Les mules robotisées au combat

Il y a quelque temps, j’expliquais pourquoi les « mules robotisées » imposaient de lourdes contraintes aux forces armées qui pourraient l’utiliser. Ces contraintes s’imposent toujours et expliquent la réticence des états-majors à investir sur ces équipements.

Leur coût à l’achat reste important surtout dans une période « post Covid » où les états vont se servir des budgets militaires pour ajuster leur finances. La remise en état des systèmes de santée (mais aussi du médical militaire) vont devenir des enjeux politiques, financiers mais aussi industriels de première importance.

Outre ce coût (achat, entretien, formation du personnel …). Il reste la question de la logistique. Ces plateformes robotisées doivent être envoyées là où elles sont utiles. Pour cela, il faut des avions, des navires et des camions. Des moyens qui sont actuellement déjà sous-dimensionnés dans les armées occidentales. Des mules robotisées impliquent des moyens que les armées n’ont plus depuis la fin de la guerre froide.

Il y a bien d’autres raisons, mais les mules robotisées ont aussi de nombreux avantages. Tout d’abord, elles sont utiles. Avec l’équipement actuel (armes, munitions, équipement, eau et vivres) un fantassin doit porter plus de 30 kg en permanence. On arrive à une limite que l’on ne peut pas dépasser. Seul l’utilisation d’exosquelette permettrait de compenser tout cela. Mais si ces derniers sont des objets déjà utilisé dans l’industrie, ils sont inutilisables tels quel par les militaires. Leur plus important point faible est leur autonomie trop limité.

Les mules peuvent permettre de soulager l’effort des soldats sur le terrain et leur permettre de se concentrer sur leurs seules missions opérationnelles. En 2019, l’Estonie a déployée un robot terrestre en Afrique en soutien au dispositif Barkhane. Ce déploiement permet de tester le robot « Themis » en situation opérationnel et de se faire une idée réelle des contraintes, mais aussi des avantages de telles plateformes.

Tout d’abord, si l’Estonie fait une telle opération, c’est parce que le constructeur du robot est « Milrem robotics » est société estonienne. Mais, il faut admettre qu’actuellement le robot Themis est la « mule » militaire la plus aboutie disponible actuellement. Milrem fonde donc de grands espoirs sur ce produit, surtout à l’export. Ce robot dispose d’une propulsion hybride et peut emporter 1,2 tonnes de charge utile. Ce robot peut fonctionner 10 heures sans s’arrêter. Particulièrement réussie, la plateforme a supporté avec succès les conditions particulièrement dures de ces régions de l’Afrique. Mais il a été aussi utilisé au combat. En juillet 2019, un attentat à la voiture piégé est tenté. Le robot supporte l’impact de l’explosion sans trop de casse.

Sur le terrain, les interactions avec la population civile se passe sans soucis et permet d’envisager son utilisation lors de patrouilles. Là, le robot apporte une certaines plus value. Ses capteurs offrent un potentiel supplémentaire apprécié par les militaires sur le terrain. Enfin, la mule peut être utilisé en complément d’engin blindé. Offrant une capacité logistique accrue sans compromettre la sécurité des militaires déployés.

Ce Retex montre que si les contraintes déjà énoncées restent pertinentes, les robots logistiques offrent un réel potentiel qui doit être exploité. Mon analyse précédente était donc erronée.

La France, via la DGA projette de tester de manière opérationnelle de tels engins. Toutefois, les tests du Thémis sont déjà l’objet de nombreuses débats au sein de l’armée de Terre de notre pays. D’après « Challenge » la mule testée serait la Probot de Roboteam. Un choix surprenant, car l’industrie française dispose déjà de plateformes disponibles et que Roboteam est une entreprise israélienne. Toutefois, ce choix n’a pas été encore confirmé officiellement