Faut-il se moquer des bricolages russes pour lutter contre les drones ukrainiens ?
L’utilisation en masse des drones par les ukrainiens a été une très mauvaise surprise pour l’armée russe. Mais l’utilisation de contre-mesures électroniques, une meilleure DCA, et l’utilisation de contre-mesures adaptées rends la majorité des drones ukrainiens inutilisables. Les drones civils modifiés en particulier ne sont plus efficaces. On considère que 80 % des drones de ce type sont abattus avant de remplir leur mission.
Il faut noter que les victoires récentes ukrainiennes sont basées sur des drones militaires (donc considérablement plus chers, difficiles à mettre en œuvre et plus rares), l’utilisation de drone en arrière du front (avec des forces spéciales infiltrées. Ce qui permet d’éviter les défenses électroniques russes)… ou avec des systèmes de guidages pris sur des missiles anciens et inutilisable.
Il faut noter que dans le même temps, les russes se dont dotés de missiles en masse et contre attaquent avec vigueur.
Malgré la défense mise en place par les forces russes, les militaires ont appris à craindre les drones ukrainiens et tentent de mettre en œuvre des mesures pour se protéger. Pour un œil non averti, cela semble purement improvisé. Pourtant, ces mesures improvisées ne sont pas si idiotes que cela, et il faut comprendre pourquoi cela a été mis en place. .
La première contre mesure est la grille (ou les plaques de blindage) installés sur des supports au dessus des tourelles. A l’origine, ce type de protection est destiné à lutter contre les missiles modernes capable de modifier leur trajectoire pour attaquer un tank par le dessus. Historiquement, c’est là où le blindage est le plus faible.
Cette mesure est utile uniquement contre les missiles non dotés de charges creuses double. Ce qui est maintenant la norme pour les missiles antichars occidentaux… Par contre, contre des munitions rôdeuses ( nommées à tort drone suicide ). Contre les premières générations de ces armes, ou les drones « bombardiers » dotés de grenades anti-char modifiés, cette défense est relativement efficace. Mais là encore, ces munitions sont remplacées par du matériel plus modernes. De fait, ce type de défense devient de moins en moins efficace… mais on peut encore trouver de telles armes.
Des photos satellites ont montré que les Russes utilisent des pneus pour protéger leurs avions au sol (Pskov). Ce qui est vrai. Contrairement à ce qu’affirme un article qui m’a beaucoup fait rire, il ne s’agit pas de faire rebondir les bombes ou les drones ukrainiens. Il s’agit de freiner les éclats de munitions (et donc de limiter les dégâts) lors d’un bombardement. Contrairement à ce qu’on pense, les bombes ne sont pas faites pour provoquer des dégâts par un impact direct, mais provoquer des dégâts sur une large zone en propulsant des éclats (l’enveloppe de la bombe est conçue pour produire ces éclats lors de l’explosion) dans une large zone. Dans ce cadre, l’utilisation de pneu n’est pas ridicule. Par contre elle est dangereuse. Avec certains explosifs, le dégagement de chaleur est tel que les pneus peuvent s’enflammer et dans ce cas, il sera plus difficile de combattre l’incendie. Toutefois, dans un tel cas, l’avion serait probablement condamné…
Il faut toutefois noter que sur les photos satellites, les avions protégés par les pneus sont tous incapables de voler (moteur enlevé… ). Comme quoi les Russes ne sont pas si inconscients que nos journalistes l’affirment. Il faut remarquer que le montage de mur anti-éclats fait avec ces mêmes pneus et de la terre (monter des pneus et les fixer au sol avec des câbles ou des tiges, puis les bourrer de terre ou de sable) serait sans doute plus efficace … mais plus difficile à mettre en œuvre.
Le dernier bricolage relaté est l’utilisation de filets attachés aux lampadaires pour masquer la route. Les filets étant improvisés, ce camouflage est d’autant plus inutile que les senseurs des drones sont maintenant très performants. Toutefois, l’idée n’est pas à jeter. Lors de la grande guerre patriotique (la 2e guerre mondiale pour les Russes… et les Ukrainiens qui étaient tous soviétiques.), les russes se sont fait une spécialité du camouflage pour limiter l’efficacité des avions de reconnaissances allemands. Créer de tels camouflages était alors courant. Toutefois, avec les senseurs modernes, l’improvisation ne peut plus marcher. Les senseurs civils ont une excellente définition. De plus, en bricolant l’électronique, il n’est pas difficile de travailler dans le proche infra-rouge. Quant aux senseurs militaires ils fonctionnent dans de nombreuses fréquences simultanément. De tels filets de camouflage doivent donc être efficaces dans le visible, mais aussi dans les autres fréquences utilisés par l’optronique moderne. Ensuite, il faut s’assurer que la chaleur des véhicules est dispersée pour ne pas attirer l’attention. Là encore, ce genre de protection n’est surtout efficace que contre des drones civils modifiés. Il faut noter que tels textiles existent. Par exemples les tenues militaires ont des revêtement qui permettent de mieux se confondre avec l’environnement dans les longueurs d’ondes visibles, mais aussi dans les autres fréquences utilisés par les senseurs militaires.
On est très loin des capes d’invisibilité, mais le camouflage permet aux troupes entraîner à l’utiliser d’être plus discret et moins vulnérable.
S’agit-il de bricolage. Peut être. Mais ces bricolages sont basés sur concepts opérationnels logiques. Les soldats russes tentent seulement de pallier au manque d’équipement de leur armée. De fait, ce n’est pas des soldats russes dont il faut se moquer, mais du manque de préparation de l’armée russe pour cette opération… heureusement pour l’Ukraine.