Gaslands, un univers uchronique pas si délirant qu’il n’y paraît (1)

Gaslands est un jeu. Il n’a jamais eu d’autre ambition que de laisser de grands enfants (dont je fais partie) jouer avec des petites voitures. Toutefois, pour justifier l’univers décaler, quelques lignes explique pourquoi et comment l’univers de Gaslands s’est mis en place. A première vue, le prétexte choisit est, au mieux, ridicule… et pourtant en y réfléchissant on peut trouver quelques justifications à un univers aussi décalé.

Le point de divergence entre notre histoire (officielle) et celle de Gaslands est la poursuite de la conquête spatiale après le programme Apollo. Après la conquête de la Lune par les USA dans les années 70, les USA jettent l’éponge. L’exploration spatiale, bien qu’extrêmement populaire dans le monde coûte horriblement cher. Dans le même temps, les USA doivent financer la guerre du Vietnam et assumer la charge financière OTAN dans le cadre de la guerre froide. C’est trop lourd à assumer.

L’union soviétique soutien l’armée nord vietnamienne et se dote d’une armée impressionnante, mais son programme spatial a déjà été réduit depuis Apollo 9 en 1969. Son économie s’en porte considérablement mieux, mais l’URSS cesse de stimuler les USA. La conquête spatiale est alors stoppée sur place. Les blocs Est (URSS) et Ouest (USA) se contentant d’exploiter l’espace orbital de la Terre.

Est ce que l’exploration spatiale aurait pu continuer ? Techniquement, oui. Les brochures de la NASA des années 60 définissent Mars comme la prochaine étape de la conquête de la conquête spatiale. Elle doit devenir une colonie dès les années 2000. Même en tenant compte des réalités et des contraintes techniques, la seule limitation est financière. Or si les USA ont financés leur programme spatial, c’est uniquement pour contrer l’URSS pour des motifs de propagande.

Dans les années 50, l’URSS lance son programme spatial avec « Spoutnik ». L’investissement est très limité. Les lanceurs spatiaux servent à tester les lanceurs balistiques nucléaires qui existent déjà. Ce programme est une réussite qui donne une extraordinaire visibilité à l’URSS pour un investissement très limité. En face, les USA et le reste du monde n’a … rien ! Les bombardiers sont les seuls vecteurs de la bombe nucléaires. Ils sont énormes, ils sont nombreux… et malgré une efficacité militaire réelle, ils sont obsolètes et aux yeux des foules ils représentent le passé et l’horreur de la guerre. Dépassé technologiquement et surtout idéologiquement, les USA investissent dans la miniaturisation électronique et les matériaux. Ils savent que les fusées qu’ils peuvent construire seront moins efficaces que celles des russes. Il faut donc gagner du poids pour tenir compte de la puissance limitée de leurs moteurs fusées ; c’est l’objectif de la miniaturisation. Le travail sur les matériaux va permettre de gagner de la puissance. Plus les matériaux résistent à des températures élevées, plus ils peuvent fournir de la puissance instantanée, mais aussi dans la durée. Cela représente de formidables investissements, mais les retombées militaires potentielles sont réelles. Le pentagone aide directement et indirectement la Nasa.

L’URSS va accentuer son avantage en profitant directement de la puissance de ses lanceurs en mettant en orbite non plus des satellites, mais des humains. Tout d’abord des animaux (Laika), puis Gagarine. Alors que les USA commençaient à rattraper leurs retards, ils sont à nouveau ridiculisés. JFK fait son fameux discours sur la course à la Lune. Mais maintenant il faut assumer cette conquête spatiale. Les USA vont centraliser leurs efforts sous la direction de la NASA. Les méthodes sont presque … communistes, mais elles vont s’avérer efficaces. En 1969, le premier homme sur la lune est américain.

Au contraire, l’URSS se repose sur son avance et lance deux programmes différents… qui seront autant d’échecs.

Ceci dit à plusieurs reprises, les USA ont frôlé la catastrophe. Avec du recul, il est certain que les USA ont eu de la chance. Au contraire, l’URSS va avoir une malchance certaine qui va plomber des programmes qui sont pourtant autant correctement menés de bout en bout.

Avec un alunissage russe, les USA auraient été obligés de poursuivre leur programme spatial. L’URSS également. Cette obligation est purement politique. Il s’agit de leadership. Toutefois, au vu des sommes déjà engagés, le rythme serait sans doute moins rapide. La capacité des deux blocs à financer le programme spatial est un fait historique. Le financement des arsenaux nucléaires des deux blocs se compte en milliers de milliards de dollars. Or dans les deux camps, l’utilité de financer des arsenaux pouvant détruire plusieurs dizaines de fois le monde apparaît comme … improductive, voire tout simplement stupide. Un simple transfert comptable du financement des arsenaux nucléaires russes et US vers l’exploration spatiale est possible sans remettre en cause leurs capacités militaires réelles.