Chapitre 1 : Les lapins
Un hélicoptère Fennec de l’armée de l’air survole la campagne française de nuit.
« Ouais, comme ballade au pays de la Choucroute… on a fait mieux ! » le commentaire sarcastique de Squat amuse le reste de l’équipe. Dans ce petit groupe de quatre personne, Squat est le mécanicien. Il est aussi capable de piloter pratiquement tous les types de véhicule... mis à part les ascenseurs qu’il refuse de prendre.
« Bof, au moins on aura du pinard au lieu d’une bière US sans goût dans une base de l’OTAN » Répond Félicien. Ce dernier est le seul véritable combattant du groupe. En plus d’être un armurier plus que compétent. C’est aussi l’autre « humoriste » de l’équipe.
« Qu’en pense tu Droopy ? » Droopy est l’électronicien et l’informaticien du groupe. Ancien sous-marinier, c’est aussi le plus « règlement - réglement »… avec toutefois une imagination « technique » souvent surprenante lorsque cela est nécessaire.
« Je me demande surtout pourquoi en nous affectant en Allemagne auprès de l’OTAN, il nous envoie dans une toute petite base militaire en France… » Réponds Droopy sombrement. Prudent à l’extrême, il est surtout considéré comme le pessimiste de l’équipe. Personne ne lui répond car l’hélicoptère est en approche. Trois phares éclairent une surface plane. Dans un vrombissement, l’hélicoptère se pose. Alors que le rotor tourne toujours, les quatre passagers sont invités à sortir du Fennec. En passant, devant un des phares, Droopy est ébloui et trébuche. Félicien et Squat sont hilares. Plusieurs plaisanteries sur la sobriété de Droopy fusent. D’un caractère plutôt irritable, Droopy est anormalement calme.
« Est ce que ça va ? » Demande charitablement l’officier du groupe. Mais Droopy ne répond pas, son regard est comme vide. Usagi, mais aussi les autres se taisent et laisse leur ami réfléchir. Intrigué, l’un des personnels au sol s’avance vers le petit groupe.
« Est ce que vous pouvez me donner les caractéristiques techniques de cette lampe ? » Demande Droopy à cette personne.
Après cinq minutes passées à discuter avec les techniciens de lampes de forte puissance, de batterie et d’autres caractéristique techniques, Droopy se tourne vers ses amis.
« Alors ? Une nouvelle idée de bricolage ? » Demande Félicien amusé
« On est en retard, suivons le planton et en silence s’il vous plaît ! » Répond le chef de cette petite équipe. Usagi, simple lieutenant, est une anomalie au sein de l’armée. Ayant reçu une formation en biologie, il se retrouve à la tête d’un groupe de quatre militaires, lui compris. Souvent malade, il aurait dû être écarté du service actif. Mais le hasard, en l’occurrence une décision étrange de l’état-major, en a décidé autrement. Faute de compétences spécifiques, il est également devenu un infirmier très compétent. A sa très grande surprise, il a pu faire ses preuves comme officier à la tête de ce petit groupe lors d’une mission en Corée. Ayant affronté un certain nombre de situations épiques, la cohésion du petit groupe s’est de plus en plus renforcée.
« Bizarre... »
« Droopy, tout va bien… Relax » répond Félicien amusé. Les deux autres regardent l’ancien marin. Ce dernier est peut être ronchon, râleur et parfois même très lourd. Mais ses camarades ont appris à faire attention à ses intuitions.
« Qui y a t’il ? » Demande le lieutenant.
« Il n’y a presque pas d’uniforme. Que des civils… on est bien dans une base militaire ? » Les trois autres sont surpris. Mais effectivement, la proportion de militaire semble très faible. Le planton qui les précède se retourne et les interromps.
« Messieurs, je vous prie d’entrer cette salle de réunion. Vous allez avoir toutes les informations dont vous aurez besoin. ». Méfiant, le petit groupe s’arrête devant la porte et inspecte avec attention la salle avant d’entrer. C’est une grande salle de réunion. Cette salle est en bon état, mais sans rien de particulier. Les tables forment un « U » et au bout de cet assemblage, se trouve un écran géant. De l’autre côté des tables, devant un ordinateur portable, se trouve un civil. Grand, sec, il se dégage de lui une impression d’autorité et une totale absence d’emphatie.
« Messieurs, je vous prie de prendre place autour de moi. » Le ton de la personne est presque agréable. Mais il s’agit incontestablement d’un ordre. Conditionné, le petit groupe se répartit autour de cette personne alors que le planton ferme la porte.
Plusieurs officiers de haut rangs entrent par une autre porte guidés par un autre civil. Ce dernier semble plus sympathique que le premier. Ce qui ne semble pas difficile. Sans prendre le temps de se présenter, le premier civil commence la conférence.
« Messieurs, vous avez été sélectionnés pour une mission très spéciale. Vous avez tous déjà travaillé pour des missions spéciales pour l’OTAN et vous êtes déjà soumis à des clauses de confidentialités. Ce qui va être dit ici, ne doit jamais en sortir ! Est ce clair ? »
Présentation classique pour une mission à la limite de la légalité. Sauf qu’aucun des membres du groupe n’est un « barbouze »(1). Ce sont tous des militaires d’actives qui n’ont jamais été volontaires pour de telles missions. Chacun remarque la posture des militaires présents, il s’agit réellement d’une affaire réellement embarrassante. Ce qui la rend à la fois amusante et intéressante.
« Messieurs, cette mission se fera à la demande du gouvernement allemand, sur le sol allemand. Mais, dans la limite du possible, ni la police, ni les forces armées allemandes ne doivent être prévenus ! » Le ton désagréable au possible suscite une réaction hostile du lieutenant.
« En Allemagne ? Depuis des décennies on ne trouve plus en Allemagne d’espions soviétiques ou de terroristes extrémistes. Et pourquoi une opération sans le soutien des policiers ou des militaires allemands ?… » Demande Usagi. Les autres membres du groupe sont également très surpris. L’autre des civils répond avec un mélange de colère, de honte et un léger accent germanique .
(1) Surnom attribué à des militaires ou des para-militaires effectuant des opérations armées en dehors de toute intervention militaire classique. Les services de renseignements recourent parfois à ce genre de personnel pour des interventions discrètes et rapides à l’étranger. Les opérations les plus courantes vont de la récupération d’espions, la capture de terroriste ou la libération d’otage.
« Au début des années 2020, Heinrich XIII, aussi nommé le « prince de Reuss » a tenté un de renverser le gouvernement allemand. Il voulait restaurer un nouvel Empire Allemand. Le prince de Russ est le chef des complotistes néo nazi des « Reichsbürger ». En français cela signifie les "Citoyens du Reich". Certaines sources affirment qu’ils avaient pris contact avec Poutine pour être immédiatement reconnus comme dirigeant légitime de l’Allemagne. Ce qui n’a jamais été confirmé par les Russes. Ce Heinrich XIII dirigeait un groupe estimé à au moins 80 000 hommes. Un nombre impressionnant, Surtout que certains sont des policiers, des militaires et même des parlementaires !!!. » (1)
A cet énoncé surprenant, les militaires semblent de plus en plus mal à l’aise. Des Allemands eux aussi ? Les quatre Français tentent de diriger l’information. L’Allemagne, qui donne tant de conseils voire d’ordre à l’Europe depuis sa réunion avec l’Allemagne de l’Est, n’aurait pas tiré les leçons de la seconde guerre mondiale ?
Le long silence qui suit est coupé par le grand civil sec au ton désagréable.
« A Francfort, lors de la perquisition du domicile du chef des Reichsbürger, de nombreux documents ont été saisis. Sur l’un d’eux, il est fait mention de la « Deutsche Außenhandelsbank Schacht & Co ». Cette banque a une histoire très particulière. Elle a été fondée par l’ancien trésorier du 3e Reich : Schacht. Cet économiste de génie à géré l’économie allemande après la première guerre mondiale. Puis, il a choisi de s’associer avec le NSDAP (2), Schacht organise avec succès le financement des campagnes politiques des nazis en obtenant de nombreux financement des entreprises allemandes mais aussi d’entreprises nord américaine US. Lorsque Hitler prend le pouvoir, c’est Schacht qui permet le financement du réarmement allemand en tant que ministre de l’économie et président de la Reichsbank. D’une certaine façon, c’est cet économiste qui va fournir au IIIe Reich les moyens de s’armer. Mais Schacht s’oppose à Goering et doit démissionner de l’ensemble de ses fonctions. En 1943. Il est même déporté après avoir été impliqué dans l’attentat contre Hitler. Ce qui lui permet d’éviter d’être jugée à Nuremberg après guerre. En 1953, il fonde cette banque : la « Deutsche Außenhandelsbank Schacht & Co ». (1)
Le civil prend un certain temps. Les faits relatent une période particulièrement sombre de l’histoire. Le groupe de français est fasciné. Quel est le rapport entre les nazis et leur mission ? L’exposé reprend.
« Les archives de cette banque sont très vagues concernant l’origine des capitaux qui ont permis sa création et surtout son développement. Malgré des époques différentes, et dans des contextes tout aussi différents, il semble le financement de cette banque, celui des nazis avant la seconde guerre mondiale et surtout celui des Reichsbürger soient intiment liés. Il faut le vérifier et faire en sorte que cette source financière soit tarie pour toujours. Il faut à tout prix éviter la création d’un IVe Reich. »
(1) Authentique
(2)Parti national-socialiste des travailleurs allemands. Parti politique allemand d'extrême droite, actif entre 1920 et 1945 et dirigé par Adolf Hitler...
« Excusez-moi, mais que venons-nous faire dans l’examen de documents comptables ? Nous sommes tous les quatre des militaires ? » Demande Félicien avec désinvolture.
Le civil au léger accent germanique lui répond.
« Votre mission va consister à protéger « Hans » et « Gretel », deux de nos agents, lorsqu’ils vont tenter de s’infiltrer dans ce domaine pour découvrir ce financement. Attention, les Reichsbürger sont armés et ont déjà abattus des policiers (1), ils n’hésiteront pas à riposter. Mais, il faut absolument couper le mal à la racine ! »
« Pardon ??? « Hans » et « Gretel » ??? Des nazis ??? on est dans un conte des frères Grimm ou dans un épisode d’Indiana Jones ??? » demande en rigolant Squat. Usagi n’a pas le temps de rappeler à l’ordre son subordonné que Droopy lui coupe la parole.
« Non, Ce sont les noms de code des deux membres de la Fraction armée rouge : Andreas Baader et de Gudrun Ensslin dans les années 1970 (2)… Ils sont morts en prison si je ne me trompe pas. Quel est le lien entre les nazis est les terroristes d’extrême gauche ? Ils ne sont jamais aimés pour autant que je saches ? »
« Droopy, laisse tomber le cours d’histoire ! »Coupe Usagi qui reprend immédiatement
« Pourquoi nous ? il s’agit d’une affaire allemande interne. Nous ne faisons pas partie de la police et nous n’avons pas mandat pour intervenir sur le sol allemand. » Demande poliment, mais fermement Usagi.
« Bah... On y va. On crame tout et on rentre chez nous. C’est aussi simple que cela ! »
« Squat... » Le ton d’Usagi est exaspéré. Il connaît bien Squat et ne s’inquiète pas. Par contre, les officiers qui font face au petit groupe, ne le connaissent pas ... et ils sont à la limite de tomber dans les pommes en entendant cela…
« Que voulez-vous faire « ? » Demande avec surprise le civil avec un accent germanique. Usagi , plutot agacé par la répartie idiote de son subordonné, répond sèchement.
« C’est une plaisanterie idiote de mon subordonné, je vous prie de l’excuser et de ne pas en tenir compte » Squat regarde ailleurs… avec un sourire en coin. Ce que ne peut manquer de remarquer Usagi.
« Toutefois, en tant que militaire, je remarque, j’insiste sur ce point, qu’il s’agit d’affaires internes à un gouvernement allié. Nous sommes des militaires. Pour autant que je sache, nous n’avons pas le droit d’intervenir dans ce cas. »
« C’est de la mutinerie !!! » finit par s’exclamer le civil à l’air hautain dans un français sans accent. Un haut fonctionnaire français ? Se demande sans se concerter chaque membre du petit groupe.
(1) Authentique
(2) « Hans » et « Gretel » étaient les noms de code des deux membres de la Fraction armée rouge Andreas Baader et de Gudrun Ensslin. La Fraction armée rouge est un groupe terroriste d’inspiration communiste qui va terroriser l’Allemagne de l’Ouest (Occidentale) dans les années 1970.
« Non, la loi française exige que chaque militaire se doit de désobéir à tout ordre illégal (1) » continue Usagi sur sa lancée. L’argument juridique surprend les militaires et agace visiblement le civil au parfait accent français.
« Votre gouvernement vous à mis à notre disposition. Le gouvernement allemand demande à L’OTAN d’intervenir car il considère qu’il fait l’objet d’une attaque. A ce titre, l’OTAN à l’obligation d’intervenir au secours de l’un de ses membres. Il est vrai que le théâtre des opérations et les « ennemis » sont spéciaux. Mais, cette opération est tout à fait légale. » Le ton de ce nouvel interlocuteur, un officier supérieur, est convaincant. Ses arguments semblent légitimes.
« Cela dit, le contexte n’est pas clair. Les Allemands ont une police et des forces spéciales compétentes. Pourquoi faire... » Reprends, obstiné, Droopy
« Droopy !!! » le coupe Usagi
« La police est suspecte. Le gouvernement allemand doute de ses forces de sécurité, c’est tout » constate laconiquement Félicien. Le responsable à l’accent allemand devient rouge brique. Il se tait et détourne le regard. A la surprise générale, c’est Squat qui demande avec sérieux :
« Peut-on avoir un contexte général, puis les spécificités de la mission mon … haut fonctionnaire ? » Squat un sourire en biais. Quelques militaires éclatent de rire. Par contre, le « haut fonctionnaire » avec le parfait accent français est visiblement furieux. Le civil avec l’accent allemand, visiblement plus à l’aise, reprend la parole.
« Depuis plus de 800 ans, les princes de Reuss ont dirigés le Land de Thuringe, dans le centre est de l’Allemagne. Ils ont perdu à la fois le titre et le contrôle de cette région en 1918. Malgré cela, ils gardent encore de nombreux domaines. (2) L’un d’eux est le château de Bad Lobenstein. A côté se trouve un domaine forestier qui a été identifié comme le quartier général des Reichsbürger. C’est là que vous allez intervenir pour couvrir nos agents. »
(1) «instruction» parue au Bulletin officiel des armées de décembre 2005 . Statut du militaire de 1972 et de 2005.
Dans les faits ce n’est pas tout à fait vrai. C’est le militaire auquel est donné l’ordre qui doit savoir ce qui est légal ou ce qui ne l’est pas. Selon Code pénal français, article 122-4, « n’est pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte commandé par l’autorité légitime, sauf si cet acte est manifestement illégal ».
Sauf que dans la réalité une telle décision, surtout en situation de combat, n’est jamais facile à prendre…
(2) Authentique
Le civil a l’accent allemand s’interrompt. Satisfait de voir que tout le monde suit avec attention son discours, il active une commande du pupitre devant lui. A ce moment, plusieurs photos aériennes apparaissent sur le mur derrière lui. Il reprend
« Dans le cadre d’un exercice de l’OTAN, l’armée de l’air française a réalisé des reconnaissances aériennes. Elles ont révélé qu’il a un personnel nombreux, que l’on suppose armé. De nombreuses patrouilles ont été détectées lors de ces missions de reconnaissance. Point positif : la propriété qui sert de quartier général au « Reichsbürger » est isolée. Cela signifie que les probabilités d’interactions avec des civiles sont nulles. Mais, de ce fait, il est probable que les « gardiens » de cette propriété n’hésiteront pas à vous tirer dessus. Je suis au regret de vous signifie que vous, ne pouvez tirer qu’en cas de légitime défense. En fait, il vaudrait mieux, que vous évitiez tout tir contre eux du fait de la situation politique actuelle. »
« Votre plan, consiste à ce que l’on serve de cible ? » demande en grimaçant Félicien
« Félicien ! » gronde Usagi… mais le ton du lieutenant n’est pas convaincant. Lui aussi n’est pas satisfait.
« Pas soucis, on a un plan ! » remarque Squat en regardant Droopy. Ce dernier regarde fixement Félicien… Droopy doit avoir une idée derrière la tête, pense avec amusement Squat.
« Messieurs !!! Vous représentez la France !!! » Fait remarquer avec conviction le civil « hautain » sans accent. « C’est bien un haut fonctionnaire de chez nous ! Peut être même un énarque ! » tente de faire remarquer discrètement Félicien.
« Il y en a encore ? » demande avec surprise Usagi. Ce qui fait rire les quelques militaires qui connaissent la France.
«Usagi !!!! » le ton de Squat fait éclater de rire Félicien et Droopy. Usagi est lui rouge brique… tout comme le fonctionnaire qui est le sujet de cette discussion, mais sans doute pas pour les mêmes raisons !
Après une certaine confusion, Usagi parvient à reprendre le contrôle de son petit groupe. Certains des militaires qui leur font face sont franchement amusés et ne cherchent pas à le cacher. Mais d’autres, dont l’« énarque », semblent carrément furieux. Le civil à l’accent germanique est seulement surpris. Au bout d’un certain temps, il reprend.
« Tout tir doit rester strictement dans le cadre de la « légitime défense ». Votre mission consiste à escorter les agents « Hans » et « Gretel » de la limite de la propriété au manoir désigné sur le plan. Vous devrez les laisser opérer à l’intérieur, puis couvrir à nouveau leur retraite. Cette mission sera d’autant plus complexe que, comme l’a observé un chasseur équipé d’une nacelle ASTAC (1) de votre force aérienne, les senseurs de protections sont nombreux. Toutefois, les retours d’informations de votre précédente mission en Corée montre que vous avez su mettre en échec de telles protections. »
« C’est vrai. On a pas été trop mauvais sur ce coup là ... »
« Squat ! » bougonne Usagi.
« On a failli y passer quand même... » fait remarquer Félicien
(1) Nacelle de guerre électronique française. Particulièrement efficace pour repérer l’ordre de bataille électronique adverse lors des missions de reconnaissance. Matériel ancien régulièrement modernisé. Équipe aussi d’autre armées de l’air alliés. Le Japon, en particulier, en utilise plusieurs.
« Felicien ! » Continue, sans grande conviction Usagi. Tous les trois fixent l’« énarque ». Les regards sont méfiants, voire hostile de part et d’autre. Conscient de cette hostilité, les autres personnes présentent hésitent visiblement à prendre la parole. Seul Droopy semble perdu dans ses pensées. Félicien reprend, tout en continuant à garder un œil sur « l’énarque ».
« Pourquoi ne pas tenter de pirater leurs serveurs ? Leur cybersécurité doit pouvoir être contournée, non ? ».
« La protection numérique des la propriété est faite à la mode soviétique. Il n’y a pas de liaison entre le Web ou un quelconque réseau de téléphonie cellulaire et les serveurs de la propriété. Il faut s’introduire physiquement dans cette dernière pour y voler les documents. » Répond « l’énarque ».
« Qu’en est t’il pour le système d’alarme ? Peut-on le pirater à distance ?» Demande Droopy
« C’est sur le même principe, Pas de liaison extérieure, on ne peut pas pirater à distance le système d’alarme. Mais, l’examen des documents comptables du prince Reuss a permis de trouver le fournisseur. Nous avons pu nous faire une idée précise des installations de ce domaine. Si le système est performant, il peut être leurré. Il reste toutefois les gardes… Il suffit de passer devant un senseur pour qu’ils interviennent immédiatement. »
« Connaît-on leur répartition ? »
« Seulement, celle autour des voies de circulations et un certain nombre dans le parc qui entoure la propriété. Mais, nous avons découvert que le nombre de senseurs acheté est très supérieur à celui déclaré aux assurances. A cela il faut ajouter autres systèmes plus anciens dont nous ignorons l’existence, mais qui pourraient être toujours fonctionnels ! »
« La mission est simple, on doit aller dans un repère de nazis surarmés sans se faire repérer, pour que des agents récupèrent des données et les faire évacuer alors que nous n’avons pas le droit de nous servir de nos armes. Peut-on avoir des capes d’invisibilités ? » Demande Squat avec un large sourire innocent.
« Vous aurez accès aux équipements civils ou militaire dont vous aurez besoins. Mais pas à l’armement mis à part des armes de poing pour votre auto-défense.»
« Il faudrait au moins un fusil d’assaut pour l’un de nous ! » Exige Félicien
« Des caméras, des systèmes de contrôle à distance et un atelier » demande avec malice Squat
« As-tu une idée pour entrer et sortir de ce piège ? » Demande Usagi à Squat.
« J’ai un plan ! Mais il faudra pouvoir attirer l’attention des gardes le temps que « Hans » et « Gretel » jouent avec les réseaux informatiques du IVe Reich » Répond Squat.
« Tu comptes forcer le passage et espérer qu’ils regardent ailleurs pendant que l’on parte ? » Demande Félicien
« Exactement ! » Réponds Squat
« C’est impossible ! Je vous rappelle qu’il s’agit d’une réunion d’information que je dirige. Je vous prie de suivre mes consignes et mes ordres» coupe « l’énarque » avec colère.
« Non, j’ai Droopy avec moi ! » A la réponse de Squat, qui ignore totalement « l’énarque », tout le monde se tourne vers Droopy. Celui ci fixe toujours les données affichées sur le mur.
« Droopy, peux-tu faire ce que demande Squat ? » Demande Usagi
« Je le crois… Mais il va falloir faire le tour des animaleries ! »
« Des animaleries ???? »
« Il me faudrait des lapins, plein de lapins ! » Réponds Droopy
« Mais ce n’est pas Pâques ! » Répond Félicien avec ironie tandis que « l’énarque » rage en silence.
Quatre jours plus tard dans le Land de Thuringe, quatre camionnettes approchent doucement des grilles du château de Bad Lobenstein. Les engins sont surchargés de panneaux publicitaires sur les côtés et à l’avant. Le conducteur d’une voiture qui les croiserait trouverait sans doute exagérés les supports du panneau publicitaire se trouvant à l’avant de chaque véhicule. Et puis, pourquoi mettre un panneau publicitaire à l’avant d’une voiture ? Mais aucune voiture ne croisera ce curieux cortège.La circulation sur cette route a été détournée suite à l’accident d’un transport de produit chimique. Il ne devrait même pas y avoir de véhicule sur cette route se dit un des gardes du château en remarquant les véhicules s’approcher de la porte… Dans le château, les gardiens contrôlant les abords du périmètre du château grâce à leurs caméras n’ont pas fait attention à la configuration spéciale des véhicules. Mais leur seule présence est suspecte, tout comme leur comportement, les véhicules qui semblent se placer face à la grille. Comme si…
Le grondement du premier véhicule surprend les gardes qui patrouillent à proximité de la grille. Le véhicule fonce soudain vers la grille en hurlant. Les gardes, par réflexe, sortent déjà leur pistolet mitrailleur quand l’avant « spécial » du premier véhicule semble exploser à une dizaine de mètres devant la porte. Malgré sa solidité, la grille est ébranlée par l’explosion du « panneau publicitaire ». Les lourds supports sont propulsés en avant avec violence par l’explosion et endommagent le portail. L’impact du van qui suit immédiatement après achève d’enfoncer la grille. Toutefois, le van est lui aussi totalement démoli. Mais il reste suffisamment mobile pour dégager la voie pour les trois camionnettes qui s’élancent à leur tour vers le château. Sonnés par l’explosion, les gardes se ressaisissent et donnent l’alerte tout en ouvrant le feu sur le van endommagé qui gît devant eux.
Dans le château, l’alerte est déjà donné. De nombreux gardes se précipitent vers les râteliers d’armes pour s’équiper. Une fois armés, ils foncent vers l’entrée du château. Des haut parleurs les informent en temps réel de la progression des trois camionnettes. Les gardes déjà en service, tirent des grilles conçues pour crever les pneus et immobiliser tout véhicules. Les autres prennent position derrière de gigantesques pot de fleur en béton au fur et à mesure qu’ils sortent du bâtiment. Au loin, les camionnettes foncent en hurlant. Alors que les véhicules s’approchent, les gardes déjà en position commencent à ouvrir le feu. Si les armes de poing n’ont pas la portée suffisante, les fusils d’assaut font déjà exploser les pare-brises.
Les véhicules stoppent soudain devant les grilles. A cette distance, l’ensemble des armes des gardes sont à portée. Les ridicules panneaux avant montre leur réelle fonction : faire office de pare balle pour protéger le moteur. Instinctivement, les gardes modifient leur visée pour ravager l’intérieur de l’habitacle en tirant sur le pare-brise.
L’un des gardes hurle aux autres de stopper le feu. Les véhicules semblent inertes. Il n’y a pas de réaction. Comme si il n’y avait personne à l’intérieur. D’autres ordres sont donnés. Trois petits groupes se constituent et avancent lentement vers chaque véhicule. Qui sont les inconscients qui ont tenté de forcer l’accès au château qu’ils protègent?
A la grille du château, les gardes sont déjà devant le véhicule endommagé. Ils ouvrent la porte latérale brusquement en ouvrant le feu. Mais il n’y a rien ! Le véhicule est totalement vide… mis à part un système de caméra autour du pare-brise. Quelques boîtiers électroniques sont raccordés à ces caméras mais aussi à la direction et à la boite de vitesse automatique. Une caméra, à l’arrière de cet assemblage semble les fixer.
Devant le château, les gardes font la même découverte. La surprise est totale. Que se passe t’il. Puis soudain, une fumée s’échappe d’un des boîtiers, puis d’un autre. Craignant pour leur vie. Les gardes prennent brusquement leurs distances alors que les fumées se font plus épaisses.
Dans le château. De nouvelles alarmes se déclenchent. Les senseurs détectent sans cesse de nouvelles intrusions. Pour les gardes l’évidence s’impose à eux. Les véhicules n’étaient qu’un leurre devant masquer l’arriver d’un groupe plus qu’important. Ameutant toutes les troupes disponibles, les responsables ré-organisent rapidement la défense. Deux hommes sont laissés devant les véhicules vides, les autres vont au-devant des ennemis. Impatients de prouver leur valeur, les Reichsbürger foncent stopper les assaillants.
Déçus, les deux gardes qui restent en arrière regardent leurs camarades partir au combat. Ils ne remarquent pas les silhouettes sortir furtivement des véhicules. Les tirs de taser les plongent dans l’inconscience sans qu’ils ne remarquent rien.
« Hans, Gretel à vous ! » ordonne doucement Usagi dans sa radio. Deux silhouettes se détachent foncent furtivement à l’intérieur du bâtiment.
« Squat, vérifie les véhicules. Il nous en faut au moins un en état de marche. » continue le lieutenant.
« Je l’avais dit ! Un plan génial ! » répond l’intéressé en vérifiant sur une tablette les données de chaque véhicule.
« Comment à tu eus l’idée de nous planquer dans des compartiments secrets ? » Demande Félicien à son ami.
« La guerre des étoiles ! jeune Padawan, la guerre des étoiles ! »
« Génial... » répond Félicien en se penchant pour récupérer les armes et les chargeurs des gardes inconscients.
« Ici Hans et Gretel, nous avons pris le contrôle du centre de commande ennemi. Nous commençons à récupérer les données des serveurs »
« Reçu Hans et Gretel » Répond le lieutenant dans sa radio.
« Ici Usagi, Mise en place du brouillage maintenant » La réponse fuse dans l’oreillette du jeune lieutenant.
« Droopy, le brouillage est en place. A t’on avis, pour combien de temps ont en encore les gardes avant de s’apercevoir qu’ils se sont fait avoir ? » demande Usagi à Droopy.
« Encore 5 minutes pour Hans et Gretel. Pour les gardes, d’après les données de leur propre système d’alarme, les gardes n’avaient pas encore pas pris contact avec les « lapins » avant le brouillage. »
Plus ou moins regroupés par binômes, les gardes progressent vers l’ennemi. Le brouillage qui se met en place n’est pas une surprise. Il était prévu dans la majorité des plans. Les autorités ne pouvaient pas ne pas intervenir. Ce qui est le plus surprenant pour le chef des gardes est l’absence totale d’avertissement. Ils étaient censés être prévenus de toute intervention par leurs sympathisants présents des forces dans la police et dans l’armée. Un des binômes signale l’absence de tout ennemi sur le flanc par des gestes. L’absence de liaisons radio est un handicap certain. Mais, pour compenser ce handicap, chaque binôme est constitué d’un ancien militaire ou d’un ancien policier. Tous se connaissent et connaissent le parc. Et puis, raisonne le chef des gardes, il suffit juste de gagner suffisamment de temps pour effacer tous les serveurs de données. Les techniciens du QG doivent déjà avoir commencés cette tâche. Ensuite, sur leur signal, il suffira de replier, voire de se rendre… les avocats et surtout le contrôle qu’ils ont sur les forces de police locale, garanti leur « immunité ».
Alors que le chef réfléchi à sa situation, l’un des binômes se retrouve un court instant isolé des autres. Les membres de ce groupe ont juste temporairement perdu de vue leurs camarades en pleine forêt. Ce qui est logique. Mais le « vétéran » de l’armée qui dirige le binôme était surtout un administratif. Contrairement aux policiers allemands depuis Munich en 1972 (1), les militaires allemands sont souvent des militaires de garnison. Le « vétéran » n’en est pas réellement un. Aussi, lorsqu’il croit voir un mouvement sur un côté, il se tourne sans réfléchir et sans prendre de précaution et ouvre le feu ! Il ne touche rien d’autre que les arbres. Mais son binôme lui apporte immédiatement un soutien et touche une cible !
Un tir répond à l’attaque immédiatement. En quelques secondes, les binômes de gardes s’entre-tuent et la situation devient totalement incontrôlable. Le chef des gardes, tente de calmer le feu, mais il reçoit une rafale en pleine poitrine. Alors qu’il s’écroule, il remarque un lapin. Un lapin avec un harnais et un équipement très étrange. Avant de sombrer dans l’inconscience, il comprend alors qu’ils se sont fait avoir. Le système d’alarme n’a pas détecté une intrusion en force, mais de simples lapins équipés pour déclencher les alarmes du parc. Mais à ce moment précis il est déjà trop tard...
« Hans ! Gretel ! » appelle Usagi depuis un des camions. Squat est au déjà à l’intérieur, une télécommande à la main. Droopy, surveille un côté avec l’arme d’un des gardes tandis que Félicien surveille l’autre côté. « Hans » et « Gretel » foncent vers le véhicule et monte à l’intérieur. Ils sont suivis de Droopy et de Félicien.
« Squat, détruit les deux autres engins et on part immédiatement après ! » Ordonne le lieutenant.
« A vos ordres mon lieutenant !!! » répond avec un sérieux très affecté Squat. Usagi est tellement surpris qu’il tombe lorsque Squat démarre en trombe. Devant le château, les deux autres véhicules commencent à brûler.
Devant le portail, la patrouille de garde ne sait pas quelle décision prendre. Les rafales d’armes automatiques démontrent clairement que leur repère subit une attaque importante. Mais, la radio est brouillée. Ils ne peuvent plus joindre personne au QG ou le reste des gardes sur place. Quelques-uns veulent aller soutenir leurs camarades, mais le chef de la patrouille ordonne aux gardes d’assurer la surveillance de leurs arrières… mais dans ce cas, comment avertir les autres d’une attaque de flanc ?
Alors que les discussions deviennent de plus en plus heurtées, l’une des camionnettes surgie sur le chemin du château.
« Crotte et zut ! Les gardes ne sont pas partis ! » râle Squat en fixant l’écran de sa commande.
« Les lâches ! Ils ne sont pas partis aider leurs camarades qui sont attaqués par les lapins !!! » ricane Félicien. Usagi n’a pas le temps de répliquer. « Hans » et « Gretel » se sont levés. Pointant leur pistolet mitrailleur par le pare-brise brisé. Ils tirent de longues rafales sur gardes.
Les gardes sont comme figés. Mais cela cesse dès le début du tir de « Hans » et « Gretel ».
« A terre ! » hurle l’un des gardes. Son ordre est immédiatement suivi. Il se retrouve alors seul, debout alors que le van passe dans un bruit d’enfer devant lui. C’est lorsqu’il s’éloigne dans un bruit de casserole, qu’il remarque que non seulement il est le seul debout, mais qu’en plus il n’a même pas eu l’idée d’utiliser son arme. Mais à ce moment, il est déjà trop tard…
(1) Lors des JO de Munich, l’OLP a pris en otage les athlètes israéliens. Onze ont tués. La police allemande a tué cinq preneurs d’otages et mis en prison les trois autres. En perdant un homme. Toutefois la médiocre gestion de l’événement a provoqué une remise une profonde remise en cause des forces de police allemande. Tout d’abord un groupe d’intervention fédéral spécialisé, le CSG 9, a été créé. Ensuite l’équipement et la formation des forces de police a fait l’objet d’une totale refonte. Actuellement, les forces de police allemandes sont considérés comme faisant partie des dix meilleures forces de police dans le monde avec notamment la France, le Canada, le Japon et le Royaume Uni