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Système Arcadie, Secteur spatial de l'Impérium

Les cuirassés de Popov : l’innovation maritime steam punk ?

12 Juin 2022 , Rédigé par Droopy Publié dans #steam punk

 

Le XIXe siècle est une période de progrès techniques particulièrement importante. Les innovations se succèdent à une cadence incroyable. De nombreuses créations sont restées célèbres. Les cargos et paquebots à vapeurs, les locomotives, la métallurgie, l’aviation, le télégramme et le téléphone et bien d’autres innovations sont restés célèbres à juste titre. Mais au milieu de ces réussites, il y a aussi des échecs qui ont rapidement été oubliés. Parmi ces derniers, le cuirassé Popov mérite l’attention.

 

Après la guerre de Crimée. L’empire du Tsar est ruiné, sa flotte de la mer noire est hors de combat et le traité de Paris lui interdit d’en reconstituer une autre.

Malgré les traités, les Russes doivent pouvoir défendre Sébastopol d’une attaque provenant de la mer. L’amiral Andreï Popov propose alors un concept nouveau : un navire circulaire.

L’artillerie lourde à cette époque pèse lourd. Les métaux, mais surtout les poudres utilisées imposent des culasses massives pour résister à des pressions phénoménales. En plus de la masse qu’il faut pouvoir emporter et mouvoir, le recul de ces armes implique des coques particulièrement larges. A cette époque un navire de ligne ne peut emporter que quelques pièces avec une cadence de tir … particulièrement lente. Ces coques, et les machines qui vont avec, coûtent particulièrement cher … et ne durent pas longtemps en plus ! Popov à l’idée de proposer une coque « ronde ». Ainsi le recul est absorbé par la coque quelque soit la direction du tir. Ce dernier point est aussi important que le premier : plutôt que d’avoir plusieurs canons pour couvrir toutes les directions, une coque ronde permet (en théorie) de tirer dans toutes les directions. Cela permet d’économiser sur la coque, mais aussi sur les pièces d’artillerie ainsi que sur les équipages.

Mais le principal avantage de ce type de bateau est qu’il n’est pas interdit par les traités de Paris. Les navires ronds, classés comme « forteresses flottantes », ne sont pas mentionnés par les traités.

Au final les restrictions du traité de Paris sont levés en 1871, mais le projet promet de créer une flotte de cuirassés surarmés pour un investissement dérisoire. Le tsar Alexandre III autorise la construction du cuirassé Novgorod, d’un diamètre de 50m. Une dizaine doivent être construits. Mais seul deux navires de guerre seront construits.

Dès la conception, l’amiral Popov prévient que ces navires sont des navires de défense côtier. La forme de la coque limite totalement la vitesse que peuvent atteindre de tels navires. Mais pour l’amirauté, qui s’enthousiasme, ces navires vont remplacer à moindre coût une flotte de cuirassé classique. En 1877, les deux cuirassés sont opposés à la flotte turque… qu’ils ne peuvent pas rattraper. Trop lents, leur capacité militaire est à cause de cela presque nulle malgré leur formidable puissance de feu. La production des « Popovka » est abandonnée. Malgré tout, le Tsar Alexandre II demande la construction d’un yacht « rond » pour son usage personnel. Ce navire le « Livadia » est assemblé en Angleterre. Lors du trajet pour le livrer en Russie, il est endommagé lors d’une tempête. La coque n’est tout simplement pas suffisamment solide. Les navires à la « Popov » sont abandonnés et si Popov est promu, c’est pour mieux l’écarter de la marine du Tsar.

 

Les forteresses flottantes de Popov ont été conçus dans un but précis : fournir des moyens maritimes de défense aux ports russes. Dans un tel rôle, mais aussi dans celui de « monitor » pour le soutien d’opérations amphibies, ils auraient pu être à leur aise. Mais, leurs capacités, malgré les remarques de leur concepteur, ont été sur-estimées. La douche froide reçu par l’état major du Tsar en 1877 a relégué aux oubliettes de l’histoire un amiral et une classe de navire novatrice.

 

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