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Système Arcadie, Secteur spatial de l'Impérium

Les « Fake news » steam punk de Léo Taxil

30 Janvier 2023 , Rédigé par Droopy Publié dans #steam punk


 

Donald Trump n’a pas inventé les « Fake News ». Depuis toujours, les humains mentent et répandent des rumeurs. En plein ère « steam spunk », les rumeurs se répandent d’autant plus vite avec la révolution industrielle. Les livres, alors imprimés en grande série, et surtout les journaux vont servir de relai et les rumeurs vont se propager à des échelles nationales et même parfois internationales. Certains, plus opportunistes, vont en faire leur fond de commerce et vont se spécialiser dans ces rumeurs. L’un d’eux est un français. Connu sous le nom de Léo Taxil, il va se lancer dans les le brûlot antimaçonnique dès 1885. Révélant des complots qui n’existent pas, il va créer un monstre qui finira par le dépasser


 

Gabriel Jogand-Pagès nait à Marseille en 1854. Il devient journaliste, républicain d’abord, puis libre penseur. Comme tel, il fonde un journal, «  La République anticléricale » … et une librairie anticléricale pour répandre ses idées. Ses textes sont agressifs et attaquent frontalement l’église. Si il est d’abord excommunié, ce qui ne le calme absolument pas. Bien au contraire… il finit par être poursuivi outrage à la morale publique en 1879.

Ses textes anti-catholique le font connaître des franc-maçons. Il devient initié, puis rapidement apprenti. Pour gravir les échelons hiérarchiques des francs maçon, il va mentir… et se faire prendre. Les fausses lettres de soutiens de personnalités qu’il présente provoque son exclusion des francs-maçons. Humilier et en colère. Il va se retourner dans le giron de l’Église pour mieux combattre ses anciens frères.

Ne reculant devant rien, il demande et reçoit l’absolution du pape Léon XIII. A l’époque ,L’église est veut la destruction de la franc-maçonnerie. Pour elle, c’est la cause de la révolution française et de l’anti-cléricalisme. Cet analyse, trop rapide, est logique. Les Carbonari italiens qui luttent pour l’unité de l’Italie (et donc contre les états du Pape ) sont liés avec les franc-maçons. De nombreux dirigeants républicains sont également des dignitaires de la franc-maçonnerie.

Gabriel Jogand-Pagès passe alors à l’offensive. La mode étant au satanisme, il invente une conspiration mondiale franc maçonnique dans «  Le Diable au XIXe siècle ». Puis il y ajoute un soupçon de sexe dans «  L’Existence des loges de femmes ». Il prend à ce moment le nom de plume de Taxil. Le succès étant là, il va créer un personnage de fiction, le docteur Bataille, qui infiltre les milieux occultiste pour mieux les dénoncer. Ses aventures sont publiées sous la forme d’un feuilleton qui va durer deux ans. Et devenir aussi un grand succès d’édition avec des publications aux USA et dans de nombreux pays européens.

Un autre personnage à succès est inventé, Diana Vaughan. Une ancienne dignitaire franc maçonnique qui raconte ses orgies sur le mode de la repentance… Mais en 1896, on commence à s’interroger sur l’existence des personnages inventés par Taxil. Même l’église commence à se méfier des excès de ce dernier. Une commission se réunit à Rome en 1897. Taxil montre une photo de Diana Vaughan. En vain. Faute de preuve plus convaincantes, on commence à soupçonner une supercherie. Taxil finit par avouer la supercherie… et doit demander la protection de la police.

La supercherie de Taxil a duré douze ans… et si elle fait rire maintenant, elle va malheureusement inspirer un certain Matthieu Golovinski, un agent de la police secrète tsariste (l’Okhrana). Ce dernier va s’inspirer des textes de Taxil pour produire le tristement célèbre «  Les Protocoles des Sages de Sion ». Ce faux complot mondial franc maçon et juif va devenir un pilier de la propagande antisémitique et servir de justification aux exactions des nazis...

Taxil, devenu la risée de tous, va encore publier quelques romans. En vain. Il finit sa carrière comme simple correcteur dans une imprimerie, totalement oublié du monde. Ou presque ... Umberto Eco en fera un personnage de fiction qui rencontrera la fameuse Diana Vaughan dans le roman«  Le Cimetière de Prague ».


 

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