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Système Arcadie, Secteur spatial de l'Impérium

Le Bossu - chapitre 3

20 Octobre 2014 , Rédigé par Droopy Publié dans #Le Bossu - Nouvelle

chap 3 - Une arme à un coup

Sur la passerelle de l’Aurore c’est le soulagement. Ils s’en sortent bien. Après un bref moment de joie, le patron du pont est le premier à comprendre que la navette est condamnée, tout comme ses occupants.

« Commandant, le hangar à navette est détruit. On ne peut pas s’arrêter pour prendre Le Tellier et Lagardère à bord. Le vaisseau ork peut nous attaquer n’importe quand. Et d’autres vaisseaux orks sont signalés » Le capitaine de Vaisseau Féval réfléchit. Ils doivent fuir. Ils n’ont pas le temps pour transborder les deux pilotes de la navette. Ils doivent abandonner ceux qui viennent de les sauver. Une décision qui s’impose d’elle-même. Une décision qu’il n’a pas envie de prendre. Pourtant, il doit le faire, c’est même son devoir de cet ordre.

« Navigation, on prend le large. Transmission. Remettez-moi en contact avec la navette » Le ton est grave. Sur la passerelle, chacun prend conscience de ce que cela signifie. Avant que la communication soit rétablie, le poste des senseurs se met à hurler.

« Commandant ! Le vaisseau ork ! Celui qui a largué les modules ! Il accélère ! Il va nous attaquer »

Féval prend conscience qu’il n’a pas le temps de s’excuser auprès des deux hommes qu’il doit sacrifier. C’est presque soulagé qu’il laisse cela de côté. L’Aurore n’est pas encore sauvée.

« Arrête de m’appelez Pacha !!! Est-ce que je te nomme maître artilleur ? ... » Le Tellier est d’humeur joyeuse. Même si la navette ressemble maintenant à un gros tas de ferraille, ils ont sauvé leur vaisseau. Mieux, ils sont encore vivants. Les idées de Lagardère sont... excitantes et efficaces. Il a bien fait de laisser au bleu bite les commandes de la navette.

« T’es vraiment une sale tête de bois !!! Je te nomme à ton premier commandement, que tu détruis allégrement, d’ailleurs. Et malgré l’honneur que je te fais, tu râle comme un vieux ronchon !!! Franchement, je m’attendais à plus de gratitude de ta part. La prochaine fois, je te nommerai responsable du placard à balai. Espèce d’ingrat !!! » Le Tellier continue sur le même ton. Lagardère résigné, et surtout amusé, le laisse faire. Pour la première fois depuis bien longtemps, il se détend. Ses nerfs sont tellement tendus qu’il a mal partout. Pourtant, malgré la douleur, il est heureux. Il est vivant. Vivant et épuisé. Malgré cela, quelque part, dans un coin de sa conscience, un signal d’alerte retenti. Comme s’il y avait encore un danger. Sans interrompre son compagnon. Il lance un diagnostique de la navette. Les dégâts sont important, mais ils peuvent encore manœuvrer. Ils pourraient même survivre plusieurs heures dedans si nécessaire. Les senseurs montrent que les modules endommagés n’ont pas modifié leurs nouvelles trajectoires. Même s’ils ne sont pas tous détruits, ils sont tous hors de combat. L’Aurore continue sa fuite...

Lagardère prend conscience que la distance entre eux et leur vaisseau ne cesse d’augmenter. Leur propre vaisseau les abandonnent. Un autre icône apparait sur l’écran ; le vaisseau ork accèlere. Il a décidé d’attaque la corvette. Cette constation soulage considérablement Lagardère. Ce n’est pas le chat noir qu’ils fuient, c’est leur assaillant. Prenant conscience de la position de la navette par rapport au deux vaisseaux, Lagardère reprend les commandes.

« Que se passe t’il ? » Le ton est grave. Le Tellier n’a rien d’une mauviette. Il a déjà compris qu’il y a un problème. Un problème grave.

Hagork est stoppé dans une des coursives de son vaisseau. Il est furieux. En donnant l’ordre d’attaquer le vaisseau des hommes. Les boyz de la passerelle ont appuyé sur le gros bouton rouge. Le signal de baston. Fabriqué à partir d’un vaisseau des zoms. Le bouton rouge est relié aux haut-parleurs du vaisseau. Ce qui est pratique. Ce qui est plus contrariant, c’est que les cloisons blindées se ferment automatiquement à ce moment précis. C’est généralement pratique en cas d’impact, les dégâts sont alors limités. Mieux, cela amuse toujours Hagork comme un fou. Il adore lorsque l’un de ses boyz est coincé devant une cloison. Ils ont toujours l’air stupide sur la vidéo intérieure. Mais là, c’est franchement pas drôle !!! Il n’est pas un boyz. C’est lui ! Le big boss ! Alors pourquoi les cloisons ne se lèvent pas devant lui !!! Prenant note de demander à ses mékano d'y remédier plus tard, Hagork se met à injurier et à frapper la porte. Cela ne l’ouvre pas, mais ça soulage !

Sur la passerelle, le commandant de l’Aurore est inquiet. Une inquiétude que partage chaque membre du personnel présent. La menace de l’abordage est maintenant écartée. Mais l’Aurore reste dangereusement vulnérable. Les centrales énergétiques ne peuvent pas délivrer suffisamment d’énergie pour alimenter à la fois l’écran énergétique et les propulseurs. Même si l’armement est hors service. La détection des autres vaisseaux orks limite encore les options disponibles pour le commandant du vaisseau. L’Aurore pourrait encore tenter l’aventure contre le vaisseau ork sans écran et avec une propulsion limitée. Mais face à un groupe d’escorteur, ce n’est pas de l’héroïsme, c’est du suicide. L’Aurore doit fuir. Malheureusement, si la corvette est capable de se déplacer, ses capacités d’accélérations sont limitées par les dommages qu’elle a subi. Le vaisseau ork n’a pas ces contraintes. Il lui fonce dessus. Et il rattrapera le vaisseau de Féval avant qu’il ne puisse tenter de s’échapper du système. Si seulement il pouvait trouver le moyen de retarder le vaisseau adverse.

« Commandant ! un tir de torpille ork vers nous ! » L’annonce de l’officier tactique interrompt les réflexions du Lieutenant de Vaisseau Féval qui réplique immédiatement.

« Enclenchez les brouilleurs ! » L’officier tactique n’a pas attendu l’ordre de son commandant. Il a déjà choisit la réponse la plus adaptée. Sur chaque côté du vaisseau, un cylindre est éjecté dans un nuage de gaz. Après deux secondes. Un petit propulseur s’allume et permet au cylindre de s’éloigner du vaisseau sur une trajectoire presque perpendiculaire. Puis, le cylindre se met à émettre un fort signal électronique. Une copie presque conforme du signal induit par l’Aurore lorsqu’il a reçu les impulsions radar de l’ork. Mais une copie beaucoup plus puissante. Le récepteur fixé sur la tête de la torpille ork reçoit le signal de brouillage et se fixe sur lui. Le primitif calculateur considère que le vaisseau est tout simplement là où émet le cylindre de brouillage. La modification exagérée de la trajectoire n’est pas un facteur pris en compte par les programmateurs orks. Éjectant un nouveau jet de gaz, la torpille s’aligne sur un nouveau vecteur en direction du brouilleur. La puissance émise est telle que le calculateur en déduit que la cible est proche et accélère. En émettant un signal aussi puissant, le brouilleur a rapidement vidé ses batteries. Le signal cesse et le brouilleur s’autodétruit pour ne pas être examinés par les orks. La torpille ne recevant plus le signal du brouillage se réaligne alors sur celui de l’Aurore. Mais ces modifications de trajectoire ont épuisé ses réserves de propergol, elle ne peut plus acquérir suffisamment de vitesse pour intercepter l’Aurore. Elle se met à dériver de plus en plus en s’écartant sans cesse de sa cible.

« Commandant ! Torpille leurrée !!! » Un vivat retenti dans la passerelle. Seul le commandant reste stoïque. La première torpille était facile à leurrer. L’Aurore pourra même facilement en leurrer une seconde. Ses systèmes de guerre électronique sont largement supérieurs à ceux des orks. Mais lorsque le vaisseau ork arrivera à portée de kanon, ils ne pourront pas modifier la trajectoire des obus orks.

Lagardère vient de terminer sortir hors de la trajectoire d’interception du vaisseau ork. Le passage de la torpille a réellement effrayé les deux hommes. Sans système de leurrage, la navette ne peut pas leurrer la torpille. Et avec une propulsion endommagée, les capacités de manœuvre sont trop limitées pour espérer la feinter. Heureusement pour eux, la torpille est restée fixée sur l’Aurore et les a totalement ignoré. Un soulagement coupable. Mais le vaisseau ork s’approche de plus en plus. Espérant ne pas être repérer, Lagardère manœuvre le petit engin et le positionne derrière l’un des modules endommagés. Ce n’est pas la cachette idéale, mais il pourrait être pris pour un débris. Le Tellier regarde son ami.

« Et après Pacha ? » Lagardère le fixe également.

« Et après quoi ? »

« Une fois que l’Aurore sera parti, on fait quoi ? » Lagardère ne répond pas. La navette est normalement prévue pour pouvoir rentrer dans une atmosphère. Mais là, elle est trop endommagée pour tenter une telle aventure. De toute façon, ses réserves sont maintenant trop faibles pour qu’elle arrive à proximité avant qu’ils ne meurent par manque d’oxygène.

« Je ne sais pas. Je suis désolé. Je n’ai plus d’idée » Après un long silence, Le Tellier répond enfin.

« Bof! Qui voudrait vivre éternellement ? »

Féval à besoin de temps, juste quelques minutes pour que son vaisseau et son équipage puissent survivre. L’Aurore ne peut pas accélérer davantage. Elle n’est pas en état de combattre. Il lui faut une idée. Il n’a pas le temps de la trouver, son attention est attirée par l’officier tactique.

« Une seconde torpille est lancée par le vaisseau ork ! »

« Leurrez là ! Continuez sur notre trajectoire ! » Si seulement, il pouvait lancer une torpille lui aussi. Mais les deux tubes sont installés sur la proue. L’idéal serait de frapper la canonnière ork à la passerelle pour obtenir une frappe significative. Il faudrait qu’elle soit guidée jusqu’au bout. Ce dernier point ne serait pas un problème : les cellules radars installés sur les flancs peuvent orienter électroniquement leur signal dans n’importe quelle direction. Il lui faut juste un objet, un simple débris capable de se propulser ferait l’affaire...

« Leurre 2 lancé commandant !!! »

Lagardère a orienté leurs senseurs optiques vers le vaisseau ork. Tout senseur actif serait repéré par ce dernier. C’est un petit vaisseau de combat. Mais par rapport à la navette, il semble gigantesque. Fasciné, les deux hommes n’arrivent pas à détacher leur regard de l’engin. C’est pourquoi ils ne remarquent pas immédiatement que l’Aurore cherche à les contacter. C’est Le Tellier qui réagit le premier.

« Commandant ? » Que leur veut l’Aurore ? Ils ont réussit à écarter les modules d’assaut. Ils n’espèrent quand même pas qu’ils abattent la canonnière avec un petit canon laser. De toute façon, ce dernier n’est même pas rechargé et ils ont à peine de quoi manœuvrer.

« Second maître Le Tellier. Second maître Lagardère. J’ai besoin de vous. L’Aurore a besoin que vous stoppiez le vaisseau ork qui nous poursuit » Le Tellier éclate de rire.

« Avec quoi commandant ? Vous ne voulez pas que l’on s’écrase dessus comme on l’a fait avec les modules ? » Un silence lui répond. Féval est silencieux. Il est conscient de ce qu’il demande à ces deux hommes. Lagardère se tait lui aussi. Il contrôle ses moniteurs puis il prend la parole.

« Nous n’avons de carburant que pour une approche limitée. La vitesse acquise ne sera pas suffisante pour obtenir des dommages significatifs. Et il est impossible de percer les écrans énergétiques de protection... » Le Tellier interrompt son camarade.

« Mais t’est taré ? C’est du suicide ! » Féval n’interrompt pas Le Tellier, c’est Lagardère qui le fait.

« Crever pour crever ! Et puis, c’est notre bateau que l’on va sauver... » Le Tellier le considère, puis répond.

« T’est taré c’est officiel ! Et puis qui voudrait vivre éternellement ? C’est ça ? »

« Oui »

« Ben moi !!! Tu fais vraiment un parfait imbécile d’officier Pacha !!! » Lagardère tique, tout comme Féval. Le Tellier considère vraiment Lagardère comme son officier ? Mais Lagardère interrompt son ami.

« Commandant, quel est votre plan ? »

«Ici tactique ! Radar orienté sur l’ork. Signal optimum commandant ! »

« Ici Navigation ! Télémétrie couplée à notre calculateur. Route calculée et transmise à la navette. Attendons les données radar transmettre les corrections finales »

« Ici Navette, le Pacha est prêt pour votre plan foireux commandant ! » Féval a un sourire nerveux. Le ton de Le Tellier est incorrect. Mais Féval en veut d’autant moins à ces hommes, qu’il se reproche déjà de les avoir condamnés précédemment. Il faut attendre. C’est long. C’est dur surtout. Quelques toux trahissent la tension dans la passerelle de l’Aurore.

« Ici tactique ! Ouverture du tube lance torpille adverse détectée, mise sous tension dé... »

« Navette ! Maintenant ! » Hurle le Lieutenant de vaisseau Paul Féval !

Les propulseurs de la navette émettent un jet de gaz intense. Ils ont un tout petit créneau pour passer à travers l’écran de protection du vaisseau ork. Lagardère se concentre sur la route calculée par les navigateurs de L’Aurore. Le Tellier, tout en continuant à jurer, confirme par les senseurs de la navette les données fournies par la corvette. Petit à petit, la navette accélère. Elle fonce vers un point situé devant le vaisseau ork. Elle n’est pas la seule à viser ce point. La torpille larguée par la canonnière y fonce également. Pour que cette torpille passe au travers de l’écran de protection, il faut qu’il soit annulé à lieu et au moment du passage. C’est dans cette zone minuscule et durant un temps très bref que les deux engins doivent se croiser si la navette de l’Aurore veut passer au travers du champ de force ork. Se croiser sans percuter la torpille. Le seul avantage qu’ont l’Aurore et la navette; ce sont les performances des senseurs et des systèmes de calcul de la corvette. Toutes les données déjà collectées, ont permit de calculer une route précise. Cette route précise est adaptée en fonctions des dernières données collectées par les senseurs de la navette et du vaisseau. Heureusement, il y a peu de correction à faire. La route calculée est précise. Précise, mais presque impossible à suivre. Lagardère se sait. Il se tait. Il est blanc. Ses doigts sont raides. Il n’a même plus peur. Il est trop concentré pour cela. Le Tellier continue de jurer, tout en transmettant les données qu’il collecte de son côté.

« Ecran à 10 km, 6, 4, on est dans la... » Le Tellier n’a pas le temps de finir. L’écran adverse vient de tomber. L’un des propulseurs de proue de la navette se met en fonction, modifiant la trajectoire suivie. La vibration est intense, mais la navette rectifie sa trajectoire et croise à ce moment la torpille. L’impact est à peine évité. Ils sont passés. Ce qui fait encore râler Le Tellier.

« Ecran ork activé. Tu pilote comme un pied ! On a failli se payer cette maudite torpille. Pas d’onde radar à forte fréquence. Ils ne nous visent pas ! On a perdu la télémétrie de l’Aurore, mais on reçoit les retours de leur radar. Je suis calé dessus et je te guide Pacha ! »

« Merci ! On est limite niveau carburant. Tu as une route sur la passerelle ? »

« Affirmatif Pacha !!! Décale de 6° en haut pendant 5 secondes puis 3° degré à droite pendant 7 secondes. Franchement, lorsque j’ai voulu être artilleur - C’est bon là ! T’est pile sur la route ! - Ce n’était pas pour guider de l’intérieur d’un obus !!! »

« Désolé mon vieux » Répond Lagardère toujours concentré sur ces commandes. Le Tellier reprend.

« T’est pile dessus ! Fonce et on ... »

« On a perdu le signal radio commandant !!! » Sur la passerelle de l’Aurore la tension est à son comble. Leur survie dépend du sacrifice de la navette, mais aussi d’une bonne dose de chance. Ils ont en manqué jusqu’à présent.

« Ici navigation, la navette à du les percuter commandant... » L’attente. L’éternelle compagne des soldats et des marins à chaque combat. C’est un silence de mort qui s’abat sur la passerelle de l’Aurore. Tout le monde attend. Le premier à craquer est l’officier énergie propulsion Maures.

« C’est le chat noir ! On va tous crever par sa faute ! C’est à cause de lui ! » Le Lieutenant de Vaisseau Féval est surpris. Il ne s’attendait pas à cela. Mais avant de pouvoir le faire taire, le poste tactique prend la parole.

« Commandant, la cannière ork modifie sa trajectoire !!! La canonnière ork modifie sa trajectoire !!! On est sauvé !!! » Au bout de quelques minutes, la trajectoire de la canonnière diverge totalement de celle de la corvette. Quelque soit les dommages causés par le sacrifice de la navette, le vaisseau ork a perdu le moyen de les poursuivre. L’Aurore est sauvée. La liesse se répand à travers le navire blessé. Seul l’électricien pousseur n’y participe pas. Il continue à marmonner.

« C’est Lagardère ! Quand le chat noir est mort, on était sauvé !!! J’ai toujours dit qu’il fallait s’en débarrasser !!! Il n’aurait jamais du monter à bord !!! » Petit à petit, le silence se fait. Les paroles de l’officier se font plus audible. Le silence s’impose alors dans la passerelle jusqu’à ce que le patron du pont réponde pour le faire taire.

« Je me demande si c’est réellement Lagardère qui était le chat noir. Pour réussir un coup pareil, il fallait être un bon pilote, c’est clair. Mais il fallait surtout un sacré coup bol... » D’un seul coup, les membres de la passerelle s’écartent de l’officier. Comme s’il pouvait transmettre une maladie mortelle...

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