Les drones tueurs libyens : le succès de la robotique « Low Cost »

Il y a quelques temps, Air et Cosmos a fait un article sur la guerre en Libye. Cet article rappelle comment la robotique militaire, surtout les drones aériens y ont pris de l’importance. D’après le représentant des Nations Unies en Libye, on peut recenser plus de 1 000 attaques de drones lors de ce conflit.

Les premières frappes de drones sont effectuées lors de la bataille de Derna en 2016. Ils sont mené par des drones de fabrication chinoise ; les Wing loon. Ces engins ont une autonomie de 1 500 km et peuvent employer des missiles guidés. Grace à cela, leurs utilisateurs bénéficient d’une puissance de feu qui peut être déployé sur l’ensemble de la Lybie.

Le Wing Loong va être amélioré avec un système de liaison français et des capteurs israéliens. Mais c’est l’arrivé de la nouvelle version, le Wing loong II avec sa charge utile de 480kg qui va rendre les drones incontournables. Malheureusement, avec une utilisation de plus en plus importante des « frappes de précision », le nombre de victimes civiles collatérales ne cessent d’augmenter. La fameuse guerre « 0 mort » reste une fiction.

Mais en 2019, la situation se renverse, le camp adverse ( gouvernement d'al-Sarraj et au GUN) bénéficient du soutien, et des drones, turcs d’Erdogan. Dans l’absolu, les drones turcs sont très inférieurs aux drones chinois. Ils sont plus petits et ont une endurance beaucoup plus faible. Mais ils permettent d’attaquer les bases logistiques, les convois et les systèmes de communication adverses. La supériorité adverse s’éffrite sous les coups des Bayrakrar TB2. Mais ce qui change la donne, c’est que les drones turc sont considérés comme « sacrifiables ». La prise de risque et l’acceptation de pertes permettent des attaques plus audacieuses qui prennent le camp adverse par surprise. Devant le succès du TB2, les turc modifient leur production pour rendre le TB2 plus abordable. De 1,5 million de dollars. Pourtant les capacités du TB2 évoluent avec l’utilisation de liaison satellite.

Le cap suivant est l’utilisation de drones autonomes armés : le kargu 2 de STM. Ce drone turc patrouille seul sur un zone. Si il repère ce qu’il considère comme un ennemi, il l’attaque. Les faibles capacités de cet appareil explique son faible coût unitaire. Mais ce dernier permet de mettre le long du front de nombreux drones. Si ils ne se révèlent pas si redoutables, ils restent suffisamment dangereux pour nécessiter des moyens de combats disproportionnés par rapport à la menace qu’ils représentent.

Le choix d’un drone piloté par une intelligence artificielle s’explique pour des raisons de coût mais surtout de capacité de déploiement. Les drones pilotés sont beaucoup plus efficaces, mais les liaisons radios et les stations au sol ne peuvent pas en diriger beaucoup à la fois. Aussi leur utilisation est ponctuelle. Les kargu 2, avec leur intelligence artificielle peuvent être déployés en nombre et sembler submerger l’adversaire sur toutes les zones de bataille à la fois. C’est à ce moment là que le kargu 2 a remporté une réelle victoire.

Les drones ne sont pas invulnérables, bien au contraire. Mais leur utilisation en masse doit être contré par des moyens de DCA qui doivent être déployés partout sur le front. Actuellement, les moyens de DCA sont particulièrement efficaces, mais rares car très coûteux. Aussi, l’impression d’invulnérabilité des drones se révèle destructeur pour le moral des troupes. Ce succès des drones « Low Cost » sera confirmé en Arménie.

Mais au final, ce succès technique n’est pas une innovation. Les petits char français FT17 de la fin de la première guerre mondiale, faciles à produire et à utiliser en masse vont submerger l’armée du Kaiser en 1917 en suivant la même recette. Nul doute, que les drones vont devenir incontournables, mais que les soldats trouveront bientôt le moyen de contrer cette menace.