de choc (mengchong)
Ce sont des galères. Dotés d'un blindage en peau de bête qui couvre l'ensemble du pont et certaines parties du navire. Elle est dotée d'orifices permettant d'actionner les rames et la mise en œuvre d'arbalètes.
Un tel blindage ne doit pas être négligé. L'artillerie lors de la description de ces navires (XIIe siècle ) est seulement utilisée en mer. L'artillerie navale (y compris en Europe ) est limitée à des versions agrandie d'arbalètes (En Europe les scorpions). Gênes et Venise basent leur puissance navale sur l'arbalète. Et les arbalétriers génois serviront de troupes mercenaires dans les rangs des armées françaises lors de la guerre de cent ans.
Même au début XVIe siècle, les bouches à feu sont de calibre et de portée limitée, des projectiles mécaniques (carreaux, flêches … ) surtout si ils sont incendiaires, restent redoutés.
Le bateau à tour (louchuan)
Si le cuirassé de choc est destiné à l’abordage, le bateau à tour est destiné au combat à distance. Il reprend la même protection. Mais il est doté de tour (comparable aux châteaux qui équipe les gaillards avant et arrière des navires de guerre européens) pour bénéficier d'un meilleur angle de tir et d'une portée accrue. Le pont principal est souvent doté d'un trébuchet qui peut tirer des projectiles solides ou des projectiles en fer en cours de fusion !
Le bateau mère et enfant (zimuzhou)
C'est une sorte de galère composite. La partie principale (bateau mère ) est destinée à aborder un navire adverse et à y rester accroché à la cible. Le bateau mère est bourré de matière incendiaire. La coque du bateau mère contient un petit navire dans ses flancs : l'enfant. L'enfant permet à l'équipage de fuir pendant que le feu est mis au bateau mère.
Les bateaux associés (lianhuanzhou)
Navires en deux parties qui semble être une évolution du précédent. Lors de l'abordage d'un navire adverse, l'avant se détache. Permettant à la partie arrière de fuir. La partie avant est bourrée d'explosifs.
Dragons rouges et dragons de feu (chilongzhou, huolongchuan)
Ce sont des brûlots bradés d'explosifs qui sont destinés à percuter et à faire sauter leur cible. Un équipage réduit (4 hommes selon certaines sources ).
Les trois derniers types sont des navires hautement spécialisés. L'investissement nécessaire à la mise au point et à la production paraît disproportionnée par rapport aux effets attendu. Lorsque les marines européenne vont dominer les mers, les brûlots seront des navires « usés » ou sacrifiés seulement si les circonstance l'obligent ou permettent un gain tactique ou stratégique important.
Ces catégories de navires montrent toutefois la richesse de l'empire chinois, son organisation, ses moyens (infrastructures, effectifs ) et l'inventivité de ses techniciens.
La construction navale chinoise est basée sur des techniques particulièrement performantes. Les coques sont dotées de compartiments étanches. Les navires européens n'auront pas d'équivalent avant le XIXe siècle !
Contrairement aux navires européens et arabes, la forme des coques est étudier pour « glisser » sur l'eau. Le fond est rectangulaire et la proue et la poupe sont seulement inclinées. Cela permet une production et un agencement très facile. Les coques sont très solides, mais par contre de tels navires sont très sensibles à la dérive (vent, marée, courants... ) d'où le recours accrus à des semelles (comme sur les navires côtiers hollandais ), des gouvernails de grande taille (verticaux) et surtout à des ancres flottantes.
Le nombre « classique » de mat est de 3. Les mats sont dotés de voiles faites en lamelles de banbou et de jonc assemblées. Ce sont des voiles particulièrement solides qui peuvent, contrairement aux voiles européennes, supporter de nombreux dégâts. De nombreux systèmes de poulies et de cabestans en facilitent l'usage depuis le pont. Cela permet une manipulation aisée par un équipage peu nombreux.
Le gouvernail est vertical et sa profondeur peut être réglée. Si cela à une certaine utilité lors de la navigation côtière, le but est surtout de compenser les dérives. Malgré une utilité certaine, les navires chinois se révèlent beaucoup plus difficile à manœuvrer que leurs équivalents européens près des côtes.
Autre particularité : les rames. Si elles sont comparables aux rames européennes, leur utilisation est très différente. Les européens utilisent leur rames depuis un axe comme un bras de levier. Les marines asiatiques préfèrent les techniques dites « à la godille » et vont spécialiser leurs avirons (y compris sur leurs galères ) sur cette technique.
La marine chinoise lance de grandes expéditions sous l'ère mongole (XIIIe siècle). Après la conquête du sud de la Chine, les mongols, avec les Coréen, lancent deux expéditions vers le Japon. En 1274, neuf cent navires foncent vers le Japon. Avec leur artillerie, mais surtout leur discipline et leur organisation, les mongols enfoncent les défenses japonaises. C'est un typhon qui coule la flotte chinoise. En 1281, une seconde expédition (3000 navires selon certaines sources ) se lancent à l'assaut du Japon. Mieux organisés, les Japonais se défendent avec efficacité. Leurs raids lancés à partir de canots sont meurtrier. Mais c'est un second typhon qui va couler la flotte chinoise. Le millier de prisonniers faits seront tous exécutés. La légende du Kamikaze (vent divin ) commence. Il faut noter que les prières des temples japonais à la fin de la guerre du Pacifique pour invoquer ce Kamikaze vont être couronnées de succès : Deux Typhons vont s'abattre sur la flotte de Halsey. Un seul destroyer sera coulés avec quelques avions détruits seulement.
De 1405 à 1433, les expéditions de l'ère Ming sont les plus importantes. Après un siècle d'occupation mongol, les Ming se lancent dans de grandes expéditions navales. Au XIVe siècle des millions d'arbres sont plantés autour de Nankin. Ces arbres vont permettre de créer une gigantesque flotte sous le commandement de l'amiral Zhang He. Soixante deux jonques géantes (140m de long) et deux cents navires de moindre importance avec 30 000 soldats vont explorer l'Asie < l'Océan Indien et l'Afrique. Le prestige de la Chine est immense... et les retombées commerciales également. Il faut noter qu'une dernière expédition aurait été lancée au travers du Pacifique vers les Amériques. Son existence n'a pas pu être prouvée. Car au même moment, les peuples nomades du nord de la Chine se lancent dans des raids de plus en plus audacieux. La Chine va volontairement sacrifier sa flotte de haute mer pour renforcer ses flottes fluviales et ses armées. La flotte de l'Amiral He est dissoute. Les installations portuaires sont démantelées. Il n'y aura plus de flotte chinoise de haute mer avant le XXIe siècle.