Frankeinstein : Bien plus qu’un roman gothique Steam Punk, c’est surtout de macabres expériences ...

Relever un mort et lui redonner la vie. Plus que le Golem de Varsovie, où on donne vie à un être artificiel, on défie et on rejette la mort. Ce fantasme de certains, devient réel en 1818. Du moins, il prend corps lors de la parution du roman de Mary Shelley : Frankeinstein or the modern Prometheus. Dans ce roman qui paraît à Londres chez l’éditeur Lackington, Hughes, Harding, Mavor & Jones, à Londres, elle met en scène le docteur Frankeinstein en plein travail de recherche. Ce dernier recoud plusieurs cadavres pour en faire un corps viable auquel il redonne vie grâce à une machine électrique. Le succès est considérable.

Ce que l’on ignore, c’est que ce roman est basé sur des faits réels. On a réellement tenter de ranimer des cadavres grâce au pouvoir de l’électricité. Ce nouvel axe de recherche est basé sur ce que l’on appelait à l’époque le Galvanisme. Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut revenir en 1802.

A cette époque un professeur de l’Université de Bologne, Jean Aldini, fait des recherches sur les effets de l’électricité sur les êtres vivants. Il nomme ses recherches Galvanismo, le Galvanisme. Son travail est remarqué et fait l’objet de recherches et de publications en Italie et en France.

L’idée est simple. Si l’électricité peut stimuler le mouvement de muscles. C’est que le mouvement, par là entendre la vie, est liée à la présence d’électricité dans le corps. Voire, si on injecte suffisamment d’électricité, de redonner la vie à un mort.

Aldini récupère les cadavres de deux condamnés à mort ayant été décapités. La tête et le corps font l’objet d’expériences qui sont relatés dans plusieurs ouvrages. Ainsi, soumis à un courant puissant (pour l’époque), les têtes des cobayes semblent réagir. De même les corps sont animés de mouvements désordonnés. On sait maintenant que les nerfs des corps sont tout simplement activés par le courant électrique. Mais ces mouvements aléatoires semblent démontrer le bien fondé du Galvanisme. Glauque à souhait, les expériences d’Aldini deviennent célèbres… Dans de nombreux endroits on se munit de cadavres (récents) et on les met en contact avec un ou plusieurs piles… si les cadavres bougent, grimacent même, on ne réussira jamais à redonner la vie à ces cobayes.

Comment on est on arrivé là ? En 1780, Galvani enseigne la médecine à Bologne (Italie). Il s’intéresse aussi à l’électricité. A cette époque, on produit de l’électricité statique avec laquelle on attire de petits objets et on arrive aussi à produire de petits éclairs. Très vite on soumet de petits animaux à un courant électrique. Le résultat est surprenant ; les animaux bougent … et meurent. Le lien entre courant électrique et la vie apparaît à ce moment.

Galvanie dissèque alors des grenouilles. Il découpe des cuisses et soudain constate que lorsqu’une machine électrique fonctionne dans le laboratoire, la jambe de la grenouille, alors qu’elle vient d’être découpé est soudainement active ! Galvani vient de découvrir que les nerfs de grenouilles peuvent être excités par l’électricité. Intéressant, mais sans plus. Mais en septembre 1786, il suspend une patte de grenouille à un crochet en cuivre… et à un objet en fer. La patte de la grenouille devient alors très active. La conclusion de Galvani est logique compte tenu des connaissances de l’époque : la patte de grenouille est capable de produire l’énergie électrique qui permet la contraction des muscles. On appelle cela l’électricité animale. Le lien entre électricité et vie est fait à ce moment.

La découverte est publiée en 1791 dans la Typographia Instituti Scientiarum de Bologne. Galvani s’est trompé. La patte se contracte sous l’action de l’électricité et c’est l’assemblage du cuivre et du fer qui produit suffisamment d’électricité pour exciter les nerfs. C’est du moins l’avis d’un autre italien Alexandre Volta. Intéressé par les travaux de Galvini, il reproduit l’assemblage de métaux et conçoit un pile électrique primitive. Toutefois, la théorie de Galvini et les expériences qu’elle entraîne sont trop populaires pour que l’on accorde beaucoup d’attention à Volta. Ce dernier devra réaliser une pile avec un empilement disques en cuivre puis en fer (et ainsi de suite ) en 1800 pour prouver qu’il a raison en 1800.

Sauf que les expériences sur le Galvinisme continuent allégrement, les cadavres d’animaux et de condamnés sont soumis régulièrement à des courants électriques de plus en plus forts. Si les expériences sont du plus parfait mauvais goût … et donc très populaires. Elles continueront longtemps.

De manière très ironique, l’électricité est actuellement régulièrement utilisée pour la stimulation cardiaque (défibrillateur ). Ainsi Aldini avait plus d’un siècle d’avance, car des personnes cliniquement mortes (arrêt du coeur constaté) peuvent être ramenée à la vie

Volta devient célèbre en publiant l’article On the electricity excited by the mere contact of conducting substances of different kinds dans les Philosophical Transactions of the Royal Society de Londres. Les erreurs de Galvani ont permis découvrir l’électricité … et la publication d’un roman mondialement célèbre Frankeinstein.

Actuellement, on nomme Galvanisme, l’électricité d’origine métallique. Une manière d’oublier les sombres expériences qu’il a bien malgré lui inspirées mais aussi de reconnaître l’importance de son travail dans la découverte de l’électricité.