Arkadi Kochko, le Sherlock Holmes de la Russie des Tsars.
La Russie Impériale est fascinante. Elle représente à la fois un état presque « médiéval » avec ses serfs et ses domaines nobles et dans le même temps offre une société étonnamment moderne, capable de rivaliser dans de nombreux domaines avec la majorité des états Européens.
Pour illustrer ce paradoxe, et mieux explorer la société russe Steam Punk, il faut lire «Détective du Tsar ». Un livre de Dimitri de Kochko où il romance les aventures de son arrière grand-père : Le Sherlock Holmes de la Russie Impériale.
Arkadi Frantsevich Kochko (1867-1928) est un jeune noble. En tant que tel, il doit embrasser une carrière de militaire. Mais voilà. Arkadi a pour idole le fameux détective Lecoq ! Lecoq est un personnage littéraire inventé par Emile Gaboriau. Confronté à des énigmes souvent compliquées, ce personnage les résous grâce à des méthodes d’infiltrations et de déguisement y compris dans chez les pires criminels. Une méthode qu’utilisera plus tard un certain Conan Doyle pour écrire les aventures de Holmes.
En 1894, contre l’avis de tous … et des bonnes manières. Arkadi démissionne de l’armée impériale et entre dans la police de Riga comme inspecteur. Là, il va réutiliser les méthodes de « Lecoq » et infiltre toutes les couches de la société. Il en profite pour recruter de nombreux informateurs et commence à engranger les succès. Sans appuis, il devient à 33 ans le chef de la police de Riga. Apprécié de ses subordonnés, mais aussi de la population locale qu’il ne néglige pas. Arkadi Kochko finit par être nommé chef adjoint de la police de St Petersbourg en 1905.
Arkadi Kochko ne se contente pas de ses méthodes d’infiltration et des réseaux d’informateurs. Il étudie toutes avancées techniques et scientifiques. Le travail de Alphonse Bertillon, sur les méthodes d’identification anthropométriques va lui servir de base pour mettre au point une base de données particulièrement efficace. De la même façon, il met au point un index des empreintes digitales qui complète la méthode de Bertillon… ce que ce dernier fera de manière comparable.
La carrière de Arkadi Frantsevich Kochko est déjà remarquable. Mais elle devient encore plus spectaculaire à partir de 1908. Le président du conseil des ministres, Stolypine, lui donne pour mission de rétablir l’ordre dans la police de Moscou. Cette dernière est particulièrement corrompue et participe même au détournement de l’argent de l’état ! Il va réussir en un an !
Il met au point un système de police des polices. Dont le niveau le plus élevé s’apparente à une sorte de service secret dont les hommes vérifient incognito que la police de Moscou respecte la légalité. Ensuite, des groupes de spécialistes sont formés. On en trouve pour les mœurs, pour les homicides, pour les escroqueries… Enfin, un dernier service, utilisant des chiens policiers, est formé.
Les résultats ne font pas attendre… et ne plaisent pas à tout le monde. Lors de l’affaire Belis, il s’oppose frontalement au puissant ministre de la Justice Ivan Chtcheglovitov. Mais l’empereur le soutien et lui permet d’innocenter le jeune Belis. De nombreuses affaires sensationnelles en font un personnage connu et admiré. La renommée d’Arkadi Kochko finit par dépasser les frontières russes. Lors du congrès international de criminaliste, il est surnommé par la presse « Le Sherlock Holmes russe ». Il aurait sans doute préféré être comparé au détective « Lecoq »…
En 1915, il est nommé à la tête des services de contre-espionnage. Mais en 1917, le gouvernement provisoire aboli les services de polices… dont ceux sous la supervision de Kochko. Ce dernier, étant noble, doit quitter les services de l’État. En 1919, il doit fuir dans une Russie en pleine guerre civile. De manière surprenante, ce seront les bandes de Kiev, qu’il avait combattu avec succès, qui le sauveront et lui permettront de s’enfuir de la Russie. En 1920, la défaite de l’Armée Blanche montre que l’exode de la noblesse russe est définitif. Kochko adopte la nationalité française et devient gérant d’un magasin de fourrure. Scotland Yard, lui offre la nationalité anglaise et la direction d’un service de police. Il préférera rester en France. Il publie ses mémoires avec succès dans notre langue à partir de 1925.
Le jeune fan des aventures de Lecoq (Emile Gaboriau ) va vivre son rêve et dépasser l’idole de sa jeunesse en devenant le « policier du Tsar ». Un destin exceptionnel qui méritait bien ce modeste hommage.