La pollution : fléau de l’ère steam punk
L’environnement est une préoccupation plus ancienne qu’on le pense. L’apparition des manufactures, puis des usines va provoquer des dégâts importants, voire meurtrier. La concentration de la population dans des villes de plus en plus importantes (Londres, Paris … ) provoque une réelle pollution et de nombreuses maladies mortelles du fait d’une gestion des déchets inexistante. A cela, il faut ajouter l’apparition de moyens de production sans cesse plus importants et plus polluant. A bien des égards, la pollution est une invention steam punk.
Les premières manufactures du XVIIIe siècles sont localisés à des endroits précis. Ce sont souvent des industries textiles ou dans la métallurgie. Ce sont au départ de petites unités dont les nuisances sont faibles. Mais, en prenant en importance, ces unités se font plus polluantes. A cette époque on parle de nuisance ou d’insalubrité. La nature n’est pas la préoccupation principale, c’est l’impact sur l’homme qui est au centre de toutes les attentions.
Comme la pollution se fait localement, les réponses des autorités sont avant tout locales. Il faut noter qu’à cette époque, les autorités ne transigent pas avec la santé de leurs administrés. Les manufactures sont souvent déplacées à l’écart, voire démolies. Une loi va changer tout cela.
En octobre 1810, le Premier Empire centralise la gestion des « nuisances ». Suivant une vieille tradition centralisatrice, le Premier Empire décide de prendre la main sur ces questions avec le décret de 1810 sur les établissements incommodes et insalubres. Non seulement il faut une autorisation administrative préalable avant toute création d’entreprise, ce qui est une première, mais pour la première fois les entreprises sont classées selon les nuisances qu’elles peuvent provoquer. Ainsi les moins polluantes (2e et 3e classe ) doivent être déclarée à la préfecture. Les plus polluantes (1ere classe ) doivent être déclarées au Conseil d’État. A l’époque les plus polluantes sont les usines de soude (pour le savon).
Il ne s’agit pas d’une simple autorisation. Des obligations sont imposées à l’installation (éloignement des zones habitées …) et des contrôles des forces de police sont instaurés. En théorie, ce texte est protecteur, dans les faits… moins. Les autorités ont besoin d’argent, mais plus encore de paix sociale. Ces entreprises représentent du travail et des revenus pour de nombreux ménages qui seraient autrement dans la misère la plus noire. Les autorisations sont souvent accordées sans contrôle. Les plaintes de la population débouchent rarement sur des mesures réelles. Et la fermeture d’usines est l’exception même en cas d’excès avérés.
Au XIXe siècle, l’importance grandissante de l’industrie dans les économies anglaises, françaises puis dans le reste de l’Europe va amplifier ce phénomène. La pollution et les problèmes de santé lié à la pollution sont le plus souvent ignorés. Pire, la notion de « progrès » lié à la « civilisation moderne » fait passer la pollution comme une conséquence … inévitable. Ainsi en 1870 à Valencienne, l’eau devient insalubre. Les experts démontrent rapidement que la pollution est lié à la sucrerie. La réponse du préfet est édifiante : Si il y a une sucrerie, il ne faut pas s’attendre à avoir de l’eau claire en permanence…
De manière générale, les autorités tentent plutôt de « noyer le poisson ». De nombreux experts sont chargés de démontrer que les bienfaits de l’industrie sont largement supérieurs à quelques nuisances négligeable. Ce qui démontre que l’on a rien inventé de nos jours…
Cette position va engendrer de nombreux conflits entre les autorités et les populations. En 1855, à Auvelais, l’armée Belge doit tirer contre la population alors que cette dernière proteste contre la pollution des usines locales. La menace de détruire ces usines motive cette intervention armée. Très clairement, les autorités du XIXe siècle ont pris parti pour les industriels. En 1865, Napoléon III prend un décret stipulant que les machines à vapeur industrielles ne sont plus considérées comme incommodes et insalubres… De manière surprenante, c’est un certain Jules Verne qui dénonce les méfaits de l’industrialisation à outrance notamment dans les 500 millions de la Begum. De nos jours, Jules Verne est considéré comme le père de la science fiction et du scientisme. Mais ce visionnaire va prendre conscience des excès de l’industrialisation et des excès qu’il engendre et va les dénoncer… sans grand succès. Qui va prendre au sérieux un auteur de livre pour enfant…
Même si le problème est réglé administrativement… il n’en reste pas moins que les pollutions sont là. Les autorités, comme les industriels sont conscients que la population n’acceptera pas cela. La solution sera alors technologique et scientifique. Les usines se dotent de « fourneaux fumivores » par exemple. Une solution technique… qui va vite montrer ses limites. Les priorités économiques sont ailleurs et il est hors de question d’investir dans la lutte contre la pollution. Les solutions techniques vont donc rester dans le domaine de la communication.
La première guerre mondiale va passer et secouer en profondeur l’Europe. La France devient l’arsenal de la triple entente et fournit en armes et munitions ses alliés. Même les USA vont s’équiper d’avions, de canons et de char français. Les autres pays s’engagent également dans une course à la production d’armes et de munitions. La pollution et ses méfaits sont alors mis de côté et oubliés… jusqu’aux excès de la fin du XXe siècle.