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Système Arcadie, Secteur spatial de l'Impérium

Edmond Pâris, ou comment gérer l’apparition de la technologie au XIXe siècle.

17 Août 2023 , Rédigé par Droopy Publié dans #robots

 

Au XIXe siècle, la technologie fait son apparition. Si le terme d’ingénieur est déjà ancien (il s’agissait au départ de spécialistes de l’artillerie mécanique ), les savoirs techniques sont plus des « recettes » que l’on applique sur des domaines techniques très particuliers comme la construction navale, l’artillerie ou même l’architecture. Mais dès le XVIIIe siècle l’apparition d’une démarche scientifique « moderne » en France puis en Europe se diffuse dans l’ensemble des domaines techniques. Cela engendre de nombreux heurts, des incompréhensions voire des situations dangereuses.

Cette délicate transition, Edmond Pâris va pleinement la vivre. Il est nommé officier de marine en 1826 et va avoir une carrière remarquable durant près de 70 ans ! A la fois marin, explorateur, scientifique. Il paiera son implication à un prix élevé (il perd un bras dans une explosion de machine et ses poumons seront également touchés ) mais ne sera jamais reconnu. Pour la marine, c’est un savant et pour les savant il sera jamais qu’un marin…

 

Edmond Pâris voit le jour à Paris en 1806. Il est formé au collège royal de la Marine d’Angoulème. La Marine est une arme technique qui concentre de nombreux savoirs : mathématique, balistique, artillerie, géographie, navigation, construction navale… Ce savoir, Edmond Pâris lui donner des bases solides pour le reste de sa carrière. En 1826, alors qu’il est encore élève officier, il embarque sur l’Astrolabe pour un voyage d’exploration sous le commandement du célèbre Dumont d’Urville à la différence des voyages scientifiques du XVIIIe siècle, les navires n’embarquent plus de scientifiques. Les officiers de marine doivent collecter, mettre en forme et classer les données collectées… quelques quelles soient. Edmond Pâris est chargé des relevés hydrographiques et d’un travail ethnographique… sans compter qu’il doit dessiner les embarcations rencontrées. Ce dernier point est tous sauf un loisir. En plus du dessin « technique », il s’agit d’estimer les qualités navales, les contraintes techniques … et s’y on peut en tirer des informations utiles pour améliorer la construction navale française. Cela va passionner Edmond Pâris durant plusieurs missions. En 1842, il publie « l’Essai sur la construction navale des peuples extra-européens » ce qui fait de lui l’inventeur de l’ethnographie nautique.

Mais il se rend vite compte qu’il ne possède pas le savoir technique pour exploiter les données qu’il a amassées durant plusieurs tours du monde. Il décide de suivre les cours du conservatoire des Arts et Métiers et de la Sorbonne. La Marine comprend tout le potentiel du jeune Edmond Pâris et lui donne le commandement d’un des tout premier bâtiment à vapeur.

Rapidement Edmond Pâris comprend que l’apparition de cette propulsion mécanique à des implications profondes. Il comprend que l’art de la navigation se transforme. Les besoins en personnel vont profondément changer. Les gabiers polyvalents vont devoir être remplacés par des mécaniciens spécialisés. De la même façon, les officiers vont devoir acquérir un savoir technique qui leur manque. Enfin, si la machine offre de formidables atouts pour des navires, il ajoute des contraintes logistiques nouvelles.

La première tâche d’Edmond Pâris est de former au monde de la mer … et de la guerre des mécaniciens qui sont d’abord des ouvriers ou des ingénieurs formés à terre. Puis, il va acquérir les compétences de ces derniers et mettre au point des outils pédagogiques (maquettes, simulation ). Ce savoir va servir à la création d’un dictionnaire utilisable pour la formation des officiers et des ingénieurs. Ce le Catéchisme du mécanicien à vapeur s’appuie sur des doctrines et des expériences personnelles qui vont servir de base à la formation des marins de tous grades. L’ensemble des livres d’Edmond Pâris est nommé « Art Naval »… ce qui fleure bon le siècle des lumières...

La démarche d’Edmond Pâris n’est pas celle d’un ingénieur, mais celle d’un technicien qui va créer des processus utilisables par tous pour des ensembles technologiques précis. Il s’appuie à la fois sur les traditions, l’expérience (voire un certain empirisme qui est toujours d’actualité de nos jours ) et une solide formation scientifique. C’est ce qui fait de cet officier de marine quelqu’un de très particulier.

En visitant une fonderie, il a le bras broyé par un engrenage et doit être emputé. Mais sa réputation est déjà bien établie et lui permet malgré tout d’obtenir des postes et des commandements.

En 1855, il reçoit un premier prix de l’Exposition universelle de 1855 pour l’ensemble de son œuvre. Ses ouvrages servent de références aux marines mais aussi aux compagnies maritimes civiles. Même les Anglais reconnaissent son œuvre. En 1862, il préside le jury du matériel naval de l’exposition universelle de Londres !

Il atteint le grade de Vice amiral et doit, du fait de son âge, quitter le service actif. Mais on lui confie en 1863 le poste directeur du Dépôt des cartes et plans de la Marine. Ce qui aurait pu être un placard doré va lui permettre de devenir un cartographe reconnu.

En 1871, il devient conservateur du musé de la Marine au Louvre. Le technicien qui sommeille en lui renaît. Il va constituer une collection remarquable qui constitue le principal fond du musée de la Marine…

 


 


 

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