Pauline Geuble – Le destin romanesque d’une française en Russie Steam Punk
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Il est des personnages dont le destin est à la fois cruel et pourtant romanesque. Des destins que l’on croirait sorti des romans les plus incroyables. Parmi eux, Pauline Geuble va connaître la misère, l’exil, l’amour malgré la séparation. Un destin fou que les plus talentueux auteurs ne se permettrait pas de publier.
En 1800, nait en Lorraine Pauline Geuble. Elle est noble, mais cela ne veut plus rien dire après la révolution française. Son père, officier, lui permet d’avoir une bonne éducation.
Mais il meurt au combat et la famille se retrouve sans ressources. Pauline et sa sœur se lancent alors dans les travaux d’aiguille. Elle se fait remarquer et à 17 ans elle devient vendeuse dans une maison parisienne ou elle travaillera jusqu’en 1823. A 23 ans, Pauline reçoit une proposition de la société Dumancy : Travailler dans la filiale russe de cette société. Elle accepte.
A Moscou, Pauline travaille avec efficacité et rencontre nombre de femmes de la bonne société russe. L’une d’elle Anna Annenkova vient souvent avec son fils, un jeune officier. Ce dernier est alors séduit par la jeune française. Il la demande en mariage. Mais la jeune femme est consciente de leur différente de classe. Elle n’est qu’une «vendeuse » étrangère dans un magasin de luxe alors qu’il est l’héritier d’une des plus grandes fortunes de Russie. Elle va refuser ce mariage… mais poursuivre leur relation : il en naîtra une fille Alexandra. Ils auront ensemble sept enfants.
Toutefois, l’histoire de la jeune fille de bonne famille, mais pauvre, amoureuse d’un prince est presque banale. Du moins jusqu’à l’insurrection décembriste. Ivan Annenkov fait parti des conjurés qui vont tenter de renverser le tsar Nicolas Ier (Le gendarme de l’Europe, voir un précédent article). Le coup d’état échoue. Yvan est arrêté et condamné à vingt ans de bagne en Sibérie. Amoureuse, Pauline demande à l’Empereur l’autorisation de le suivre en exil. La Sibérie est une province particulièrement rude et dangereux. C’est une preuve d’amour incroyable que donne Pauline à la famille d’Yvan. L’empereur accepte.
Les deux amants vont se revoir à Tchita (Mongolie ) … mais Yvan doit garder ses fers. La seule exception sera lors de leur mariage le 04 avril 1828. Pauline change alors de nom et devient Praskovia Annenkova. Yvan retourne toutefois en détention.
En 1839, Yvan retourne dans le service civil et reçoit la permission d’emménager à Tolbosk. La vie est moins rude. Mais surtout, ils peuvent vivre presque normalement malgré des conditions de vie particulièrement rudes. L’amour, presque absolu, que se porte le couple est connu de tous en Russie d’abord et de l’Europe ensuite. Alexandre Dumas, lui même, leur rendra visite. De l’histoire d’Yvan et de Pauline, il tirera un roman « Le maître d’Armes » qui sera un succès, surtout en Russie.
L’amnistie des décembristes est déclarée en 1856. Le couple est alors libre. Il emménage à Nijni Novgorod. Yvan devient fonctionnaire auprès du gouverneur, puis juge de paix. Il se fait connaître pour sa volonté d’améliorer les conditions de vies des paysans. Pauline ne se contente pas de rester à la maison. Elle devient curatrice d’une école féminine… et écrit ses mémoires qui seront publiées en 1888.
Les deux amants vont rester unis jusqu’à leur mort. Pauline s’éteint la première en 1876. Yvan va rester inconsolable et mourir de chagrin un an plus tard. Ils sont réunis à jamais au couvent de l’Élévation de la Croix de Nijni Novgorod. Pour tout un peuple, il reste l’exemple de l’amour dans ce qu’il à de plus beau et de plus fort.