Le passage du Nord-Ouest, l'ultime raccourci Steam punk… et enjeu stratégique actuel
L'Arctique, en face du Canada est un labyrinthe d'îles et d’iceberg. Pris la majorité du temps par les glaces. C’est un passage dangereux dans lequel se ont perdus de nombreux navires. Pourtant ce « passage du Nord-Ouest » a longtemps été cherché par les navigateurs. Car il permettrait d’ouvrir une route maritime entre l’Europe et l’Asie particulièrement courte… et donc économique !
Cette recherche va durer de 300 ans et à tout d’une histoire à la fois tragique, pathétique et d’une certaine façon comique.
Les premiers européens pensent que l’Amérique du Nord est un continent étroit, et qu’un passage vers l’Asie et surtout le « richissime » Japon est possible. En premier le Japon n’est pas riche. Ce qui sera découvert plus tard. Ensuite, la taille du continent est largement sous-estimée. Les cartes du nord de l’Atlantique et du Pacifique vont le montrer. Mais, si un passage était découvert, cela changerait totalement les routes commerciales !
Dès le XVIe siècle, des explorations (Frobisher, Davis...) révèlent certains passages, potentiels mais ils sont bouchés par les galces. Au XVIIe siècle, on croit avoir enfin trouvé le passage. Mais il s’agit du détroit d’Hudson. Cela deviendra la principale route commerciale, vers les USA pour le plus grand bénéfice de ce pays en devenir !
Au XIXe siècle Parry (GB) explore une autre voie potentielle. Elle est plus au nord. Et très logiquement plus dangereuses à cause des icebergs et des glaces. Prudemment Parry fait route arrière. L’amirauté britannique se développe en direction de l’Asie. L’ouverture d’une telle voie serait un avantage conséquent par rapport à l’Empire du Tsar qui se développe au nord de la Chine en profitant de ses voies terrestre. C’est le début de ce qui sera appelé « le grand jeu » entre ces deux empires.
En 1845, Les Anglais envoient Sir John Franklin trouver ce fameux passage. On ne les reverra jamais. Durant les 12 années suivantes de nombreuses expéditions seront envoyées pour les retrouver. Leur principale utilité sera de cartographier ces côtes et de mieux comprendre les périodes de glaciation où toute navigation est impossible.
De 1853 à 1854, une première liaison est enfin réussit. Mais elle est faite en traîneaux sur la majeure partie du trajet ! Un tel exploit est salué, mais ne fait qu’alimenter la frustration de tous ! D’autres expéditions sont montés. En vain. Jusqu’en 1902 ou Sverdrup confirme l’absence d’un passage maritime ! Il y a des glaces partout. Le passage du Nord-Ouest est un mythe.
Les Anglais, qui ont tellement investi sur ce passage sont assommés. Ils se détournent de cet endroit. Jusqu’à ce qu’un certain Amundsen réussisse enfin le passage sur son navire le Gjoa ! Le voyage va durer de 1903 à 1905. Car si Amundsen réussit à se faufiler dans le passage du Nord Ouest. Son bateau est lui pris dans les glaces dans le détroit de Bering (la sortie du passage.). Amundsen devra faire 800km en ski pour annoncer par télégraphe qu’il a réussi ! … et attendre en juillet 1906 que son bateau se soit dégagé des glaces ! Le mythique passage est enfin trouvé. Mais il n’est guère utilisable !
Mais à ce moment, les yeux de l’amirauté britannique est tourné vers la mer du Nord. Elle a d’autres priorités. La flotte du Kaiser se pose en concurrente de la Royal Navy !
Le passage du Nord Ouest reste une voie maritime au potentiel immense. Dès la fin de la seconde guerre mondiale, les canadiens réussissent à faire passer un bateau de police et détermine de manière définitive la voie de navigation. Ce que vont utiliser sans vergogne les USA avec le pétrolier Manhattan en 1969 … et un brise glace. Se pose alors la question de la souveraineté de ce passage … et des droits commerciaux qui vont avec ! Le Canada estime que ces eaux sont les leurs… Ce que contestent les USA, l’Europe… Cette question, hautement théorique lorsque les eaux étaient prises par les glaces, devient un véritable enjeu commercial avec le réchauffement climatique. Car le passage sera possible sans avoir à recourir à des brises-glace et alors que le canal de Panama a de plus en plus de soucis ! Il est donc hautement probable qu’on réentende parler de passage dans les prochaines années.