1892
Le chancelier Caprivi dissous le Reichstag sur la question d’une armée de 80 000 hommes. L’ennemi n’est pas défini. Mais les discours de l’Empereur Guillaume II sont transparents: il lui faut des terres à l’Est et écraser la menace française à l’Ouest. En réaction la Russie et la République française organisent une convention militaire franco-russe lors de la visite de la flotte russe à Toulon. C’est l’occasion pour les industriels français de montrer aux russes les nouveautés militaires françaises.
Le LZ2, plus grand et plus puissant que le LZ1 est testé. Il peut transporter 200 kg de bombe et est armé de trois mitrailleuses Vickers. Après des tests de bombardement plus ou moins réussis. Une commande de 12 LZ type 2 est commandé par l’Armée du kaiser. La marine impériale demande un version à autonomie accrue pour la reconnaissance navale ce sera le LZ type 3.
L’Autriche Hongrie commande 2 LZ type deux.
La Grande-Bretagne commence la construction d'un dirigeable inspiré du LZ2. Malgré leurs réelles qualités, ces engins sont très chers. La décision, politique, n’est pas du goût de l’amirauté britannique qui préférait des engins de reconnaissance plus petits, mais plus nombreux.
Ne pouvant pas obtenir suffisamment de dirigeables pour assurer les missions de reconnaissance, les anglais mettent à flot le Destroyer HMS Havock. Construit par Yarrow, il avait initialement pour but de contrer les torpilleurs français, depuis leur abandon, il est devenu un « torpilleur escorteur éclaireur ». De nombreux « squadrons » de Destroyer équiperont la Navy. Pour la Marine Nationale Française, qui s’équipe en urgence de croiseurs légers et en escorteurs, ce seront les dirigeables semi-rigides type « France II » qui rempliront ce rôle.
Après la réussite des essais à la mer du « Paris », les croiseurs légers issus du programme « Ville de France » sont produits à la chaîne. C’est une série de 9 navires qui est commandé sur cinq ans. Les Russes en commandent autant pour leur flotte du Pacifique.
Les essais du croiseur « Lorraine » de 3500 t commencent. Le navire étant dérivé du « Paris », les essais se déroulent rapidement. Malgré quelques modifications de détails, les essais sont réussis et quatre croiseurs de ce type sont commandés par la marine nationale française. Bertin lance l’étude d’un croiseur lourd de 5 000 tonnes. Doté d’un blindage complétant un compartimentage serré, il doit porter une artillerie de 305mm, celle d’un cuirassé, et une artillerie secondaire de 75mm, pour lutter contre les torpilleurs et les aérostats. Le nouveau navire doit permettre de compléter les flottes de cuirasser, d’apporter un soutien lourd à des croiseurs ou de soutenir des débarquements. Le crédit de l’ingénieur Bertin est tel, que le projet est accepté sans discussion.
La Tension monte dans l’empire Ottoman. Dans le plus grand secret, les enclaves pétroles du Levant sont équipés d'armes lourdes alors que l’exode arménien s’accélère. Par le biais des pétroles du levant, les Arméniens qui quittent l'Empire Ottoman revendent à vils prix leurs possessions. Ils sont ensuite transportés par la marine nationale en Algérie. Les autorités Ottomanes qui profitent largement de ces ventes, retiennent la population et permettent cet exode tant qu’il reste discret. Dans les colonies françaises où les Arméniens sont débarqués, cet apport de population, mais aussi de compétences et dans une moindre mesure de richesses provoque des tensions. Toutefois, cet apport permet d’accélérer le développement économique de ces régions et en particulier de l’Algérie.
L’électrification des villes de France du Nord et de l’Est commence avec Lille et Nancy. Schneider commence par créer de petites centrales hydrauliques sur les principaux fleuves et rivières ainsi que des moulins à vent pour fournir une alimentation électrique. La gestion de cette énergie est assurée par les centres de gestion centraux imaginés par Tesla. En même temps, les premières antennes fixes pour la télégraphie sans fil sont fabriquées et installées. Mal conçues, elles se révèlent trop fragiles et vulnérables aux intempéries. Seule la tour Eiffel résiste. Cette dernière est étudiée de près et de petites copies sont testées, sans le soutien ou même l’accord d’Eiffel. Cet échec est d’autant plus regrettable que cela attire l’attention de quelques journalistes et scientifiques sur ces étranges constructions.
Malgré ces problèmes, Schneider commence à livrer à l'armée et à la Marine nationale les premiers postes de télégraphie sans fils. Disposant alors de plus de temps, Branly et Tesla commencent à travailler sur un système de détection à distance utilisant l'électricité induite.
La direction du contre espionnage, avec l’appui des brigades mobiles créé le « Service spécial de mécanographie ». Ce dernier est chargé de mettre en place des procédures de sécurité pour les administrations. La rumeur parle très vite d’un « service noir » de l’Etat chargé de capter et de traiter les informations mécanographiques au profit des forces de police et de l’armée française.
C’est lors du procès Wendel que la rumeur d'un espionnage mécanographique par les services de renseignements français naît. Après la guerre de 1870, une partie de la famille Wendel est resté en Lorraine annexée pour garder le contrôle des aciéries familiales. Mais une autre branche de la famille s’est installée en France, à Joeuf près de la frontière Franco-Allemande. La diffusion de documents du groupe par la presse démontre que les Wendel français communiquaient les commandes militaires françaises aux allemands. Les allemands avaient ainsi connaissance de l’état de l’artillerie française (composition, nombre de pièces, localisation des parcs d’artillerie et stocks disponibles) depuis plus de 10 ans. Certaines assertions, non prouvées, affirment qu'une partie de la production, subventionnée par l’armée française est détournée au profit des Allemands. Juste avant la parution de ces pièces dans la presse et l’intervention des forces de police, la famille Wendel se réfugie en Allemagne. Elle est condamnée à la réclusion à perpétuité par coutumace et l’ensemble des biens domiciliés en France sont saisis. Clémenceau ordonne de faire fortifier la zone de Joeuf pour prévenir toute intervention allemande. Pour parer à toute éventualité, les cuirassés terrestres sont envoyés dans la zone. C’est leur première apparition officielle.
Le déploiement d’unités allemandes supplémentaire en Lorraine confirme l’intérêt des Allemands pour la Lorraine. La médiation anglaise et américaine permet de calmer le jeu. Si les cuirassés terrestres finissent par repartir dans les Ardennes, les travaux de fortifications autour de Joeuf se poursuivent. Les allemands se tournent vers les Suédois pour trouver de nouvelles sources d’approvisionnement, mais les unités placées en Alsace et en Lorraine allemandes y restent cantonnées.
Les Transsahariens sont mis en fonction dans les colonies françaises. La production de ces véhicules permet de mettre en place rapidement plusieurs lignes. Bien plus efficaces que les caravanes, les Transsahariens permettent d’exploiter avec efficacité les colonies les plus éloignées des côtes. Paradoxalement, ce sont les infrastructures côtières qui profitent le plus de ces échanges. Les cotes algériennes en particulier se dotent d’infrastructures de plus en plus complètes à Alger et à Mers el Kebir. D’abord construit pour l’entretien et les réparations navales, les chantiers algériens finissent par produire des navires de pêches et des petits caboteurs. Des entreprises de sidérurgie s’installent à proximité. Elles fabriquent du métal nécessaire aux chantiers navals. La métropole produisant déjà des cargos et des paquebots, les chantiers navals algériens se spécialisent dans les pétroliers. Ces pétroliers sont fabriqués pour les entreprises françaises et russes basés au levant et en Russie. Les américains copieront l'unique exemplaire acheté : « le Pigeon »
La Marine nationale encourage et soutien cette nouvelle industrie qui lui permet d’équiper et d’entretenir ses propres navires dans les colonies à moindre frais.
Le canon mitrailleur de 25mm de la manufacture de Chatellerault est testé. Doté de quatre tube, il a une portée efficace de 3500mm pour une cadence de 120 coups par minute. Les ingénieurs français ont cherché avant tout à garder le même encombrement que la version en 8mm Lebel. Des munitions perforantes et explosives sont à l’étude. La décision est rapidement prise de modifier les cuirassés terrestres et les « PanPan » de Panhard pour qu’ils emportent cette arme à la place du canon mitrailleur de 8mm. La marine nationale est ravie par cette arme qui apparaît comme idéale pour lutter contre les destroyers de la Navy et les aérostats allemands. La marine nationale installe sur ses navires cette arme au fur et à mesure des livraisons.
Par contre les recherches françaises sur une mitrailleuse d’infanterie sont un échec. L’ensemble des pays européens se tourne vers Vickers et la Grande-Bretagne pour s’équiper d’armes de ce type. En même temps le Mark VI en Angleterre et l’AV7 en Allemagne sont mis en production. Dans les deux pays, cette production est avant tout une production de prestige et de propagande. Moins de dix exemplaires de chaque seront produits dans l’année.
Les « PanPan » commencent à équiper l’armée française. Fiat Produit une automobile blindée armée de deux mitrailleuses. L’armée Italienne la commande en petit nombre pour faire des essais qui n’aboutiront jamais. La version civile est elle un succès qui remplace le tricycle sur les chaînes de production. Par contre le tracteur d’artillerie fiat est commandé à une trentaine d’unité pour l’armée italienne. Il servira de base à un petit véhicule blindé capable de s’aventure hors des routes qui équipera en nombre l'armée italienne.
Le Reichstag Allemand vote le volet économique de la Triplice. Mais ce nom semble appelé à changer, puisque l’Angleterre participe à ce volet commercial. Le président des Etat Unis, Grover Cleveland, proteste car cela revient à une forme de protectionniste qui joue aussi contre les entreprises US qui commercent avec la Grande-Bretagne. Les Anglais y oppose une fin de non recevoir. Devant l’insistance des Américains, les Anglais soumettent leurs conditions pour que les Américains accèdent librement au marché anglais: cesser les échanges avec les Français. L’économie américaine a besoin des capitaux anglais, et le gouvernement américain est d’abord tenté de se soumettre aux conditions anglaises. Sentant le danger, Westinghouse lance une vive campagne de presse qui finit par faire reculer le gouvernement américain.
L’Empereur Nippon prie les fonctionnaires de contribuer au financement d’une flotte de guerre en renonçant à un dixième de leur ressources. Si les ressources financières dégagées ne sont pas négligeables, cet acte va engager des sacrifices financiers de toutes la population japonaises. Grace à cela, le Japon devient une puissance régionale en Asie et peut renégocier les accords avec les puissances européennes au début de l’ère Meiji. L'Empire Japonais devient une puissance avec laquelle il faut maintenant compter.
Conférence de Bangkok qui délimite les zones d’influences françaises et anglaises en Asie du Sud Est. L’Union Indochinoise est créée. Soutenus par les anglais, le Siam provoque un conflit avec l’Indochine Française. Auguste Pavie avait anticipé cette action, une petite flotte de combat oblige les Siamois à céder le Cambodge et une partie du Laos. Les anglais se tournent alors vers le Japon et commencent les soutenir financièrement et industriellement pour qu’ils constituent leur flotte. L’influence des Français, occupés en Indochine, baisse au profit de celle des anglais qui fournissent une assistance technique pour la flotte et des Allemands qui assistent l’armée Japonaise.
Les Russes et les Chinois observent d’un très mauvais œil la montée en puissance de l’Empire Nippon.
La mise au point de protocoles financiers et légaux internationaux donne un cadre légal et financier aux pays qui siègent au centre diplomatique international. Ces accords donnent au centre international de Paris une réelle légitimité. Des légations non européenne demandent à en faire partie. Pour participer aux échanges qui se mettent en place, plusieurs banques britanniques et allemandes créent des filiales en France. De plus, les ligues pacifistes anglaises et allemandes fustigent leur pays qui se mettent à l'écart de ce nouveau système d'accord. Les gouvernements anglais, puis allemands répliquent en créant leur propre centre diplomatique international. De manière ironique, seul le gouvernement français enverra des délégations dans les deux centres de Londres et de Berlin.
La non représentation de toutes les légations ne permet pas à ces derniers centre diplomatiques de fonctionner de manière correcte. De nombreux pays finissent par concentrer leur représentation sur le seul centre de Paris.