Camouflage, furtivité, invisibilité : De l’imaginaire à la réalité opérationnelle.

Il y a quelques mois, Le président Trump annonçait que les avions furtifs US étaient invisibles… Ce qui révèle une profonde méconnaissance de la science et des réalités technologiques et militaires. Toutefois, ce fantasme de l’invisibilité est aussi ancien que l’imaginaire humain. De Wells aux recherches les plus récentes, l’invisibilité reste un fantasme… mais dont on approche sans cesse sans jamais y arriver.

Si l’invisibilité, sauf peut être les sous-marins pour la guerre navale, est impossible. Les militaires n’ont jamais cessé de tenter d’y parvenir. Le camouflage est aucun sans doute le moyen de devenir « invisible » le plus réussi. Art opérationnel majeur, il permet au sniper de « contrôler » tout en restant indécelable. Souvent considéré comme une ruse, le camouflage se joue au niveau individuel, tactique et même stratégique. Il se fait en se fondant dans l’environnement physique, mais aussi électronique depuis la seconde guerre mondiale. Ainsi, la flotte japonaise a pu s’approcher de Pearl Harbor en décembre 1941, en choisissant soigneusement sa route et en évitant tout message radio pour ne pas être repéré. Ce silence radio, remplacé par des messages optiques par le biais de drapeau « à l’ancienne » est aussi une sorte de camouflage « électronique ». Car si l’électronique, et les communications apportent de nombreux avantages, elles donnent aussi de précieux indices à l’ennemi. Aussi, l’invisibilité, et le camouflage touche le monde physique, mais aussi celui des communications radio et des réseaux numériques.

Devenir invisible, pour tromper l’ennemi est un besoin militaire important. Mais à contrario, rendre visible ... ce qui n’existe pas est une ruse de guerre … qui peut détourner l’attention des forces ennemi et permettre d’attaquer les points faibles adverses. L’opération Fortitude, en créant une force militaire fictive positionnéeen Angleterre pour débarquer dans le nord de la France, est une des raisons majeure du succès du D-Day de 1944.

L’invisibilité, ou à défaut le camouflage et la furtivité est donc particulièrement recherché par les militaires. Pour l’anecdote, dans les années 1980, les créateurs de W40K expliquaient que les space marines repeignaient leurs armures avant de combattre pour se camoufler. Cela a été abandonné pour des raisons pratiques : Jouer des figurines de la même couleur… était pénible et peu visuel. Une raison a été trouvé, l’utilisation de nouveaux senseurs rendant inutiles le camouflage. Ce qui a failli être le cas pour de nombreuses armées. L’utilisation de l’infrarouge basant la détection sur la chaleur dégagée rendait inutile le camouflage optique … jusqu’à ce que des camouflages infrarouges (basé sur l’isolation thermique principalement) rendent beaucoup moins performant les senseurs infrarouges et redonnent une utilité certaine aux senseurs optiques… qui ont été bien améliorés. A l’heure actuelle, les camouflages sont « multi-spectral », c’est à dire qu’ils cherchent à se confondre avec l’environnement quelque soit les senseurs adverses utilisés. Cela va du char au simple fantassin !

Toutefois, de nouvelles technologies vont radicalement modifier l’art du camouflage. Ainsi, les matériaux chromogéniques sont composés de cristaux liquides. Ces derniers sont modifiés par un faible courant. Avec ce contrôle, on peut se fondre dans un environnement même si ce dernier se modifie. Cette technologie fonctionne pour l’optique « classique » et également pour l’infrarouge.

Les matériaux thermochromiques, sont surtout destinés au camouflage infrarouge. C’est la température ambiante qui influe sur l’état de ce matériau. Passif, donc sans contrôle, il fonctionne sans aucun contrôle mais un camouflage plus classique doit y être joint.

La dernière technologie est la plus ambitieuse : les méta-matériaux, capable de « courber la lumière ». Là, il s’agit de détourner la lumière. L’image qui doit est derrière vous, est détournée pour que celui qui cherche à vous détourner ne voit plus. Ce qui est d’autant plus compliqué que cela doit se faire sous tous les angles possibles. Maintenant est ce seulement possible ? Il semble qu’en théorie, oui… mais pour être honnête, je n’ai rien compris ! Contrairement aux équipements Klingon de Star Trek qui utilisaient des champs magnétiques pour obtenir ce résultat (et qui en théorie deviennent aveugle, ce qui est « oublié »), là c’est le matériau qui capte la lumière pour la redistribuer de « l’autre côté ». Si l’invisibilité totale est imaginable pour un objet à la géométrie « fixe » comme un solide non déformable, cela semble plus compliqué pour un fantassin...

Les fans de « Ghost in the shell » connaissent cette technologie ! Ce qui est d’autant plus incroyable que cet univers a été imaginé dans les années 1990 par Masamune Shirow  ! Tout comme d’autres technologies actuellement émergentes « prothèse, robots autonomes ... »…