Le «gendarme de l’Europe» à l’époque Steam Punk : Nicolas Ier, Tsar de Russie
Nicolas Ier n’a pas bonne réputation en Russie : Inflexible, Autocrate, « Bourreau des révolutionnaires »… et surtout, ce qui est considéré comme le pire ; père de la bureaucratie russe !
Mais ces qualificatifs sont souvent ignorés en Europe pour un seul surnom : Le gendarme de l’Europe. Au XIXe siècle, la Russie devient une super-puissance. Et c’est à Nicolas Ier que l’Empire Russe le doit.
Normalement Nicolas (Nikolaï Pavlovitch) n’aurait jamais dû devenir Tsar. Troisième fils de l’Empereur Paul 1er, il n’est tout simplement pas formé ou impliqué dans le gouvernement impérial. Seul son éducation militaire est assurée. Nicolas devient non seulement un officier compétent, mais il devient aussi ingénieur en chef de l’armée russe. En 1825, son frère aîné, Alexandre Ier, meurt. Le cadet hésite à monter sur le trône… alors que l’armée et Nicolas lui prête serment. Rien n’y fait.
Sous la pression de l’Armée, Nicolas prend alors le pouvoir à la stupeur de la noblesse russe. Plusieurs décident de soulever l’armée pour revenir à une situation normale. L’armée refuse. Nicolas Ier réagit avec force et brutalité. Les décembristes, nom donnés à ces nobles, sont déportés et leurs chefs pendus. La réaction énergique de Nicolas Ier sera sa marque de fabrique. Il concentre les pouvoirs, mais souhaite connaître comment vie la population russe. La Chancellerie doit lui apporter ces informations. Si le principe est sain, il faut savoir qu’une branche de cette chancellerie est la « police secrète » chargée de surveiller les « éléments non fiables ». De la même façon, la Chancellerie censure littérature et journaux…
Avec ces éléments, Nicolas Ier est certain de contrôler sa population. Mais des émeutes peuvent être fomentées depuis l’étranger… Ce constat quelque peu paranoïaque n’est pas non plus dénué de fondements… les Anglais ont usé et vont continuer à user de ce procédé tout au long du XIXe siècle ... Il estime que la puissance de la Russie est une gêne pour la Grande-Bretagne … et il à raison. De la même façon, les révolutions françaises sont un exemple de très mauvais goût pour la population de l’Empire Russe.
En 1830, l’armée russe réprime violemment le soulèvement de la population polonaise. La volonté d’indépendance des polonais est anéantie. Ensuite, la révolution de 1848 venue de France (chute du roi Louis-Philippe ), va provoquer une onde de choc dans tous les États européens. De nombreuses populations sont se soulèvent. Italie, et Autriche en particulier, mais ce n’est rien par rapport au soulèvement de la population hongroise. L’Empereur Autrichien doit demander l’aide de la Russie alors que la Hongrie se révolte. Nicolas Ier réagit immédiatement. En 1849, 170 000 soldats russes partent soutenir l’Empire Autrichien en Hongrie. Cette armée va rendre impossible l’indépendance Hongroise. A cette occasion, la presse européenne utilise l’expression « Gendarme de l’Europe » pour désigner le Tsar Nicolas 1er. Un surnom qui va passer à la postérité.
Cette intervention militaire va empêcher toute activité révolutionnaire en Russie durant le règne de ce Tsar. Mais par contre elle donne une fausse impression des capacités réelles de l’armée russe. Les pays européens, mais aussi le Tsar, sont alors persuadés que l’armée russe est un géant militaire. La guerre contre l’Empire Ottoman (1853-1856) va prouver le contraire. Cette défaite sera lourde de conséquence : y compris parmi les loyalistes, la confiance envers le gouvernement du Tsar est rompue. Le XIXe siècle sera alors une lente descente en enfer pour les Tsars. Les défaites (Crimée, Guerre Russo-japonaise…) se succèdent et la grogne des russes contre le régime prend des proportions de plus en plus importantes jusqu’à la première guerre mondiale et la guerre civile russe qui suit immédiatement. Pourtant aux yeux des européens, jusqu’en 1917, la Russie reste la principale puissance militaire sur notre continent. Nicolas 1er reste pour la postérité le Gendarme de l’Europe...